Liens historiques entre Haïti et les États-Unis : La lutte anti-coloniale des patriotes américains

26 mars 2021

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Le Développement d’Haïti est Possible : Essai de Philosophie Politique

Par Raphaël Paul Gustave Magloire

Tome I

Chapitre 9 : Les liens historiques entre Haïti et les États-Unis vus à travers une série de personnages et d’évènements liés à la lutte pour la liberté, aux guerres anticoloniales, pour l’indépendance et contre l’esclavage et le racisme, menées dans les deux pays.

II – Les États-Unis, de la colonie à l’indépendance

La lutte anti-coloniale des patriotes américains

Vendredi 26 mars 2021 ((rezonodwes.com))–

La lutte contre la domination de l’Angleterre a été essentiellement menée par les colons blancs américains. Les premiers signes de mécontentement contre l’Empire Britannique étaient visibles depuis le milieu des années 1760, après la Guerre de Sept Ans entre l’Empire Britannique et l’Empire Colonial Français et leurs alliés. Les Anglais qui avaient gagné cette guerre étaient très endettés. La couronne anglaise exigea que les colons américains payent beaucoup plus de taxes afin de redresser les finances anglaises et de prendre à charge les troupes anglaises qui assuraient la sécurité des colonies. Les Américains protestaient sur le principe que les taxes étaient fixées par le parlement anglais où les colonies n’avaient pas de représentants. Les patriotes ont exprimé leurs mécontentements par des gestes symboliques, comme de jeter le thé importé à la mer (Boston tea party). Les confrontations avaient débuté par des escarmouches entre les patriotes américains et l’armée coloniale anglaise dans la colonie de Massachussetts, (La bataille de Lexington le 18 avril 1775) pour se transformer ensuite en une vraie guerre. Après ces évènements, les colons convoquèrent un Congrès de toutes les colonies, qui s’est réuni à Philadelphie, en Pennsylvanie. L’Angleterre envoya des troupes pour rétablir l’ordre dans les colonies. Le Congrès décida de se réunir en permanence et vota la Déclaration d’Indépendance des États-Unis d’Amérique, le 4 juillet 1776. Ce texte fondamental basé sur le principe de liberté et d’égalité entre les hommes tel que défini par les Philosophes des Lumières du XVIIIème siècle, fut rédigé par Thomas Jefferson, un délégué de la délégation parlementaire de Virginie. Le Congrès Continental devenant le principal organe gouvernemental des Américains, vota pour créer une armée avec des milices envoyées par les 13 colonies. George Washington fut choisi comme Commandant en Chef des forces Armées Continentales. Le choix de Thomas Jefferson et de George Washington, très connus en Virginie, fit partie d’une stratégie politique pour consolider la participation des colonies du Sud au mouvement d’indépendance. Car, les colonies du Nord, en majorité, formées de protestants puritains et dont l’économie était basée sur les petites entreprises, les métiers professionnels, et le commerce, n’étaient pas très favorables à l’esclavage. Pourtant, les colonies du Sud dont l’économie reposait sur la production agricole dépendaient de l’esclavage des Noirs pour fructifier.

George Washington (1732-1799)

Avec les mesures adoptées par le Congrès Continental c’était la révolution dans les colonies et une déclaration de guerre à la Grande-Bretagne. Cette guerre prit fin à la bataille de Yorktown, en Virginie, par la victoire de l’Armée Continentale Américaine et de ses alliés français et espagnols sur les forces Britanniques. En effet, le 19 octobre 1781, sous les ordres directs du Général en chef, George Washington, 8,845 insurgés américains, supportés par les volontaires du Maquis de La Fayette, et les 6 000 hommes du corps expéditionnaire français de Rochambeau ont confronté les 7,500 Britanniques commandés par Lord Charles Cornwallis dans une dernière bataille. Après leur défaite, les Britanniques ont bénéficié d’une amnistie pour quitter le pays avec leurs bateaux.

Ensuite, les représentants des belligérants, avec la présence des Ambassadeurs John Adams et Benjamin Franklin pour les colonies américaines, se sont rencontrés à la Conférence de Paris, en 1783, pour signer un traité de paix, où la Grande Bretagne reconnut l’indépendance des 13 anciennes colonies britanniques sous le nom des États-Unis d’Amérique du Nord.

Les 5 principales étapes de cette lutte anticoloniale ont été :

La création du Congrès Continental des États-Unis d’Amérique
La Proclamation de l’indépendance des États-Unis le 4 juillet 1776
La Guerre de l’indépendance des États-Unis qui dura de 1775 à 1783
La reconnaissance de l’indépendance des 13 colonies américaines par l’Angleterre, dans le cadre du Traité de Paix de Paris en 1783
La ratification de la Constitution Fédérale des Etats-Unis d’Amérique en 1789

John ADAMS (30 octobre 1735 – 4 juillet 1826)

Les pèlerins puritains de la Nouvelle Angleterre

Les Anglais avaient commencé à s’établir sur la côte atlantique de l’Amérique du nord à partir de l’année 1606, sur le territoire de la Virginie que l’Angleterre avait acheté de l’Espagne. En effet, les Espagnols et les Français étaient arrivés sur le continent américain depuis le début du XVIème siècle. Les premières tentatives des Anglais pour s’établir eux-mêmes sur le continent n’ont pas été fructueuses. Mais, le 21 novembre 1620, arriva un grand bateau à voile, le Mayflower (Fleur de Mai), qui donna naissance à la tradition de la Thanksgiving (Action de grâce/Remerciement) et qui est l’une des belles pages de l’histoire des États-Unis. C’est le jour de remerciement que célèbrent les familles aux États-Unis pour remercier le Seigneur pour les bienfaits qu’Il a répandu sur eux l’année précédente. Cette tradition aurait débuté en 1621 pour commémorer une récolte miraculeuse des premiers colons sur le sol américain. Le Mayflower avait jeté l’ancre dans la région qui est aujourd’hui l’État de Massachussetts, et avait à son bord un groupe de familles anglaises qui fuyaient la persécution religieuse dans leur pays. Le bateau transportait environ une trentaine de membres d’équipage et 102 passagers. Ce fut le début de l’établissement des 13 colonies anglaises qui sont devenues, contre vents et marées, très prospères. Au Nord, ces colonies s’étendaient sur la côte atlantique, de la frontière du Canada-Français, jusqu’à l’embouchure du fleuve Savannah, au Sud. Au cours de plus de 160 ans chaque colonie américaine développa sa propre identité. Beaucoup de membres de la population étaient nés dans la colonie, ou avaient immigrés d’autres régions d’Europe, donc se sentaient plus américains qu’anglais.

Les Anglais qui ont débarqués dans le bateau Mayflower dans le Nord-Est des États-Unis, étaient des puritains, des protestants qui étaient très rigides sur le plan moral. Ils croyaient que chaque chrétien était libre de pratiquer sa foi sans se soumettre à une hiérarchie et à une liturgie stricte. Ce courant religieux était devenu prédominant dans la région de la Nouvelle Angleterre, composée de six États : Maine, Massachusetts, New Hampshire, Vermont, Rhodes Island et Connecticut. Les puritains avaient un sens très élevé de la notion de liberté dont ils étaient privés en Angleterre. Cela a eu son impact également sur la vie sociale et politique de la région, qui est restée jusqu’à présent l’une des plus libérales des Etats-Unis. La région de la Nouvelle Angleterre n’a pas été favorable à l’institutionnalisation de l’esclavage des Noirs dès le début, et cela joua un grand rôle dans la Guerre Civile (1861-1865) avec le sud du pays. La Guerre Civile avait abouti à l’abolition de l’esclavage. Des hommes politiques célèbres, comme les Présidents Adams, père et fils, les frères Kennedy, et le Sénateur indépendant Bernie Sanders sont originaires de la région.

Abraham Lincoln, étant lui aussi un puritain, bien qu’originaire de l’Illinois, dans le centre du pays, comme Président des Etats-Unis, consacra la Thanksgiving comme une fête nationale, mena la Guerre Civile contre les sécessionnistes confédérés du Sud jusqu’à la victoire. Le 5 juin 1862, Président Lincoln reconnut l’indépendance d’Haïti, la Première République Noire du monde, née d’une révolte d’esclaves en 1804. Le 18 décembre 1865, Président Abraham Lincoln proclama l’abolition de l’esclavage des Noirs aux Etats-Unis.

(April 13, 1743 – July 4, 1826)

La colonisation du continent américain

Les principales puissances européennes avaient des colonies sur le continent américain :

L’Espagne, la première arrivée avec Christophe Colomb, avait une présence dans les Caraïbes, à Hispaniola (La terre qui est partagée maintenant par la République d’Haïti et la République Dominicaine). Les Espagnols occupaient aussi l’ile de Cuba, la colonie de la Floride à la pointe sud de l’Amérique du Nord, et plusieurs États qui font partie des Etats-Unis aujourd’hui, tels que Californie, Arizona, Nouveau-Mexique et Texas. L’Espagne possédait aussi la plus grande partie de l’Amérique du Sud et de l’Amérique Centrale. Il avait construit une division administrative, la Vice-royauté de la Nouvelle-Espagne, en 1535. Cette division administrative a existé jusqu’en 1821 au moment de l’indépendance du Mexique.

Le Portugal avait une grande colonie dans le Nouveau Monde, sur une superficie de 8 100 200 km2, la Vice-royauté du Brésil,7 sur la côte atlantique de l’Amérique du Sud.

La France avait en Amérique une vaste colonie sur une superficie de 8,000 000 km², la Nouvelle France, fondée en 1608 avec le statut de Vice-royauté du Royaume de France, et le Québec comme capitale. La Nouvelle France était la première implantation française dans le Nouveau Monde. Elle était aussi présente dans les iles Caraïbes, d’abord avec les iles de la Guadeloupe et de la Martinique en 1635 ; ensuite la colonie de Saint-Domingue obtenue des espagnols par le Traité de Ryswick en 1697. C’était la plus riche colonie de la région (la Perle des Antilles), Elle prit son indépendance de la France en 1804 pour devenir Haïti, la Première République Noire du monde. La France concéda à l’Angleterre la Nouvelle France après la fin de la Guerre de Sept ans (1756-1763). Cependant, elle donna, séparément, la Nouvelle Orléans à l’Espagne, son alliée. Mais, la défaite de la France dans cette guerre marqua la fin de son premier empire en Amérique du Nord.

L’Empire Britannique avait les 13 colonies anglaises de l’Atlantique et entra en possession du vaste territoire de la Nouvelle France, après la Guerre de Sept Ans. Les hostilités avaient débuté deux ans avant une déclaration de guerre officielle. « Car, une poignée de Virginiens sous le commandement d’un jeune colonel de 22 ans, George Washington, avait attaqué un contingent français et tué son chef, dans le dessein de s’emparer de Fort-Duquesne, un fort qui protège l’entrée de la vallée de l’Ohio. Le Colonel Washington devint célèbre après cette bataille.

La compétition farouche et les guerres que se livraient ces puissances européennes expliquent que les colonies de temps en temps changeaient de propriétaire. Cette instabilité chronique n’était pas favorable au développement des colonies et à l’amélioration du bien-être des colons.

La Nouvelle-France limitait les colonies britanniques à l’Ouest par le territoire de la Louisiane et empêchait l’expansion des colonies britanniques vers les vastes terres de l’Ouest. Ces colonies étaient déjà peuplées de plus de 1.5 million de personnes. La guerre de 7 ans entre les puissances européennes, connue comme la Guerre de la Conquête, va avoir un impact sur le sous-continent nord-américain en déclenchant des guerres pour l’expansion vers l’Ouest.

L’exploitation des colonies américaines

Comme toutes les puissances européennes, la Grande Bretagne avait créé ses colonies pour s’enrichir. Les colonies devaient exclusivement produire pour fournir des matières premières à leur métropole-mère. En plus, elles devaient acheter exclusivement de leur métropole-mère, à des prix très élevés, les produits raffinés fabriqués à partir des matières premières qui étaient produites dans les colonies. Il était interdit de fabriquer dans les colonies même les produits les plus simples, comme le sucre et le rhum à partir de la mélasse ou sirop de canne produit dans la colonie de Saint-Domingue. Donc, pour payer moins chers les produits qu’ils importaient, les colons faisaient beaucoup de contrebande avec la Caraïbe, particulièrement, Saint-Domingue.

Les deux principales forces qui motivaient les colons anglais à venir en Amérique étaient les persécutions religieuses qui sévissaient dans leur pays. Ensuite, la politique expansionniste dans les colonies américaines qui donnait l’espoir qu’ils allaient trouver des terres à exploiter pour se construire une nouvelle vie et une famille dans un environnement politique et religieux plus tolérant.

Les colons du Sud devaient essentiellement tirer leur richesse de la production agricole, et du commerce avant la découverte de l’or dans l’ouest du pays. Les Amérindiens n’étaient pas des agriculteurs et vivaient principalement de la pèche, de la chasse et de la cueillette. Le Royaume Britannique encouragea les colons à fonder leur famille. Il payait le voyage aux jeunes femmes qui voulaient émigrer dans les colonies. Pendant longtemps les colons ont pratiqué le commerce des fourrures qu’ils achetaient des chasseurs indigènes. Avec l’augmentation de la population la culture du coton et du tabac devint populaire, mais était beaucoup plus exigeant en main-d’œuvre. Le Royaume Britannique adopta la Traite des Noirs qui faisait déjà la fortune des colons dans les Caraïbes. Une forme de « code noir américain » régissant la vie de l’esclave noir, ainsi que ses relations avec le maitre blanc, était en application. Mais, le système d’esclavage dans les colonies américaines n’a jamais atteint le niveau des colonies des Caraïbes. A la veille de la Guerre d’Indépendance la population américaine comptait 10 blancs pour un noir. A Saint-Domingue, c’était plutôt l’inverse, soit 10 esclaves pour un blanc. Même quand, la culture de la canne rapportait beaucoup d’argent, elle exigeait beaucoup plus d’ouvriers que celle du tabac et du coton. Plusieurs des congrégations religieuses, principalement les puritains, s’opposaient à la traite des esclaves dans les colonies américaines. On accusait les puritains d’être des hypocrites qui faisaient semblant de détester l’esclavage, mais qui pourtant s’enrichissaient en exportant vers l’Angleterre, le coton, le sucre brut, et le tabac produit par le travail des esclaves.

A l’arrivée des Européens en Amérique, (portant le nom du navigateur Italien, Americo Vespucci), le continent était déjà habité par les natifs amérindiens. La conquête des terres des Amérindiens n’a pas été facile. Les peuples indigènes, en effet, se sont opposés aux envahisseurs. Ils ont cherché à défendre leur terre et à protéger leur façon de vivre. D’abord, les colons ont cherché à négocier et à les amadouer. Quand ces tentatives n’étaient pas fructueuses, ils leur proposaient des alliances pour les aider à combattre des ennemis communs et leur permettre d’augmenter leur territoire de chasse. Graduellement, les populations amérindiennes étaient chassées de leurs propres terres et décimée grâce aux armes à feu que les européens utilisaient. Les microbes et les maladies apportés par les européens ont fait aussi des ravages. Des missionnaires accompagnaient les colons en vue d’évangéliser les peuples indigènes qu’ils considéraient comme des sauvages. Comme l’avait dit un chef du peuple Cherokee : « Avant, nous avions nos terres qui faisaient vivent nos familles, mais nous n’avions pas le Bon Dieu. Les colons sont venus, ils nous ont donné leur Bon Dieu, mais ils nous ont volé nos terres et nous ont réduit à la désolation et à la misère».

Apres l’indépendance les États-Unis se sont concentrés sur l’agrandissement de leur territoire et la gestion de leur gouvernement en conservant une certaine neutralité dans les guerres qui se déroulaient autour d’eux et sur le continent européen. Les États-Unis sont devenus un vaste territoire grâce aux achats et à la guerre (Achat de la Louisiane, et plus tard de l’Alaska ; guerre avec le Mexique et l’Espagne ; conquête de l’Ouest du continent ; la guerre contre les États du Sud pour mettre fin à l’esclavage des Noirs et prévenir leur sécession de la fédération).

Les colons ont continué à arriver sans arrêt. Ils portaient tous dans leur cœur le rêve de devenir riche, très certainement. Mais, ils rêvaient tous de trouver la liberté et le droit d’être heureux. Car, les États-Unis étaient surtout un rêve.

Les 3 premiers présidents américains et Haïti

Les premiers Présidents des États-Unis ne cherchaient pas uniquement à être des chefs d’États, mais aussi et surtout d’être de bons citoyens américains. Ils savaient que leur mission était plus grande qu’eux. George Washington, le premier des présidents, a fait tout pour avoir un comportement exemplaire. Il avait vu cela comme son principal devoir envers sa patrie. « Car, on construit une grande nation sur des modèles de grands chefs d’États, patriotes et intègres ».

(A SUIVRE) :

George Washington, John Adams et Thomas Jefferson, les 3 Premiers Présidents des États-Unis et Haïti.

Sources et References:

George Washington and slavery George Washington and slavery – Wikipedia

La Nouvelle-France : Nouvelle-France — Wikipédia (wikipedia.org)

Histoire de la Nouvelle-France: Histoire de la Nouvelle-France — Wikipédia (wikipedia.org)

La Guadeloupe devient française, 28 juin 1635 : 28 juin 1635 – La Guadeloupe devient française – Herodote.net

La Martinique devient française : https://www.herodote.net/15_septembre_1635-evenement-16350915.php

La Colonie de Saint-Domingue : Saint-Domingue (colonie française) — Wikipédia (wikipedia.org)

Histoire des États-Unis : Histoire des États-Unis — Wikipédia (wikipedia.org)

La Nouvelle–Angleterre : Nouvelle-Angleterre — Wikipédia (wikipedia.org)

Guerre de la Conquête : Guerre de la Conquête — Wikipédia (wikipedia.org)