Haiti/Dictature : Après la fin du mandat de Jovenel Moïse constatée par le Pouvoir Judiciaire , quelle sera la position des organisations de la société civile face aux dérives du dictateur ?
Mardi 9 février 2021 ((rezonodwes.com))– Le 7 Février 2021 le Pouvoir Judiciaire, représenté par le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire , déclare constater la fin du mandat constitutionnel de Jovenel Moïse.
Malgré ce constat , Jovenel Moïse s’accroche au pouvoir. En plus, il fait extirper de son lit en pleine nuit, maltraite et emprisonne un juge à la Cour de Cassation.
L’apprenti-dictateur devient de plus en plus féroce et cynique dans ses actions. Il a sorti un arrêté mettant à la retraite les juges Yvickel Dieujuste Dabrésil, Wendelle Coq Thélot et Joseph Mécène Jean Louis.
Cependant , le 26 décembre 2002, des organisations et institutions de la société civile en Haïti, telle la ANMH (Association Nationale des Médias Haïtiens), ANADIPP (Association Nationale des Distributeurs de Produits Pétroliers), ANEM (Association Nationale des Exportateurs de Mangues), ATH (Association Touristique d’Haïti), CCIH (Chambre de Commerce et d’Industrie d’Haïti) , dans une prise de position publique, s’étaient dressées contre le pouvoir du Président Aristide et avaient exigé « le démantèlement et le désarmement des divers gangs criminels armés bien connus, la mise en mouvement de l’action publique contre des individus clairement identifiés à la tête de ces gangs, l’élargissement de prison de tous les citoyens arrêtés illégalement, la cessation de déclarations suscitant la haine et la violence, l’adoption, par le pouvoir de dispositions concrètes permettant à tous les journalistes, étudiants, professeurs et autres citoyens pourchassés et terrorisés, par des gangs armés, de reprendre leur travail en toute sécurité. »
Aujourd’hui le trublion Jovenel Moïse mis en place après un coup d’Etat électoral s’est révélé comme un violent ouragan s’abattant sur toutes les institutions du pays.
Il tente de réduire à neant la plus haute instance judiciaire du pays, sous les yeux et avec la complicité de la communauté internationale et des secteurs importants de la société civile.
Cependant les organisations et institutions de la société civile très actives en 2002 et 2003 n’ont pas encore réagi à la dernière tentative de Jovenel d’éliminer le pouvoir judiciaire en tentant de mettre illégalement des juges de la Cour de Cassation à la retraite, abandonnant ainsi une population sans défense entre les mains des gangs à la solde du régime « Têt Kale ».
L’indifférence de ces organisations et institution face au véritable calvaire que vit le peuple haitien amène certains observateurs à se poser des questions sur la position réelle desdites entités face aux dérives du pouvoir et aux gangs armés de Jovenel Moïse .
Le discours véhiculé dans certains medias , continuant toujours de traiter Jovenel Moïse comme un Président normal en fonction, alors que son mandat constitutionnel a expiré depuis le 7 février, fait de ces médias de veritables complices du dictateur Jovenel Moïse.
En 2002, ces organisations de la société civile n’étaient pas aussi « conciliantes et indulgentes ».
Pour mémoire, nous publions la position rendue publique le 26 décembre 2002 par lesdites organisations pour dénoncer une situation qui n’avait aucune comparaison avec celle que traverse actuellement Haiti, un pays livré pieds et poings lié aux mains de gangs armés et criminels ayant à sa tête un usurpateur qui a planifié la mise en coupes réglées et le démantèlement de toutes les institutions du pays avec la complicité de la majorité des organisations de la société civile , en particulier les médias.
Déclaration émise le 26 décembre 2002
Les Institutions, Regroupements et Organisations signataires de la présente, engagés dans un processus de consultation intersectorielle sur la situation du pays, ont décidé :
A – de travailler sur une base unitaire et consensuelle à l’élaboration des fondements d’un nouveau contrat social qui contribuera à la renaissance de la Nation Haïtienne et à l’amélioration des conditions de vie de tous les haïtiens et en particulier des plus pauvres ;
B – d’informer la Nation, le Pouvoir, l’OEA, la CARICOM, les pays amis d’Haïti et l’Union Européenne de leur position commune relative aux sept (7) conditions essentielles à mettre en place avant d’engager tout processus électoral crédible et démocratique en Haïti, à savoir :
La démonstration concrète et soutenue que les citoyens, quelles que soient leurs tendances politiques, peuvent exprimer leurs opinions à travers des rassemblements publics pacifiques.
Le démantèlement et le désarmement des divers gangs criminels armés bien connus qui sèment la terreur à travers le pays, notamment aux Gonaïves, à Saint-Marc, à Petit-Goâve, à Port-au-Prince et au Plateau central, ainsi que la révocation et la mise en mouvement de l’action publique contre les policiers et autres autorités publiques qui y sont impliqués.
La mise en mouvement de l’a ction publique d’une part contre des individus clairement identifiés à la tête de ces gangs armés et qui circulent librement, notamment ceux cités dans le rapport de la Commission d’Enquête de l’OEA sur les évènements du 17 décembre 2001, et d’autre part contre les assassins de Jean L. Dominique et ceux déjà identifiés de Brignol Lindor.
L’élargissement de prison de tous les citoyens arrêtés illégalement en raison de leur engagement politique et de tous ceux ayant bénéficié d’une décision de justice.
La cessation de déclarations suscitant la haine et la violence, provenant des principaux responsables du pouvoir et de leurs partisans ou de quelque secteur que ce soit.
L’adoption, par le pouvoir de dispositions concrètes permettant à tous les journalistes, étudiants, professeurs et autres citoyens pourchassés et terrorisés, par des gangs armés, de reprendre leur travail en toute sécurité et sans être inquiétés, notamment aux
Gonaïves, à Petit-Goâve, au Cap-Haïtien et à Port-au-Prince.
La mise à exécution immédiate de la coopération internationale en matière de sécurité, prévue dans le cadre des termes de référence souscrits entre le Pouvoir et la Communauté Internationale.
Les Institutions et Organisations signataires souhaitent enfin que ces demandes soient satisfaites, ou tout au moins qu’un début de satisfaction soit obtenu de manière claire d’ici le 15 janvier 2003, et qu’en conséquence elles sauront tirer, avec le Peuple Haïtien, les conclusions qui s’imposent selon les circonstances.
En conclusion
Considérant la misère indigne et la faim qui rongent la majorité du Peuple haïtien dans un contexte intolérable d’insécurité, de chômage et de corruption ;
Considérant l’injustice et l’impunité généralisées qui sapent les fondements de la société haïtienne ;
Considérant la politisation, le blocage et l’effritement des institutions étatiques et leur incapacité à apporter une solution appropriée à la crise ;
Tenant compte du blocage constaté dans la mise en œuvre des Résolutions 806 et 822 qu’a adoptées l’OEA dans sa tentative de contribuer à une sortie de crise, et auxquelles a souscrit le Gouvernement Haïtien ;
Tenant compte des multiples cris d’alarme venant de tous les secteurs de la vie nationale, entre autres ceux venus de la Conférence Episcopale d’Haïti et de la Fédération Protestante d’Haïti.
Les Institutions et Organisations qui ont endossé cette position commune s’engagent à rester unies et mobilisées et à poursuivre la concertation avec un plus grand nombre d’organisations à travers les neuf (9) départements du pays en vue d’apporter une réponse collective appropriée susceptible d’aider à sauver la barque nationale en péril. Nous invitons nos compatriotes à surmonter la peur qui nous ronge tous, afin de nous exprimer clairement, mais pacifiquement, sans violence et dans la tolérance.
Port-au-Prince, Haïti, le 26 décembre 2002
Pour authentification (une institution par secteur) :
Pour le Mouvement Syndical / Organisation Générale Indépendante des Travailleurs Chambre de
Pour le Secteur Privé des Affaires / Commerce et d’Industrie d’Haïti (CCIH) Haïtiens (OGITH)
Pour le Secteur Paysan / Mouvman Peyizan Papay (MPP)
Pour le Secteur Civique / Initiative de la Société Civile (ISC)
Pour le Secteur des Socioprofessionnels / Fédération des Barreaux d’Haïti
Pour le Secteur des Enseignants / Confédération Nationale des
Educateurs Haïtiens (CNEH)
Pour le Secteur Media et Presse / Groupe de Réflexion et d’Action pour la Liberté de la Presse (GRALIP)
Pour le Secteur des Etudiants / Fédération des Etudiants Universitaires Haïtiens (FEUH)
Pour le Secteur des Intellectuels / Un regroupement
Pour le Secteur des Ecrivains et Artistes / Un regroupement
Pour le Secteur Populaire Urbain (de base) / Vision des Organisation pour le Développement et la Démocratie (VODED)
Pour le Secteur des Associations Féminines / Mouvement des Femmes Haïtiennes pour l’Education (MOUFHED)
Pour le Secteur des Droits Humains / Comité des Avocats pour le Respect des Libertés
Individuelles (CARLI)
Pour la Profession Medicale / Association Médicale Haïtienne (AMH)
SUIT LA LISTE DE TOUTES LES INSTITUTIONS, ORGANISATIONS ET
PERSONNALITES AYANT ADHERE A CETTE DECLARATION :
Secteur Culturel (Intellectuels, Ecrivains et Artistes)
M. Raoul Peck
M. Franck Etienne
Mme Yanick Lahens
M. Gary Victor
M. Michel Hector
M. Lionel Trouillot
M. Gesner Armand
Mme Michèle Oriol
Mme Evelyne Trouillot
Mme Paulette Poujol-Oriol
M. Laà« nnec Hurbon
M. Pierre Buteau
M. Claude Pierre
M. Luc Smarth
M. Michel Acacia
M. Jean-Claude Fignolé
Mme Iris (Geneviève L. Esper)
M. Michel Soukar
Secteur Privé
AAH Association des Assureurs d’Haïti
AEA Association des Entrepreneurs de l’Artibonite
ADIH Association des Industries d’Haïti
AMARH Association Maritime Haïtienne
ANADIPP Association Nationale des Distributeurs de Produits
Pétroliers
ANEM Association Nationale des Exportateurs de Mangues
ANMH Association Nationale des Médias
Haïtiens
ATH Association Touristique d’Haïti
CCIH Chambre de Commerce et d’Industrie d’Haïti
CCISTBA Chambre de Commerce et d’Industrie de Saint-Marc et du
Bas-Artibonite
CCIPN Chambre de Commerce, d’Industrie et des Professions du Nord
CCIPSE Chambre de Commerce, d’Industrie et des Professions du Sud-Est
CFHCI Chambre Franco-Haïtienne de Commerce et d’Industrie
CLED Centre pour la Libre Entreprise et la Démocratie
FNH Fondation Nouvelle Haïti
HAMCHAM Haitian-American Chamber of Commerce
Mouvement Syndical
OGITH Organisation Générale Indépendante des Travailleurs
Haïtiens
MNTH Mouvement National des Travailleurs Haïtiens
CFOH Confédération des Forces Ouvrières Haïtiennes
FNTS Fédération Nationale des Travailleurs Syndiqués
CATH Centrale Autonome des Travailleurs Haïtiens
FETRAGA Fédération des Travailleurs de la Grand’Anse
FTN Fédération des Travailleurs du Nord
FETRASMA Fédération des Travailleurs Agricoles de Saint-Michel de
l’Atalaye
FETRAGOM Fédération des Travailleurs Agricoles de Gros-Morne
CSH Coordination Syndicale Haïtienne
CTH Confédération des Travailleurs Haïtiens
KOTA Konfederasyon Ouvrye Travayè Ayisyen
FOS Fédération des Ouvriers Syndiqués
MTCH Mouvement des Travailleurs du Cap=Haïtien
CISN Confédération Indépendante des Syndicats Nationaux
RENAFAM Réseau National des Femmes
MOPPA Mouvman Peyizan Patriyot Ayisyen
UTDL Union des Travailleurs du District de Limbé
SCCF Syndicat des Chauffeurs Coopérants Fédérés
OGETNO Organisation Générale des Travailleurs du Nord-Ouest
MOVICIH Mouvement Inter-Syndical Indépendante d’Haïti
SOST SOS Transport
CONITH Confédération Indépendante des Travailleurs Haïtiens
OTRA Organisation des Travailleurs pour l’Avancement de
l’Anse-à -Foleur
CGT Centrale Générale des Travailleurs
COH Congrès des Ouvriers d’Haïti
Secteur Paysan
MPNKP Mouvman Peyizan Nasyonal Kongrè Papay
MPP Mouvman Peyizan Papay
FENATAPA Fédération Nationale des Travailleurs Agricoles et Paysans
Haïtiens
OPK Oganizasyon Peyizan Kolèt
UPEL Union des Paysans Engagés de l’Estère
MPM Mouvman Peyizan Metaye
OPKD Oganizasyon Peyizan Kalalou pou Devlòpman
MPB Mouvman Peyizan Bombadopolis
OP4B Mouvman Peyizan Katriyèm Seksyon Baie de Henne
ATRAPCO Association des Travailleurs Paysans des Côtes-de-Fer
MPBM Mouvman Peyizan Belle Vue Mare Rouge
OPDS Oganizasyon Peyizan Dame ak Surprendre
UPFW Union des Paysans du Far-West
OFDBN Oganizasyon Fanm pou Devlòpman Ba Nòdwès
OFCBJK Oganizasyon Fanm Kòmèsan Bouk Jan Rabèl
UPAN Union des Paysans Agriculteurs du Nord-Ouest
MPA Mouvman Peyizan Akil di Nò
OPM Oganizasyon Peyizan Milo
FAPN Fédération des Agriculteurs et Paysans du Nord
MPR Mouvman Peyizan Rankit
OPDL Oganizasyon Peyizan pou Devlòpman Limonad