4 octobre 2025
Haïti et l’histoire des 9 referendums malicieux (plébiscites) dont 4 à l’actif des Duvalier ; le 10e, le dernier réalisé le 29 mars 1987 enlève désormais cet outil aux mains d’apprentis-dictateurs
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Haïti et l’histoire des 9 referendums malicieux (plébiscites) dont 4 à l’actif des Duvalier ; le 10e, le dernier réalisé le 29 mars 1987 enlève désormais cet outil aux mains d’apprentis-dictateurs

Le referendum de 1961 enregistrant 100% de votes « oui », accorde un deuxième mandat au dictateur François Duvalier s’appuyant sur le corps des tontons makout.

En 1926, la presse constituait le seul contre-pouvoir en Haïti. Elle se déchaîna. Le quotidien « Le Nouvelliste » agonissait d’injures le président Louis Borno et alla jusqu’à refuser d’écrire son nom dans le journal. Borno réglementa la presse, organisa son referendum (1929) et fit plusieurs fois emprisonner des journalistes, dont l’écrivain Jacques Roumain.

Le dictateur François Duvalier a organisé 3 referendums bidon et son fils en a réalisé 1. Gonzague Day veut mettre un 5e sur le compte de son père, le Mengele d’Haiti.

Suite au referendum de 1964, la Constitution de 1964 établit François Duvalier comme président à vie. Elle établit une législature monocamérale de 58 députés.

Mercredi 26 mai 2021 ((rezonodwes.com))–C’est lors de l’Occupation américaine débutée en 1915 que la pratique du referendum est introduite dans nos mœurs. Malheureusement et contrairement à d’autres pays, tous les référendums tenus en Haïti de 1918 à 1987 – le 10ème et dernier réalisé en mars 1987, n’en déplaise à Jovenel Moise, Claude Joseph, Mathias Pierre, Gonzague Day… ont eu lieu sur des sujets liés directement à la Constitution ou au renouvellement de mandat de président avec des procédés malicieux et subterfuges utilisés.

Un référendum (pluriel : référendums) est un vote direct et universel dans lequel l’ensemble de l’électorat est invité à se prononcer sur une proposition particulière et qui peut avoir des formes nationales ou locales. Il peut aboutir à l’adoption d’une nouvelle politique ou d’une loi spécifique. N’en déplaise aux fossoyeurs de la Patrie, des corrupteurs corrompus, l’échec imminent du referendum du 27 juin ne s’accompagnera pas d’un arrêt brutal de l’émergence d’un état de droit en Haïti. Qu’on se l’admette.

Dans certains pays, comme Haïti en particulier qui en a connus dans le temps 10 referendums, cet exercice citoyen est synonyme de plébiscite, ainsi en ont procédé le président Louis Borno en février 1929, le dictateur endurci François Duvalier en 1961, 1964, 1971 et 57 ans plus tard – un chiffre magique / 1957 l’année de l’élection de Duvalier – Jovenel Moise, un petit dictateur en herbe, veut refaire l’expérience de la redescente aux enfers du pays, alors que les Constituants de 1987, ayant le sens inné de l’histoire, sont parvenus à l’interdiction DEFINITIVE de telle pratique.

En définitive, tout gouvernement qui se succède au Palais National depuis le 29 mars 1987, est tenu de respecter l’article 284-3 interdisant la voie référendaire pour amender la Constitution de 1987 rétablissant le Sénat, l’une des plus veilles institutions étatiques du pays bien qu’elle n’ait jamais été habitée par des enfants de chœur.

C’est quoi un plébiscite. C’est un procédé par lequel un homme qui a accédé au pouvoir demande à l’ensemble des citoyens de lui manifester leur confiance, en se prononçant par oui ou par non sur un texte donné. Dans le cas d’Haïti, Jovenel Moise, non seulement il est en perte de légitimité ayant bien avant de la fin de son mandat, le 7 février 2021, perdu toute la confiance de ses concitoyens, est devenu aujourd’hui un président de facto et ne peut en aucun des cas organiser un referendum, qui, d’ailleurs, est purement et simplement INTERDIT. Quoiqu’il dise, affirme et manigance.

Certaines définitions du terme « plébiscite » ce qu’envisage le régime Tèt Kale habitué à l’usage de stratagème pour détourner des fonds publics, suggèrent qu’il s’agit d’un type de vote visant à modifier la constitution.

Les différents referendums organisés en Haïti

Referendum de 1918

Haïti qui fut pendant longtemps un pays libre, régi par ses propres lois qui ne lui sont imposées nulle part ailleurs, a finalement cessé de l’être le 28 juillet 1915, le jour du débarquement. Ainsi, en 1918, après la dissolution du Parlement, un referendum constitutionnel était devenu obligatoire pour l’adoption de la Constitution de 1918 plus favorable aux occupants que les natifs du pays.

Selon l’historienne Suzie Cator, cette Constitution adoptée par référendum, avait été écrite par Franklin Delano Roosevelt qui lui-même d’ailleurs, l’avait rapporté lors d’une campagne présidentielle à l’issue de laquelle, il est devenu le 32e président des Etats-Unis.

Referendum de février 1929

En 1922, le président Dartiguenave fut remplacé par Louis Borno, qui dirigea le pays sans corps législatif jusqu’en 1930. Borno devint alors le premier président élu pour un mandat de quatre ans, à la suite de l’adoption de la Constitution de 1918. Il organisa un plébiscite en février 1929, l’année de la signature du traité Haitiano-Dominicain redéfinissant le tracé de la frontière. 

Les amendements constitutionnels votés par plébiscite en février 1929 donnent au président Borno une autorité directe sur la magistrature qui était autrefois indépendante. Le projet de Constitution de Jovenel Moise renferme ce dangereux point au finish.

Referendum de Vincent : février 1935, juin 1935 et 1939

Le président Sténio Vincent fut élu le 18 novembre 1930 par l’Assemblée nationale. Il fut à l’origine de la Constitution du 15 juillet 1932 adoptée par referendum. Il obtint de Roosevelt la fin de l’occupation (depuis le 28 juillet 1915 jusqu’au 21 août 1934) du pays par les États-Unis. Il fait alors approuver une nouvelle Constitution, ratifiée par le référendum du 2 juin 1935, qui lui accorde un second mandat de cinq ans (titre XIV) et accroît ses pouvoirs.

Referendum de 1935 et la Constitution fasciste et anti-démocratique du 2 juin 1935 préparée par le dictateur Sténio Vincent.

Le président Sténio Vincent, par referendum, amenda la Constitution de 1935 et s’octroya un deuxième mandat avec de vastes pouvoirs. Une fois au pouvoir, néanmoins, il adopta une attitude intransigeante, culminant par un conflit avec le Sénat haïtien en 1935. Sa popularité diminua en 1937, lors de son échec diplomatique face au massacre de quinze mille travailleurs haïtiens invités en République dominicaine, ordonné par le président dominicain Rafael Trujillo.

Referendums de 1961 [prolongation de mandat], 1964 [la présidence à Vie] et 1971 [le droit de désigner son successeur]

La Constitution de 1964 a permis à François Duvalier de devenir président à vie et de laisser ses empreintes sur Haïti pour aussi très longtemps au point que le pays est actuellement dirigé par un régime néo-duvaliériste où le fils du tortionnaire duvaliériste, Gonzague Day, fait la loi.

Le règne des Duvalier laissant encore aujourd’hui des séquelles, fut marqué par la corruption et l’utilisation de milices privées, les tontons macoutes. Autoritaire, il multiplie les actes d’arrestation et de condamnation à mort. Allié par intérêt aux États-Unis, il utilise le culte de la personnalité pour être vu comme un dieu vivant par la population.

François Duvalier est élu président d’Haïti en 1957, et l’année de la formation de sa milice privée (VSN) en juillet 1961, le redoutable corps des tontons makout, il organise son premier referendum pour amender la Constitution 1950 sur laquelle il avait prêté serment en octobre 1957. Jovenel Moise suit bien les traces de ce dictateur, à la seule différence, Duvalier fut un grand intellectuel qui n’a usurpé aucun titre académique.

L’homme instaure rapidement un régime autoritaire, qui se base sur la peur pour garder le pouvoir. Alors que son mandat prend fin en 1963, le dictateur décide de prolonger son pouvoir, au mépris des prescrits constitutionnels. Le 30 avril 1961, il organise un référendum-bidon pour amender la Constitution. La consultation populaire enregistre 100% de votes « oui », sur plus de 1,3 millions de suffrages. Son pouvoir est assuré jusqu’en 1967.

En 1964, Duvalier père franchit un cap. Il décide de devenir président à vie. Le président organise alors un référendum pour modifier la Constitution encore une fois. Des hommes et des femmes très connus, dont le comédien haïtien Théodore Beaubrun, dit Languichatte, ont activement milité pour cette présidence à vie.

Referendum de juillet 1985 – 99% Oui – la présidence à vie n’est pas négociable

En 1984, des émeutes de la faim éclatent dans de grandes villes comme Gonaïves ou le Cap Haïtien. Pour la première fois depuis 1957, les mots de « aba Duvalier » furent prononcés en Haïti, ou plus particulièrement aux Gonaives. Le dictateur Jean Claude Duvalier décide de modifier une nouvelle fois la Constitution, en la soumettant au vote par referendum. Il y reconnaît cette fois le droit de créer des partis politiques, sous certaines conditions, et crée un poste de Premier ministre, des points qui n’ont jamais été appliqués jusqu’à la chute du régime le 7 février 1986.

En effet, le 22 juillet 1985, le texte est approuvé par référendum à plus de 99% des voix, malgré le boycott de la population. Attention, Jovenel Moise, Claude Joseph et Mathias Pierre sont prêts à refaire cette expérience le 27 juin prochain avec 150 partis politiques virtuels.

Referendum et Constitution du 29 mars 1987

Constitution de 1987 interdit la double citoyenneté, ce qui empêche effectivement les Haïtiens-Américains (tels que Samir Mourra et Dumarsais Siméus) de se présenter aux élections présidentielles en Haïti, ce qui n’est pas différent avec le projet d’une constitution par referendum illégal en 2021. Il faut au moins résider 5 ans dans le pays pour postuler à présidence d’Haïti. La dernière Constitution d’Haïti a été ratifiée en mars 1987, mais elle a été complètement suspendue de juin 1988 à mars 1989 et n’a été complètement rétablie qu’en octobre 1994. Aujourd’hui encore, mise en veilleuse par le dictateur Jovenel Moise dirigeant le pays par décret depuis janvier 2020.

Tant pis pour la génération à venir, si nous commettions aujourd’hui la bêtise de laisser des apatrides esclaves des temps modernes et domestiques de surcroît, la remplacer en utilisant toute sorte de stratagème et de subterfuge. Nap gen pou nou regrèt anpil lè pita va pi tris ! « Il faut que le pouvoir arrête le pouvoir » disait Montesquieu, il se trouve qu’aujourd’hui, c’est vous le peuple, le pouvoir, qui devez faire échec au plan machiavélique de Jovenel Moise de changer la Constitution de 1987 à travers yon lòbèy appelé referendum. Kou sa-a pap pase paseke 2021 pa 1918 ni 1964 !

« Attention, j’entends une affaire de referendum pour venir renforcer la dictature en Haïti« , avertit le professeur Victor Benoît invitant le peuple à faire échec à ce projet bien avant la date programmée pour faire revenir « cette mauvaise maladie« , un outil des dictateurs.

sources : publication internet
Librairie du Congrès
Prof. Victoire Benoit
Ayibopost (Connaissez-vous l’histoire des « référendums » en Haïti ?)
Les Constitutions d’Haïti

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