Haïti|Journal Le Monde :« Il est temps pour les amis d’Haïti de s’élever contre un gouvernement anticonstitutionnel, corrompu et répressif »

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Le régime du président Jovenel Moïse, dont l’opposition ne reconnaît plus la légalité, recourt à un arbitraire qui rappelle les années Duvalier, dénonce, dans une tribune au « Monde », l’écrivaine Evelyne Trouillot, qui exige la libération de 23 personnes arrêtées début février.

Lundi 15 mars 2021 ((rezonodwes.com))–

Il y a plus d’un mois que le gouvernement de Jovenel Moïse, jugé inconstitutionnel par l’opposition haïtienne et par la plus haute instance judiciaire du pays, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ), a arrêté 23 citoyens et citoyennes sous prétexte de « tentative de coup d’Etat ». L’arrestation elle-même, le 7 février, s’est faite dans des conditions reflétant le caractère arbitraire et répressif de ce régime massivement rejeté par la population : aux environs de 2 heures du matin et au grand mépris de la procédure.

Bien avant le 7 février 2021, date à laquelle son mandat a pris fin constitutionnellement, Jovenel Moïse avait commencé à afficher des tendances dictatoriales. Les massacres dans les quartiers populaires pour réprimer les velléités de protestations et de revendications, les arrêtés et décrets anticonstitutionnels, les révocations et nominations intempestives, les attaques contre les journalistes, entre autres, montraient déjà la pente suivie par le régime issu du Parti PHTK [Parti haïtien Tèt Kale, de l’ancien président Michel Martelly].

Violence et répression

Depuis l’arrivée au pouvoir de Jovenel Moïse, en 2017, la situation économique du pays s’est aggravée, la corruption s’est généralisée, la violence et la répression ont envahi les quartiers populaires, en particulier les kidnappings et les répressions de toutes sortes ont jeté un voile de terreur sur le pays dans son ensemble. Cette accusation de complot contre la personne du président ou contre la sûreté intérieure de l’Etat pour justifier des arrestations arbitraires et intimider la population n’est pas nouvelle. Ceux et celles qui sont nés ou ont grandi pendant les années du régime des Duvalier [1957-1986] ont reconnu cette manœuvre pour ce qu’elle est : une tentative grotesque de justifier l’arbitraire par un régime qui ne peut gérer que par la violence et la répression.

Des citoyens et citoyennes honnêtes, des fonctionnaires intègres, certains à l’âge de la retraite, se retrouvent enfermés depuis plus de trente jours dans des conditions pénibles. Dans la nuit du 13 au 14 février, la chirurgienne Marie Antoinette Gautier – détenue avec son mari l’agronome Louis Buteau, et sa sœur l’inspectrice générale de la police nationale Marie Louise Gautier – a aidé une codétenue à mettre son bébé au monde. L’ambulance tardait à venir, il était environ 3 heures du matin.

Sept jours plus tôt, à peu près à la même heure, le gouvernement avait pourtant pu envoyer une troupe d’agents lourdement armés de l’unité de la brigade responsable de la sécurité du président pour procéder à l’arrestation de 23 personnes.

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