Avec Jovenel Moïse au pouvoir, Haïti se déchoie, socialement et diplomatiquement à l’OEA

0
5116

”Rarement un pays n’a été gouverné par une telle bande de criminels et d’incompétents”.

Edito de Haiti-Observateur
édition du 19 au 26 mai 2021

N’en déplaise à Edmond Bocchit, le représentant légal d’Anditgua et Barbuda a exposé au grand jour l’information que Jovenel Moïse s’acharne à utiliser à titre de propagande, faisant la promotion de son référendum illégal et anticonstitutionnel, ainsi que ses élections faites sur mesure…

Mercredi 26 mai 2021 ((rezonodwes.com))–Passe encore que Jovenel Moïse et son équipe affichent leurs tares sociales et leurs inconvenances diplomatiques au pays, mais exposer leurs anomalies caractérielles sur la scène internationale, voilà une cause de honte nationale. L’intervention malavisée de l’ambassadeur d’Haïti, auprès du Département d’État et à l’Organisation des États américains (OEA), en pleine séance, au Conseil permanent de cette dernière institution, qui ne semble pas attirer trop d’attention, en Haïti, met en évidence le besoin de renvoyer les dirigeants haïtiens à un « centre de rééducation sociale et diplomatique».

En effet, lors d’un débat, mardi (11 mai), sur la crise haïtienne, Bocchit Edmond n’a pas semblé comprendre qu’il faisait montre de son manque de talent en diplomatie, pour avoir provoqué une scène honteuse contre un collègue, en l’occurrence, l’ambassadeur d’Antigua et Barbuda, Sir Ronald Sanders. Un diplomate prestigieux traînant une longue carrière, qui ne porte pas sa langue sous son talon, ni ne laisse sa plume accrochée à la poche de sa chemise, sous sa veste, n’est pas resté, comme toujours, indifférent aux événements menés en violation de la Constitution haïtienne et au détriment de la démocratie, par Jovenel Moïse et ses proches collaborateurs. En tant que représentant de cet État membre de l’OEA, l’ambassadeur Sanders se croit pleinement autorisé à intervenir sur des questions relatives à Haïti en discussion au sein de l’OEA. Comme il l’avait fait pour des régimes haïtiens antérieurs, quasiment tout au long de sa carrière.

Bien que son dernier article en date remonte à deux semaines, dans lequel il a exposé les incongruités du président de facto d’Haïti, par rapport à ses nombreuses violations de la Constitution de la République d’Haïti et ses décisions non conformes à la démocratie, à laquelle adhèrent religieusement les autres pays membres, c’est dans son dernier tweet qu’il a touché un point sensible chez le régime PHTKiste dirigé par Jovenel Moïse. Dans ce bref message, il a exposé au grand jour l’information que Jovenel Moïse s’acharne à utiliser à titre de propagande, faisant la promotion de son référendum illégal et anticonstitutionnel, ainsi que ses élections faites sur mesure.

Certes, dans cette communication, diffusée sur son compte tweeter, l’ambassadeur Sanders a montré le pot aux roses : Jovenel Moïse ne porte pas en réalité l’ambition d’organiser le vote référendaire et les élections qu’il prétend vouloir réaliser en 2021. Il a su dire au Blanc qu’il ne s’oppose pas à son refus de cautionner ses deux pro-jets favoris. Il tient tout simplement à garder cela comme un « secret de Polichinelle ».

Pour être plus précis, Ronald Sanders dit, dans son tweet : L’ambassadeur d’Haïti à Washington, Bocchit Edmond, a annoncé au président du Conseil de sécurité, lors d’une séance in formelle : « Nonobstant ce qu’a déclaré son ministre des Affaires étrangères, dans sa lettre au secrétaire général, la question du référendum n’est pas sur la table ». Donc il ne sera pas demandé à la délégation de l’OEA, appelée à se rendre en Haïti, de mettre cette question en discussion.

Voilà donc ce qui a fait prendre la mouche à Bocchit Edmond, à oublier, semble-t-il, où il était, et à afficher son comportement naturellement PHTKiste, en pleine séance de travail du Conseil permanent de l’Organisation des États américains. Pour se faire une juste idée de la gravité du duel verbal non diplomatique qu’a déclenché l’ambassadeur d’Haïti, à Washington et à l’OEA, voici l’origine de cette conversation vitriolique, caractérisée dans l’édition du 7 mai de Miami Herald, sous la plume de Jacqueline Char les, d’ « affrontement verbal ».

Lors d’une séance antérieure du Conseil permanent, rapporte le quotidien floridien, l’ambassadeur d’Antigua et de Barbuda avait déclaré son pays « satisfait » que le gouvernement d’Haïti n’avait point établi de « conditions préalables dans le cadre de la mission de bons offices de l’OEA ». Il devait ajouter que son pays « n’espère pas que la Mission de l’OE facilite l’organisation d’un référendum constitutionnel ».

Tout en félicitant cette décision, qu’il qualifie de bienvenue, l’ambassadeur Sanders a exprimé la position selon laquelle l’ambassadeur haïtien, Bocchit Edmond, «exprime claire-ment cette décision à nous tous ». Il a, de plus, souligné un autre problème qui, selon lui, demande clarification : «Nous pensons que le Conseil permanent pourrait bénéficier de détails supplémentaires qui seraient meilleurs ». Celui-ci se montre aussi pointilleux par rapport aux relations du président de facto haïtien avec l’opposition qu’il s’acharne à tenir mal informée en ce qui concerne ses échanges avec le secrétaire général de l’OEA, qui prennent une allure personnelle.

Dans ses interventions, via tweet, dans la presse, aussi bien qu’en Assemblée, l’ambassadeur Sanders se montre très exigeant, cherchant sans doute à faire sortir Haïti du flou dans lequel il s’enfonce, dans ses relations avec l’OEA. Aussi les prises de positions qu’il véhicule exaspèrent-elles Jovenel Moïse et ses proches collaborateurs. D’où cette attaque personnelle de M. Edmond dirigée contre le représentant d’Antigua et Barbuda.

Répondant à son homologue d’ Antigua et Barbuda, Bocchit Edmond l’a accusé d’exprimer ses « opinions personnelles », dans ses tweets, des articles dans la presse, aussi bien que dans les questions qu’il a abordées dans les débats. Il est allé jusqu’à traiter l’ambassadeur Sanders de « menteur », évoquant une réunion tenue antérieurement, et au cours de laquelle le diplomate haïtien lui disait : « Si vous souhaitez ce respect pour votre pays, cessez d’utiliser le nom de votre pays pour accuser d’autres pays ». Et Edmond de continuer sur sa lancée : «Vos accusations, les choses que vous exprimez dans vos tweets, les choses que vous écrivez, publiez, sont inacceptables. Vous devez le reconnaître ». Au bout du compte, il a invité Ronald Sanders à préciser si les points de vue qu’il a exprimés ont été faits « sur l’ordre de Saint John » ou en son nom personnel.

Sur ces entre-faits, l’ambassadeur Sanders s’est adressé à la présidente du Conseil permanent pour qu’elle mette fin à ce spectacle.

Et le diplomate d’Antigua et Barbuda de prendre la parole pour dire : « Je ne me suis lancé dans aucune confrontation avec Bocchit Edmond, je ne sais pourquoi cela persiste. Mon pays doit être jugé par les idées qu’il exprime et les faits qu’il présente au Conseil permanent. Ces attaques personnelles, que, je sais, font partie de l’arsenal utilisé de temps en temps, y compris appeler des gouvernements pour les intimider, aussi bien le mien, pour leur dire qu’ils doivent m’arrêter de m’exprimer (…), mais nous n’avons pas porté ce sujet à l’attention du Conseil ».

L’ambassadeur Sanders a profité de l’occasion pour exposer les travers de son collègue haïtien — faut-il dire du gouvernement de ce dernier —, en disant : « Cela est de l’enfantillage, pour tant nous sommes ici traitant d’affaires sérieuses, consistant à s’assurer que tous les États membres (…) adhèrent aux principes de nos mentalités. C’est tout ce que je suis en train de faire, et j’ai été un ambassadeur durant 43 ans, pourtant je n’ai jamais été l’objet de pareilles accusations auparavant ».

Le diplomate d’Antigua et Barbuda a dit assez, dans le cadre de son duel verbal avec son collègue d’Haïti, pour faire comprendre à l’assemblée des membres de l’OEA — et au monde entier — que, diplomatiquement et socialement, Haïti est représenté par une canaille. Indéniablement, il y a beaucoup de compatriotes qui auraient servi valablement le pays, auprès de cette institution. Le président de facto a fait choix de la personne qui sied mieux à sa culture personnelle. D’ailleurs, c’est en connaissance de cause qu’il a fait le changement à la tête de la Mission diplomatique d’Haïti, au Département d’État et à l’OEA, à ce moment précis. À cette phase de la crise socio-politique, dans laquelle il a enfoncé le pays, c’est bien le personnage qu’il tenait à faire plaider la cause d’Haïti (disons préférablement sa cause), à l’organisme régional.

Il reste maintenant à gérer les retombées de cet affrontement Bocchit Edmond-Ronald Sanders qui risque de reléguer notre pays à la préhistoire, par rapport à ses relations avec d’autres États. En tout cas, suite à cette prestation calamiteuse de ce représentant de Jovenel Moïse, tout le monde comprendra pourquoi ce dernier se comporte ainsi à la tête du pays.

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.