8 octobre 2025
New York Times : Pas d’options faciles pour Haïti. Trump a soutenu Jovenel Moise parce que celui-ci a appuyé la campagne de renversement de Maduro
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New York Times : Pas d’options faciles pour Haïti. Trump a soutenu Jovenel Moise parce que celui-ci a appuyé la campagne de renversement de Maduro

New York Times :…les États-Unis sont confrontés à une situation encore plus compliquée : pas de leader, pas de législation, un système judiciaire en déroute, une police et une armée décrépies et découragées, et des gangs qui parcourent les rues.

Pas d’options faciles pour Haïti
Par Amy Wilentz

New York Times : « …en février, l’administration Biden a accepté l’argument peu solide de Moïse selon lequel il lui restait encore une année au pouvoir… »

New York, mardi 13 juillet 2021 ((rezonodwes.com))–

Pendant des années, les États-Unis ont adopté une tolérance prudente à l’égard d’Haïti, faisant fi de l’horreur des enlèvements, des meurtres et de la guerre des gangs. En général, la stratégie la plus appropriée semble être de soutenir le gouvernement en place, quel qu’il soit, et de fournir des quantités infinies d’aide étrangère.

Donald Trump a soutenu le président Jovenel Moïse principalement parce que ce dernier a contribué à une campagne visant à renverser le président Nicolás Maduro au Venezuela. Et en février, l’administration Biden a accepté l’argument peu solide de Moïse selon lequel il lui restait encore une année de service, malgré les appels de l’opposition à son départ et les grandes manifestations de rue. Moïse, bien qu’initialement élu pour un mandat de cinq ans se terminant en 2021, n’a pris ses fonctions qu’en 2017, d’où son droit à une année supplémentaire de présidence.

Il semblait y avoir un accord tacite pendant le règne de M. Moïse : Haïti est turbulent et difficile, une bombe prête à exploser dans les mains de quiconque tente de la désamorcer. Après tout, pourquoi M. Biden devrait-il se charger de la tâche ingrate de « réparer » Haïti alors qu’il y avait déjà un président élu en exercice qui pouvait supporter le poids des critiques sur la détérioration de la situation politique dans le pays ?

Mais l’assassinat de M. Moïse la semaine dernière va maintenant obliger une administration réticente à se concentrer plus attentivement sur les prochaines mesures qu’elle souhaite prendre concernant Haïti. Il n’y a pas de choix facile.

Cet assassinat a brisé les espoirs de l’administration Biden (aussi improbables soient-ils) d’un transfert pacifique du pouvoir avec des élections dirigées par M. Moïse. Mais cela ne signifie pas que l’avenir d’Haïti dépende entièrement des États-Unis, ni qu’il le devrait. Lorsque les États-Unis se sont impliqués, la situation des Haïtiens s’est aggravée.

L’Organisation des États américains et les Nations unies y ont déployé une force de maintien de la paix de 2004 à 2017. Pourtant, Haïti s’est retrouvé aussi pauvre et instable que jamais, si ce n’est plus. Et le pays ne s’est jamais vraiment remis d’un tremblement de terre dévastateur en 2010.

Les cartels de la drogue et leurs connexions haïtiennes ont également joué un rôle néfaste. Selon les observateurs, une grande partie de la violence de ces dernières années est due à des guerres de territoire entre des gangs de rue opérant dans un environnement largement anarchique.

Le président Biden a qualifié le meurtre de M. Moïse de « très troublant ». Mais Hati était très troublant même avant l’assassinat. Aujourd’hui, les États-Unis sont confrontés à une situation encore plus compliquée : pas de leader, pas de législation, un système judiciaire en déroute, une police et une armée décrépies et découragées, et des gangs qui parcourent les rues. On ne sait pas ce qui va émerger du vide au sommet du pouvoir, peut-être un nouvel homme fort ou, moins probable, un gouvernement intérimaire.

Malgré cette précarité, les États-Unis ont tout de même appelé à des élections avant la fin de l’année. Mais il est difficile d’imaginer comment des élections peuvent se dérouler dans une atmosphère de sécurité et de liberté, conduisant à un président et une législature véritablement élus démocratiquement. En l’état actuel des choses, deux hommes revendiquent le rôle de premier ministre, ce qui accentue le sentiment d’instabilité.

Les problèmes d’Haïti ne peuvent être résolus par une intervention américaine. Les États-Unis n’ont plus le standing, l’estomac ou même le désir d’imposer leur vision à Haïti. La meilleure option pour les États-Unis à ce stade est d’attendre, de regarder et d’écouter non seulement les suspects habituels, mais aussi une large et nouvelle génération de démocrates haïtiens qui peuvent commencer à avancer de manière responsable vers une politique haïtienne plus viable.

Haïti a encore besoin de la coopération de ses amis internationaux. La plupart des Haïtiens veulent reconstruire leurs institutions et retrouver une vie normale : réouverture des écoles, des cliniques et des entreprises, plan de gestion de la crise du Covid-19, marchés opérationnels et rues sûres, sans la menace des gangs armés. C’est la meilleure des issues possibles pour Haïti, mais elle est malheureusement peu probable, du moins dans un avenir proche.

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