Vision apocalyptique pour Haïti selon les Lalime : de prédictive en prospective

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PAR ERNO RENONCOURT

Alors qu’une prospective indigente onusienne veut bousculer Haïti vers un gangstérisme d’État, un brillant économiste haïtien laisse voir, dans une pertinente analyse, que le climat de terreur, que font régner les gangs, a été prédit depuis environ 80 années. Toute la question est : pourquoi ceux qui savaient, pouvaient et devaient n’ont rien fait pour empêcher la chute ?

Mercredi 17 mars 2021 ((rezonodwes.com))–

Il ne fait plus aucun doute que la vision proposée par les Nations Unies pour Haïti, à travers l’engagement prospectif de Mme Helen La Lime est celle menant vers une barbarie innommable sous couvert d’une démocratie à minima fédérée autour des gangs sous le leadership du PHTK. C’est un peu tard, mais c’est quand même intéressant de savoir que tout Haïti accepte enfin comme certitude que la stabilisation souhaitée dans les déclarations n’est qu’une prospective apocalyptique menant vers la légitimité d’un gangstérisme d’État.

Ce 15 mars 2021, dans les colonnes du Nouvelliste, l’économiste haïtien Thomas Lalime, qu’on ne présente plus, nous laisse voir que ce gangstérisme acté dans les faits, mettant en suspens la vie d’environ 12 000 000 d’habitants, a été prédit depuis des décennies par des Haïtiens Haïtiens visionnaires qui ont eu le courage de prédire l’avenir pour ceux qui allaient les succéder. Mais pour instructif et pertinent que puisse être l’article de monsieur Lalime, il ne déçoit pas moins en ce que sa chute ne nous laisse le choix qu’entre l’errance de la fuite ou l’errance de l’attente d’être dévoré par les monstres déchainés.

De Thomas à Helen, la rime est flippante sur toute la ligne

Ainsi, sans même avoir de lien de parenté (mais encore, que sais-je ?) de Thomas à Helen, il n’y a pas que les noms de famille qui riment ; la vision, qu’ils ont aussi d’Haïti, résonne d’une même chute apocalyptique : l’une est prédictive, l’autre est prospective ! Chez l’un, l’effondrement est une fatalité assombrissante ; chez l’autre, c’est une dynamique engageante. L’Haïti de Thomas, cartographiée par l’économiste Lalime converge imparablement vers l’Haïti d’Helen voulue par la diplomate La Lime. Quelle rime angoissante pour l’avenir ! Alors que la venue prochaine du printemps devait laisser augurer un renouveau pour aller vers l’inespéré !

Surfant sur cette rime flippante sur toute la ligne, je ne peux qu’assumer mon destin de polémiste. Et au risque de paraitre éternellement désagréable, je ne peux qu’enfiler mon costume provocateur et proposer à Thomas une piste divergente et plus structurante, car porteuse d’une utopie collective.

L’avenir entre passé et présent

Mon propos n’est pas de contredire l’analyse de Monsieur Thomas Lalime. Car on est tous unanime à reconnaitre qu’il y a des montres affamés qui sont lâchés dans le shithole. Mais là où cette information dérange, c’est de savoir qu’il y a plus de 80 années depuis que le réveil de ces monstres avait été prédit. En conséquence, cela me semble assez simplifiant que Monsieur Thomas se soit contenté, avec le potentiel analytique de ses compétences, de nous dire que le gouffre vers lequel nous nous précipitons a été prédit, on ne peut que l’accepter. De sorte, qu’un bon maitre de cérémonie pragmatique puisse nous proposer d’y aller en folie, puisqu’après tout l’avenir d’un shithole est dans le gouffre !

Mais tout humour écarté, ce que je veux dire c’est qu’aussi juste et fidèle que soit une prédiction, elle n’est pas une fatalité. Elle ne fait qu’offrir une trame pour l’action responsable. De sorte que la vraie question, la seule question est de savoir comment une information aussi terrifiante pour l’avenir d’un pays, disponible depuis 1936, n’ait pas été exploitée intelligemment par ceux qui devaient et qui pouvaient ? Pourquoi des signaux d’alerte lancés depuis si longtemps n’ont pas permis de faire les manœuvres habiles pour inverser la trajectoire de la chute ?

Depuis toujours, il est admis que  »Gouverner, c’est prévoir ». Or, prévoir suppose d’accéder à des informations stratégiques en avance pour mieux agir. D’où les stratégies d’apprentissage profond mises en place dans les pays développés pour faire de l’intelligence artificielle l’arme qui rapprochera l’humanité davantage de la vérité et de l’éternité. Mais voilà que monsieur Thomas Lalime nous permet de comprendre qu’en Haïti des réseaux d’intelligence, des centres de décision, des générations d’économistes, de statisticiens, d’administrateurs, de planificateurs, de géographes et d’architectes savaient que le pays allait se transformer en un shithole apocalyptique, mais n’ont rien fait pour empêcher cette sombre prédiction.

Au vrai, monsieur Thomas Lalime sait, comme beaucoup de ceux qui côtoient les statistiques que l’avenir n’est pas ce qu’il nous arrivera dans vingt ans, mais ce qu’on en fera certainement. Et c’est toujours en se confrontant aux incertitudes que contiennent le présent, à partir de l’analyse des faits passés, que l’on prépare l’avenir. Comme je ne cesse de le dire depuis 2005 (on n’a qu’à consulter les archives du Nouvelliste et du quotidien Le Matin), le drame pour Haïti pays n’est pas tant d’être confronté à l’échec. Car l’échec est un élément structurant du processus vital. Le drame pour Haïti est de ne pas avoir d’avant-garde consciente et éthique capable de consentir aux sacrifices pour lui permettre de vivre les incertitudes comme un apprentissage et planifier la transmission des valeurs fortes au service de la cohésion d’un espace de vivre ensemble. Et c’est assez effrayant pour l’intranquille idiot que je suis de voir qu’un brillant économiste du calibre de Monsieur Thomas Lalime n’a rien à proposer à la population que cette sombre fatalité d’attendre d’être dévorée par des gangs.

Les rares et pauvres niveaux de lecture que j’ai eus, par mon parcours académique peu reluisant, m’ont laissé comprendre que la vraie intelligence est celle qui est capable de frayer un chemin dans le chaos pour proposer une espérance à ceux qui agonisent et désespèrent. C’est Jean Piaget, je crois, qui postule que « l’intelligence n’est pas ce que l’on sait, mais ce que l’on fait lorsqu’on ne sait pas ». Ainsi, le problème haïtien n’est pas de savoir ce que Madame Helen La Lime veut faire de nous, mais ce que nous devons faire de ce que Madame La Lime cherche à faire de nous. Aussi assombrissante que soit une réalité, il y a toujours un moyen de faire jaillir une étincelle pour forcer le passage dans l’obscurité. Dès lors, on comprend mieux que s’il n’y a pas de réaction conséquente venant des réseaux haïtiens de savoir à la volonté de l’ONU d’imposer à Haïti un gangstérisme d’État, c’est simplement parce que ce pays n’a aucune intelligence, malgré ses légions de diplômés et ses bataillons d’universitaires. par son article, monsieur Thomas Lalime a apporté la preuve de ce que nous ne cessions de dire de puis longtemps : le malheur haïtien est que ceux qui ont accédé au savoir académique et au pouvoir (politique et économique), et qui sont mieux placés pour changer les choses, sont trop médiocres humainement pour agir avec intelligence.  Le savoir aux mains de ceux qui ne savent pas comment l’utiliser n’est qu’une futilité. Monsieur Thomas Lalime vient, sans le savoir, de m’aider à prouver l’insignifiance académique haïtienne et donc de la pertinence du rayonnement indigent qui s’est propagé et a enfumé la conscience collective pour faire d’Haïti ce lieu d’indigence.

Insignifiance académique

 J’espère que Monsieur Thomas Lalime comprendra que ma réaction n’est pas contre sa personne. Mais que je vise globalement ces écoles prestigieuses, ces universités prestigieuses que nous avons fréquentées et qui ont vendu le mythe d’être des temples d’excellence, alors qu’elles n’ont produit que des gens malicieux qui ont appris à survivre ou à réussir au prix de toutes les indignités.  Au risque de me faire traiter d’aigri, je veux faire le procès de ces écoles et de ces universités qui délivrent des diplômes à des gens qui n’ont aucune valeur. Car si ce pays possédait de vrais statisticiens, on aurait depuis longtemps produit des études pour montrer l’influence malsaine de ces écoles et de ces universités dans le rayonnement indigent qui enfume Haïti.

En 1991, en 3eme année d’études universitaires à la faculté des sciences, en plein coup d’état, j’ai abandonné cette filière que voulaient mes parents parce que là où je galérais pour obtenir un 64 de moyenne et espérer un examen de rappel, j’avais fini par voir que 98% de ceux et celles qui réussissaient avec de fortes moyennes, dans cette faculté, ne faisaient que tricher ou bénéficier de la paresse des professeurs. Je suis certain qu’il n’y aura pas beaucoup de monde pour confirmer avec moi que dans certaines filières de cette emblématique faculté, certains professeurs, de triste renommée, donnaient presque systématiquement les mêmes examens en multipliant les coefficients par 10. Tandis que d’autres photographiaient leurs examens à même les ouvrages corrigés que les plus malicieux monopolisaient toujours par avance. Est-ce étonnant que la faculté des sciences, qui prépare des ingénieurs et des architectes, a été le premier bâtiment à être détruit par le séisme du 12 janvier 2010 ? Est-ce étonnant que les Travaux Publics, la Téléco ( aujourd’hui NATCOM), la DINEPA (anciennement CAMEP) et l’EDH, espaces institutionnels dans lesquels ont exercé de nombreux ingénieurs provenant de cette faculté, n’aient jamais pu délivrer le moindre service de qualité à la population ? 

Dans tout autre pays, n’aurait-on pas remis en question depuis longtemps la valeur et le prestige de cette école d’ingénieurs ? Pourtant, en Haïti, nous continuons de célébrer malicieusement tout ce qui échoue, juste parce que nous y avons des accointances et des intérêts. Encore faut-il dire que cela ne concerne pas uniquement la faculté des sciences.  Car une bonne partie des professeurs qui enseignent l’administration, la gestion, la planification dans les universités haïtiens sont des gens qui ont conduit le pays à sa faillite, soit par corruption, soit par négligence, soit par incompétence. On peut se demander d’ailleurs comment l’administration publique haïtienne n’a jamais eu de défection et de démission de cadres universitaires, en dépit de la corruption qui y sévit. D’ailleurs, il faut se demander si, aujourd’hui avec la nature criminelle de l’État, les fonctionnaires publics ne sont pas davantage au service des gangs que du pays. On se rappellera que l’ancien directeur de la Conatel, qui avait préféré sauvegarder son poste au lieu d’aider la commission justice du Sénat de la République à remonter la filière des appels téléphoniques que se passaient gangsters et hommes politiques, a été un  »brillant étudiant » de la faculté des sciences. On essaiera de ne pas oublier que l’ancien candidat à la présidence et actuel ministre de ce gouvernement gangstérisé a été  »un brillant » étudiant de la faculté des sciences. Pour ne citer que ces deux cas.

Alors, avant qu’on mette ma tête à prix pour ce déballage, j’aime autant dire que je n’ai rien à envier à ceux qui ont un brillant parcours universitaire. D’ailleurs, je me suis heureusement réorienté vers d’autres formes de savoir et d’apprentissage qui ouvrent la voie à des trajectoires de vie plus dignes, plus intranquilles et plus humainement gratifiants que les reluisants parcours académiques. C’est d’ailleurs de là que vient mon insolence et mon entêtement à démystifier l’imposture académique haïtienne qui est en grande partie responsable de nos malheurs. Car l’intelligence, n’est pas dans le titre et le diplôme, mais dans la capacité à utiliser les informations disponibles pour lutter contre les incertitudes. C’est ce que nous dit tout au moins Edgar Morin dont nous citons: « plus puissante est l’intelligence générale, plus grande est sa faculté de traiter des problèmes spéciaux ». Or, toujours selon Morin, l’intelligence n’est rien d’autre que la capacité de mobiliser et de traiter le maximum d’informations pour mener la lutte multiforme contre les défaillances.  

Tout cela permet de comprendre que l’universitaire haïtien est médiocre par sa neutralité et sa disponibilité à se bousculer vers les réseaux d’accointance pour sécuriser des zones de confort au détriment de la vérité. Regardez le profil des ministres du pouvoir Têt Kale dans ses deux versions : que de brillants universitaires ! Mais quelle puanteur institutionnelle !  Je m’empresse d’ajouter qu’on aurait tort de croire que c’est parce qu’ils revendiquent une idéologie réactionnaire. Car en Haïti, les réactionnaires comme les progressistes se partagent les mêmes médiocrités humaines. A droite comme à gauche, on ne cherche votre collaboration que si on peut vous exploiter comme homme de main et esclave. D’où cette exigence de soumission et d’allégeance aux réseaux d’accointances pour réussir.

Refus d’apprentissage

Qui peut montrer des exemples de transmission d’engagement et de sacrifice pour la vérité entre les générations, de 1987 à 2020, en Haïti ? Si quelqu’un écrit un article et qu’un autre ose prendre le contre-pied des idées défendues, en proposant un autre angle d’analyse, selon que celui-ci n’est pas du réseau d’accointance de celui-là, on fera de lui un aigri. Si quelqu’un propose de mettre en contexte ses retours d’expérience pour montrer combien il est difficile d’être un professionnel compétent et éthique en Haïti, ceux qui ont peur de l’authenticité feront de lui un « citoyen qui veut paraitre ». Car, ici, pour avoir le droit de paraitre, il faut appartenir à ces espaces qui vivent d’accointances et d’entre soi.  

Ce ne sont pas les gangs qui sont le plus gros danger pour Haïti, mais le déficit humain qui empêche de consentir les risques pour apprendre de nos incertitudes afin de transmettre des valeurs fortes aux générations futures. Toutes les failles de l’écosystème sont concentrées dans cette tare de la conscience qui pousse vers les zones d’accointance, de tranquillité et de réussite facile. Nous avons appris à déserter les réseaux d’intelligence qui demandent toujours du courage, de l’authenticité et une prise de risque pour affronter les incertitudes. Je trouve curieux, qu’en sa qualité d’économiste, monsieur Thomas Lalime ne se soit pas demandé, dans ce contexte de résurgence dictatoriale, pourquoi malgré la certitude de la corruption qui gangrène l’écosystème haïtien, médias, acteurs étatiques et non étatiques aient toujours privilégié la médiatisation des technologies pour une économie, qui s’est horriblement criminalisée pendant ces 60 dernières années, sans parallèlement militer pour outiller technologiquement et méthodologiquement la justice ? Or, de toute certitude, il n’existe aucun autre modèle d’affaires que l’industrie du crime qui puisse rechercher le meilleur outillage technologique pour la performance économique et financière en laissant la justice à terre, couverte de boue et d’indigence.

N’est-ce pas hypocrite de dénoncer aujourd’hui la suprématie des gangs quand on n’a rien fait de concret pour déjouer toutes les prévisions, toutes les prédictions ? En 2002, l’universitaire Louis Naud Pierre écrivait que l’État de droit était menacé en Haïti par la criminalisation[1] de l’économie qui crée des connexions mafieuses entre hommes politiques, hommes d’affaires et hommes à tout faire. Qu’ont fait les universités haïtiennes pour prévenir ce risque ? Mais le plus étrange dans tout cela est de voir que ceux qui dénonçaient des faits pour obtenir leur reluisant diplôme sont devenus, une fois diplôme en poche, de zélés indigents promoteurs de la réalité mafieuse qu’ils dénonçaient. Et que dire de ces groupes socioprofessionnels qui maximisent la croissance de leur business privé en se présentant comme des chroniqueurs neutres, analysant des faits économiques derrière leur micro, alors que les membres de leur organisation font, discrètement, la pluie et le beau temps dans tous les gouvernements, ministères et cabinets techniques, leur apportant ainsi de juteuses opportunités d’affaires et de contrats en retour.

Au risque de paraitre, comme un empêcheur de tourner en rond, je pense contrairement à monsieur Lalime que le monstre qui dévorera Haïti n’est pas la prolifération des gangs, mais la médiocrité (ici prise comme absence d’intelligence éthique) qui va si bien à ceux qui réussissent dans l’ombre de toutes les indignités. Car les gangs de rue qui sont, certes, armés, ne sont pas les gangs les plus dangereux du pays. D’ailleurs, ils ne doivent leur existence, ou mieux leur nuisance, qu’à la toute-puissance des gangs de salons que nous avons tous peur de nommer et que nous côtoyons dans les espaces d’entre soi qui conditionnent nos petites réussites.  Car, ici, une fois que vous aurez pris parti pour la vérité, vous êtes blacklisté partout. Du reste, ce sont les mêmes réseaux financiers qui nourrissent et alimentent et les progressistes et les réactionnaires. Et c’est justement pourquoi malgré l’éclairage des prédictions, on ne peut faire jaillir l’intelligence. Tous les espaces de la société civile sont des lieux d’entre soi, d’accointances et de passe-droits. Alors, pourquoi s’étonner quand les politiques et la rue s’approprient les mêmes contre valeurs ?  

En 2005, j’avais proposé au Nouvelliste un texte dans lequel j’écrivais que le malheur haïtien résidait dans son cruel déficit d’anticipation. Or, gouverner, c’est prévoir, et prévoir c’est accéder à des données structurées pour agir plus habilement en amont. J’avais déjà compris qu’en Haïti, on préférait subir et accuser l’autre. J’avais postulé que ce pays n’avait « pas la culture des données ! Pourtant, à en croire les Curriculum Vitae qui circulent çà et là, ce pays regorge d’ingénieurs, de planificateurs, de statisticiens, d’experts et de docteurs de tout poil. Pourquoi leurs savoirs ne sont-ils que livresques ? Pourquoi une fois confrontés à la réalité incertaine, qui ne souffre pas de nos maux, ne rit pas de nos joies et ne vit pas de nos vies, ils se montrent impuissants…ou pour répéter l’autre : ils deviennent des experts de l’échec et de la faillite [2]? ».

Et comme, à cette époque, dans toutes mes chroniques, j’insistais sur cette déficience analytique, un éminent professeur de sciences sociales et éditorialiste, qui sans doute conseillait les princes, m’avait fait poliment comprendre, dans un éditorial, sans me citer, qu’on ne gouvernait pas un pays uniquement avec des données. Oserai-je dire à ce brillant universitaire que toute l’épistémologie du big data qui reconfigure l’avenir du monde, par l’intelligence artificielle, repose sur des données structurées. Voilà la preuve que notre écosystème a horreur de l’apprentissage, ce que je disais en 2005, reste encore valable en 2021. Mais entretemps, moi j’ai appris que si cela est ainsi, c’est parce l’écosystème haïtien est un lieu de déshumanisation. Et dans un tel lieu, on ne résout pas les problèmes, on les transforme en ressources de survie, on en fait des scènes de divertissement offrant le spectacle d’une grande comédie de ratés. Ainsi s’est mise en place la dynamique apocalyptique des La Lime.  

CQFD : Éduquer à devenir humain

 J’aimerais rappeler à ceux qui supportent mal mon goût pour l’intranquillité que la démocratie ne peut se construire que par la provocation intelligente, par l’acceptation des conflits et la tolérance des divergences structurantes qui sont les ferments de la créativité. Il faut contester la parole des experts pour faire vivre une parole plus courageuse qui offre une meilleure garantie de qualité. Ainsi, je termine avec ces quatre mots pour apporter la preuve de ce qui fait défaut à ceux qui ont les titres en Haïti. En effet, il leur manque :

  • Du Courage pour prendre les risques de dire la vérité ;
  • De la Qualitépour oser aller à l’encontre du succès facile et trouver des idées inédites dans ce qui parait banal ;
  • Du goût pour le Farfouillage pour bouleverser, provoquer et innover par l’intranquillité ;
  • De la Dignité pour apprendre à vivre pour des valeurs et non pour des succès précaires).

Il est permis de croire, et c’est ma grande utopie, qu’en trouvant le courage de rechercher la qualité dans ce qui est inédit, en farfouillant, même le farfelu, pour laisser briller des parcours de vie plus dignes, Haïti se remettra debout en suivant l’enseignement de la nature : avoir la patience et l’entêtement de l’eau qui ,refusant d’être confinée, finit par percer la roche qui lui fait obstacle aussi imposante soit elle. Mais pour cela, il faut qu’Haïti dispose de gens avec une autre forme d’humanité, pour qu’ils sachent mieux utiliser le savoir non plus pour faire commerce de la médiocrité mais pour aller vers la qualité par l’intranquillité. Voilà pourquoi l’espérance pour Haïti est de se donner les moyens de repenser son modèle éducatif vers des objectifs moins mesquins que réussir sa petite vie professionnelle et familiale ou devenir employeur. Haïti doit apprendre à devenir humain. Il faut savoir commet dissiper la déshumanisation qui règne en ce lieu pour que les choses reprennent leur place.

[1] https://www.cairn.info/revue-droit-et-societe1-2007-1-page-123.htm

[2] https://lenouvelliste.com/article/18256/des-eaux-qui-nous-inondent

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