Port- au-Prince, le 13 mars 2017
Lettre ouverte à l’ancien président Jean Bertrand Aristide
Monsieur l’ancien président,
Je vous salue tout en me donnant l’opportunité de vous écrire une seconde fois . Ce faisant, je ne veux point que vous me considériez comme un ennemi. Ayant été à deux reprises président de la republique, votre personnalité est du coup transférée de la sphère privée à la sphère publique. Ce qui fait que vos gestes, votre silence, vos actions et inactions intéressent l’opinion publique. Et j’en fais partie.
Sur ce, l’opinion publique a pris fait et cause de votre silence sonore par rapport à la mort de l’ancien président Préval . Le défunt a été votre allié, votre premier ministre, votre Frère jumeau politique ( à un certain temps ) …
Monsieur Aristide,
Vous n’êtes pas sans savoir que vous et l’ancien président symbolisez les luttes du peuple haitien dans sa quête de la démocratie. Lui et vous, avez souffert toutes les turpitudes de l’époque. Après avoir tenté de chasser le dictateur Jean Claude Duvalier , vous avez , à vos façons , tenté de résoudre les différents problèmes auxquels la nation était / est en butte dans le cadre d’une société régénérée et prospère. Vous êtes tous deux entrés avec fracas dans les mémoires des haïtiens et dans la conscience populaire . Vous avez été deux acteurs dans la bataille pour la démocratie dans le pays. Il faudrait plusieurs volumes d’histoire sociale pour expliquer vos parcours.
Alors que ce frère d’autrefois est mort, dans un moment de deuil national où tout le monde présente ses voeux de condoléances à la famille et aux proches du défunt, par le truchement d’un de vos proches, vous avez fait sortir ces mots: Paix à René Préval. Paix à notre chère Haïti! Monsieur, vos propos sont bourrés de paradoxe , d’inélegance politique et d’ironie tranchante. Puisque l’ancien président est déjà parti, « Paix à notre chère Haïti » suppose que l’ancien président Préval ait été genant pour le pays. Dans l’esprit de votre mot, Haïti peut reprendre, avec sa mort , son calme. Alors que, ayant été, pendant un certain temps, votre compagnon politique, vous auriez pu formuler à sa famille et à ses proches vos mots de sympathie mieux que quiconque, et vous auriez pu aussi, à l’occasion de sa mort, brosser le tableau saissant sa personne.
Imanquable à ce devoir, on vous croit donc nourrir certaine haine pour l’ancien président. Me trompe – je?
L’autre fait qui a attiré l’attention de l’opinion publique est votre abscence aux funérailles de l’ancien président. Celle- ci est considérée comme une revanche politique. Ce faisant , vous laissez insinuer que vous étiez exilé et que l’ancien président est mort: ce n’est que partie remise !
Monsieur l’ancien président,
Le désir de créer une Haïti solidaire doit se montrer dans les moments de grandes détresses et de grands défis. Et pour une Haïti unie, on a besoin des hommes capables de s’élever dans la sève du dépassement. La haine, la division, les luttes fratricides ne sont que les ferments de notre échec de peuple .
Tout en gardant l’espoir que vous allez écrire à la famille du défunt une lettre de condoléances élaborée et expliquer au peuple haïtien les raisons de votre absence à ses funérailles, je vous prie de bien vouloir recevoir mes salutations patriotiques.
James Marc Donald ORPHÉE
Étudiant à l’IERAH/ ISERSS de l’UEH
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