15 novembre 2025
Les dits et les non-dits du discours de Jovenel Moïse! par Claudy Auguste
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Les dits et les non-dits du discours de Jovenel Moïse! par Claudy Auguste

Port-au-Prince, mercredi 8 février 2017 ((rezonodwes.com)).- Avec la prestation de serment de Jovenel Moise et son entrée en fonction, c’est la conclusion d’un long processus électoral entamé en août 2015, sous le régime tèt kalé, et qui a consacré la victoire du PHTK ayant raflé presque tous les sièges au Parlement, même quand on ne sait pas encore lequel des trois sénateurs par département, est le premier ou le deuxième. La cérémonie de passation de pouvoir s’est déroulée loin des manifestants, tenus en respect par la police,




Sans faire la moindre référence à la date symbolique du 7 février 1986 ayant conduit le peuple haïtien à la liberté de parole, d’association et de réunion, le nouveau président de la République, Jovenel Moise, a opté de préférence pour une minute de recueillement à la mémoire de quelques sympathisants tombés en cours de route. D’entrée de jeu, après une cérémonie œcuménique célébrée sur la pelouse du Palais national, à l’initiative de « Religions pour la paix», Jovenel MoÏse, en s’adressant à la nation, a défini les grandes lignes prioritaires de la politique de son administration pour le prochain quinquennat (2017-2022), ce qui met automatiquement fin aux palabres voulant que son mandat a commencé l’année de l’élection.

Applaudis par de nombreux badauds massés aux abords du Palais national, le nouveau chef de l’État se veut être un « rassembleur » et celui qui viendra redresser la barque de l’économie haïtienne que, sans en faire mention, son parti a fait plonger dans une situation désastreuse. Aujourd’ hui, le taux de la gourde qui était en-dessous de 50 gourdes pour 1 dollar, en 2011, avoisine les soixante-dix pour un billet vert.

Tantôt en créole et tantôt en français, en présence du président dominicain Danilo Medina, dont le pays est devenu, depuis quelques temps, un catalyseur et un partenaire incontournable pour Haïti, dans la région, M. Moïse aurait voulu faire croire que la présidentielle de 2015 était « sans faute » puisqu’il est toujours, malgré vents et mariées, parvenu au bout du tunnel. Parlant avec fermeté, mais d’un ton nuancé, comme pour donner une réponse directe à son prédécesseur, Jocelerme Privert, le nouveau locataire du Palais national a déclaré : « Plus jamais sous mon administration, la justice ne sera instrumentalisée à des fins politiques ». Une façon pour le nouveau président de rejeter subtilement le rapport de l’UCREF l’épinglant pour « blanchiment des avoirs», un mauvais son de cloche qui aurait valu autour de lui moins de grands dignitaires internationaux.
« Jou-a rivé pou nou met tèt ansanm »




Comme pour demander au peuple haïtien de s’unir autour de lui, M. Moïse a lancé, depuis le haut de sa tribune aménagée dans l’enceinte du Palais national :« Jou a rive pou nou met tèt ansanm…». Le chef de l’État, contesté par ses trois immédiats poursuivants, lors de la présidentielle de novembre 2016, s’est dit conscient de la lourde tâche qui l’attend pour permettre à la démocratie de vaincre, un vain mot quand l’on sait que depuis 31 ans, la nation se cherche encore un rassembleur avec des idées modernes, sans qu’il soit le moindrement soupçonné de corruption.

Plus loin, il a lancé : « Je m’engage à travailler du premier jour jusqu’au dernier jour de mon mandat, en février 2022». Le 58e président de la République d’Haïti se veut aussi rassurant quant à ses promesses électorale. Devant les milliers de téléspectateurs, auditeurs et invités rassemblés pour faire du 7 février 2017 un événement mémorable, M. Moïse a cru devoir annoncer des résultats positifs de son quinquennat. Reste à savoir si le président Moïse va faire la route avec l’équipe de 2011-2016 qui ont tari, selon un rapport de la Commission-Latortue, le fonds Petro Caribe, qui servait de source de financement de petits travaux d’infrastructures, avec des contrats octroyés de gré à gré signés avec les Dominicains de Danilo Médina.

Jovenel Moïse, qui reconnaît que « notre responsabilité est grande», a compris que la présidence n’est pas une mince affaire. Toutefois, il a admis que « l’avenir d’Haïti ne sera que ce que nous en ferons aujourd’hui ».

Son programme d’agriculture, cher au nouveau président qui, cependant (qui n’a jamais révélé le nombre de versements qu’il a effectués en restitution des prêts obtenus de l’État haïtien) est mis en exergue dans son discours inaugural, qui a été suivi par toutes les couches sociales de la population, y compris les haïtiens d’outre-mer.« Nous allons mettre en valeur les terres », a-t-il avancé, sous des applaudissements nourris. Pour le jeune président, que son mentor, Michel Martelly, a imposé au parti PHTK, l’été 2015, Haïti sera économiquement prospère quand il va «impulser » une politique d’émergence. Un défi de 2030 que s’était donné un ancien Premier ministre ayant constaté que à cause du sous-développement à l’émergence, les pas à faire, sont énormes.

Le président, qui n’a pu réunir autour de lui, que l’ex-général putschiste Prosper Avril, ainsi que René Préval et Michel Martelly, tous des anciens chefs d’État d’Haïti, en vie, pendant qu’il s’adressait à l’assistance, a eu le mérite de signifier à la face des adversaires et détracteurs que « ma victoire n’est pas celle d’un clan, mais celle de tous les Haïtiens ».

Évoquant les problèmes juridiques auxquels il est confronté Jovenel Moise, durant sa candidature à la présidence, il souhaite qu’elle soit «impartiale et équitable» a-t-il lancé. La nation devrait en prendre note pour le suivi du dossier de L’UCREF, surtout à cette phase des débats, après le réquisitoire supplétif émis la veille par le Commissaire du gouvernement Danton Léger demandant au juge d’instruction Breddy Fabien d’ «approfondir les enquêtes en auditionnant davantage de personnes d’intérêt dans le dossier , dont l’épouse du président ». On ne peut prédire ce mijote le nouveau président, eu égard à l’affaire UCREF. Seuls ses premiers actes permettront de voir claire dans son jeu politique. Il faut suivre de près ses dispositions concernant ceux qui ont été chargés du dossier incriminant et les fonctionnaires qui sont à l’origine de l’affaire. Plus important encore, il faut attendre pour voir si les recommandations du commissaire du gouvernement seront suivies par ceux qui hériteront du dossier.




L’autre point marquant du chapitre de la « justice », que Jovenel Moise a annoncé son intention de renforcer, c’est la constitution d’un CEP permanent. De ce côté, une ré for me institutionnelle s’impose pour éviter que chaque membre du CEP (provisoire) ne soit pris pour un mercenaire, selon une perception de la population. C’est à ce carrefour que ce nouveau pouvoir est attendu, car effectivement, il faut en finir avec ce « provisoire » qui remonte à plus d’un quart de siècle. Il en sera de même pour compléter la Cour de cassation traitée en parent pauvre, et dont des membres étaient infectés l’année dernière par le « virus du présidentite ». Jovenel Moise s’installe au Palais national, au beau milieu d’un scandale caractérisé sur un crime financier. Il est un présumé innocent, néanmoins que l’étiquette péjorative de « président inculpé» sonne très mal pour un chef d’ État d’un pays sous-développé qui peine à se relever après deux grands événement majeurs :. Le séisme du 12 janvier 2010 et l’ouragan Matthew d’octobre 2016. Le président Moïse a étalé de jolis points qui font rêver d’une autre Haïti, mais au moment où l’on verra apparaître dans son entourage les vieux démons d’hier, le constat sera triste.

Décentralisation, autonomie, justice impartiale… des mots pour la galerie, ces terminologies y vaudront toujours tant que l’impunité continue de régner en maître chez nous, car la charité bien ordonnée commence par soi-même et que « la femme de César ne doit pas être soupçonnée ». Un grand absent, au fastes du 7 février : Guy Philippe, qui a mené campagne auprès du président Moïse dans la Grand‘Anse. Ironie du sort, le sénateur élu est allé faire de la prison quand un prisonnier en est longtemps sorti pour prêter serment et devenir sénateur, en vue de parer à toute éventualité de quorum infirmé, le mardi 7 février 2017.

D’aucuns diraient qu’il faut accorder une période de grâce au nouveau président, afin de voir dans quelle direction il va lancer la barque nationale. Jovenel Moïse, qui s’est montré « humble » lors des visites téléguidées dans certains medias de la capitale, n’est pas revenu sur son projet de loi sur la « diffamation », car justement, un 7 février, la parole était libérée. Malheureusement, le chef de l’État n’a rien dit de cette date symbolique, car, en effet, si le 7 février 1986 n’existait pas, il n’y aurait jamais ni un Jovenel Moïse ni une Martine Joseph au Palais national, qui était la chasse gardée des Duvalier.

cba (Claudy Briend Auguste)

(extrait du texte original publié par Haiti-Observateur)

 

1 Comment

  • Exent Pierre Louis 11 février 2017

    l wish the President welcome for the speech, but l need to congratulation the ceremony and the preparation in the palace of Haiti. We are waiting for the changement and Amendment of the Constitution. If the speech of the President said that, he will prepare Haiti for the people also the Haitian the other Countries can come back to create the Business. My question for the Parliamentary and Senator what types of Laws their prepared for the nations and Security protections for the Land of beautiful country of Haiti. God will Bless the nations and visiting the nation of Haiti.

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