2 juillet 2024
Frappé de cécité, Jovenel Moise, tête baissée dans sa folie référendaire, fait table rase des conséquences
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Frappé de cécité, Jovenel Moise, tête baissée dans sa folie référendaire, fait table rase des conséquences

D’un bout à l’autre du territoire national, le mot d’ordre anti-référendum s’exprime par ces mots : Arrêtons cette folie « par tous les moyens ».

Editorial de Haiti-Observateur
édition du 2 au 8 juin 2021

Avec son programme de référendum illégal et anticonstitutionnel, Jovenel Moise a rendez-vous, lui et ses ministres, avec la justice.

Edito de Haiti-Observateur

New York, dimanche 6 juin 2021 ((rezonodwes.com))–

Selon toute vraisemblance, Jovenel Moïse est frappé de folie ou de cécité, sinon d’insouciance chronique, l’incitant à plonger tête baissée dans sa folie référendaire. Faisant table rase des conséquences de telles démarches, ajoutées à ses nombreuses dérives criminelles et financières, le menaçant tout aussi bien, une fois débouté de ses prétentions de rester indéfiniment au pouvoir. Tel est le message exprimé discrètement dans les différentes prises de position lancées contre l’organisation de son référendum bidon et inconstitutionnel, en sus de la tenue des élections faites sur mesure qu’il se propose de s’octroyer. Mais l’ex-président intérimaire Jocelerme Privet a lancé contre lui la même mise en garde, sans détour.

En effet, tout au long de ces dernières semaines, les gestes d’hostilité n’ont pas manqué de s’afficher dans divers coins d’Haïti, en signe d’opposition aux équipes envoyées par le Conseil électoral provisoire (CEP) bidon, dont la mission consiste à faire la promotion de ce référendum. Depuis leur mise en fuite, les 5 et 6 avril, dans le Département du Nord-Ouest (tour à tour à Jean-Rabel et à Port-de-Paix), ces émissaires du CEP ont essuyé la colère des populations d’Anse-à-Veau et de Miragoâne (Nippes); de Jérémie, de Dame-Marie, d’Anse-d’Hainault et des Irois (dans la Grand’Anse ou Sud-Ouest), avant d’affronter la révolte des militants de Domon, proche de Mirebalais et de Hinche (Plateau-Central), puis Ouanaminthe, dans le Nord-Est. Sans oublier de mentionner Torbeck (dans le Sud).

Suite aux attaques dont ont été victime les promoteurs du référendum de Jovenel Moïse, l’organisme électoral illégitime et illégal a jugé opportun de choisir les destinations de leurs agents avec prudence. Aussi les zones cibles sont-elles devenues rares, en raison d’autres villes du pays, dont Jacmel, Cap-Haïtien, etc. où les habitants ont même menacé de faire violence à ces fonctionnaires, s’ils osent se présenter dans leurs localités. Jouant le geste à la parole, deux agents du CEP indésirable, en mission dans une communauté non identifiée de la Grand’Anse, ont été saisis puis ligotés comme de vulgaires voleurs de banane, avant d’être déposés au commissariat de Police de cette même localité. Les photos des deux hommes, de venues virales, ont été largement diffusées sur les réseaux sociaux.

Mais malgré la persistance de Jovenel Moïse, à travers ses sicaires, continuant à pousser son référendum par la corruption, la tendance populaire tend à la violence contre les représentants du CEP. Un tel cas a été constaté au Carrefour de l’aéroport, à Port-au-Prince. Un homme connu seulement par son prénom, Patrick, porteur d’un t-shirt frappé d’une inscription invitant à voter « oui » pour le référendum, a été violemment roué de coups, au point d’avoir eu les lèvres et les yeux tuméfiés jusqu’à devenir méconnaissable. Auparavant, à Port-de-Paix, un autre individu trouvé dans la même posture, a été pris en chasse par des militants anti-référendum. Rattrapé, il a connu le même sort que Patrick.

Ces gestes de violence à l’égard des colporteurs du référendum ont une tendance à s’intensifier, face à la persistance de Jovenel Moïse à engloutir l’argent du pays dans une aventure sans lendemain, qu’ il sait impossible, vu l’opposition de plus en plus musclée qui lui est témoignée dans tous les secteurs du pays. Une tendance qui se manifeste sous différentes formes, notamment des interventions dans la presse ou des mises au point lancées sur les radios ou encore diffusées au niveau des réseaux sociaux.

La réalité anti-référendum se caractérise par des condamnations au jour le jour fusant de toutes les couches sociales, des organisations socio-professionnelles, de la société civile, du secteur des affaires (non inféodé au pouvoir), de toutes les confessions religieuses. L’Église catholique a exprimé sa condamnation, non seulement de la poli-tique générale de Moise, mais aussi de son référendum illégal et de ses élections bidon. Pour leur part, les églises protes-tantes n’ont cessé de condamner les administrations du chef d’État de facto, ayant, plus d’une fois orchestré des manifestations anti-Moïse, comme des marches contre le kidnapping, ou encore la mobilisation pour exiger le départ du président de facto.

Impliqué à fond dans la lutte pour le rétablissement de l’État de droit, la démocratie et la fin des dérives de Jovenel Moïse, la Conférence des pasteurs haïtiens, encore une fois, monte au créneau contre Moïse, appelant le peuple à refuser le changement de la Constitution prôné par ce dernier, arguant qu’il n’a ni titre ni qua-lité pour mener une telle entreprise.

On ne peut énumérer toutes les adhésions anti-référendum bidon et les élections faites sur mesure exprimées, à l’ échelle du pays. C’est quasiment toute la nation s’élevant comme un seul homme pour dire non à ces initiatives, allant jus-qu’à déclarer son intention de démolir les installations mises en place à cette fin. Suite à la proclamation du président du Sénat, Joseph Lambert, représentant du Sud-Est, à la Chambre Haute, selon la -quelle « le référendum n’aura pas lieu » dans ce département, et qu’il sera prêt à «démolir » tous les bureaux préposés à cet te fin, qui seront mis en place, toutes les juridictions du pays se déclarent prêtes à imiter ce geste. D’un bout à l’autre du territoire national, le mot d’ordre anti-référendum s’exprime par ces mots : Arrêtons cette folie « par tous les moyens» ».

C’est dans la foulée de cette opposition inflexible du peuple haïtien au double projet de Jovenel Moïse que le quotidien The Miami Herald a lancé un vibrant appel à l’administration Biden pour qu’elle cesse d’appuyer Jovenel Moïse et sa clique. Sous le titre « Arrêtez de pousser pour des élections en Haïti, président Biden. Elles ne feront qu’aggraver la situation », l’Éditorial, présenté par le Comité de Rédaction de cet organe, dans l’édition du 29 mai, met en évidence les raisons profondes qui justifient cette logique. (Lisez la traduction de ce document au complet réalisée par l’équipe d’Haïti-Observateur, et reproduit dans cette édition, qui commence à la première page).

Indiscutablement, le référendum et les élections privés de Jovenel Moïse sont répudiés totalement, en Haïti comme à l’étranger. Voilà de quoi qui aurait incité un homme d’État possédant l’usage de ses sens et doté de capacités intellectuelles adéquates à évaluer objectivement les con séquences de sa témérité et de son inflexibilité maladive. Quand bien même ces initiatives illégales et anticonstitutionnelles seraient inspirées de l’instinct de conservation, histoire d’éviter de payer le prix de ses dérives criminelles et financières, le président de facto devrait avoir la présence d’esprit d’éviter d’ajouter d’autres forfaitures sur celles qu’il a déjà accumulées.

Dans l’attente d’un changement de politique de l’administration américaine, suite à l’Éditorial du Miami Herald, qu’on estime inévitable, l’intervention de l’ ex-président intérimaire Jocelerme Privert sur le référendum devrait donner à réfléchir à M. Moïse.

Dans ce document, publié dans l’édition du 28 mai 2021 du quotidien Le Nouvelliste, M. Privert attire l’attention sur le silence qu’il s’était imposé jusqu’ici, en tant qu’ex-chef d’État intérimaire, par souci de laisser les coudées franches à son successeur pour qu’il fasse son travail. Mais il estime la nation en danger, en rai-son du projet de référendum de Jovenel Moïse. Aussi a-t-il décidé d’intervenir.

Jovenel Moise traîné devant la Haute Cour de Justice

En effet, écrit-il : « Les velléités du Président Moise de changer ou de se défaire de la constitution de 1987, n’a rien à voir avec une exigence d’ajustement par rapport à l’évolution politique connue par le pays au cours des trente (30) dernières années. Ce choix répond à des préoccupations plutôt personnelles et/ou claniques. Cet entêtement n’a rien à voir, non plus, avec l’intérêt général ou encore avec le tout premier préambule de la constitution [6]. Ce dernier n’est évoqué que comme prétexte. Les déclarations, portant sur le renforcement de la démocratie, les libertés, les droits du peuple haïtien et la gouvernance, ne sont que stratagème et leurre. Le résultat poursuivi n’est que la modification et l’altération des processus sociaux tendant à l’émergence et à l’institutionnalisation de la participation du peuple dans la gestion du pouvoir politique et dans les prises de décisions intéressant sa communauté ».

Encore dans cette même intervention, Jocelerme Privert souligne : « ‟ (…) il ne revient pas à un Président, élu sous l’empire de la constitution qu’il avait jurée de respecter et de faire respecter, de décider de la violer pour la changer. Le Président Moise, par cette démarche, s’est écarté de la voie de la légalité et de la légitimité constitutionnelle. Il s’érige volontairement en violateur impénitent et conscient de la loi-mère. Il risque de se faire et de fait se fait parjure. Cette rupture de l’ordre constitutionnel le rend passible de la Haute Cour de justice pour crime de haute trahison tel qu’établi à l’article 21, ainsi stipulé : [ Le crime de haute trahison consiste à porter les armes dans une armée étrangère contre la République, à servir une nation étrangère contre la République, dans le fait par tout fonctionnaire de voler les biens de l’État confiés à sa gestion ou toute violation de la Constitution par ceux chargés de la faire respecter ] ” ».

L’ex-président, doublé d’un ancien sénateur, en plus d’avoir été ancien ministre, etc., responsabilise les proches collaborateurs de Moïse dans cette forfaiture. Aussi enchaîne-t-il ainsi : « Le gouvernement du Premier ministre Joseph Jouthe, par leur endossement aveugle de cette démarche et l’apposition de leur signature aux arrêtés portant nomination des membres de Comité consultatif indépendant (CCI) et ceux désignés juges électoraux, ont sciemment posé des actes contraires à la constitution de 1987 et aux lois du pays. Les tentatives d’explication fournies par les conseillers du Président Moise et les membres du Gouvernement ne tiennent pas. Les stipulations de l’article 128 de la constitution sont formelles « L’interprétation des lois par voie d’autorité, n’appartient qu’au Pouvoir législatif, elle est donnée dans la forme d’une loi ”. Ces derniers sont solidairement responsables de ce crime de haute trahison et sont donc passibles de la Haute Cour de justice en participant à la violation [7] caractérisée de la constitution ».

De toute évidence, par ses nombreuses violations de la Loi mère de la nation, en sus des nombreuses dérives, criminelles et financières dont il s’est rendu coupable, Jovenel Moïse était déjà un candidat à la Haute Cour de Justice. Avec son programme de référendum illégal et anticonstitutionnel, il a rendez-vous, lui et ses ministres, avec la justice. Un tournant obligatoire, en raison de sa témérité, ayant occasionné le gaspillage inconsidéré des ressources du pays.

Editorial de Haïti-Observateur 2 – 9 juin 2021 :
"Tête baissée dans sa folie référendaire, Jovenel Moïse fait table rase des conséquences"

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