Jeudi 29 décembre 2016 (rezonodwes.com).- Cette petite histoire joliment concoctée par les représentants des élites économiques et certains intellectuels du pays s’ apparente étrangement à celle du cambrioleur, surpris en plein acte et qui ne trouve mieux que d’ appeler » Au secours », » bare volé » en même temps que le propriétaire de la maison.
Et, il faut une sérieuse dose de bon sens et de logique aux » bons Samaritains » accourus sur les lieux pour faire immédiatement la différence entre « propriétaire et cambrioleur » et déterminer le vrai du faux.
Mais on finit quand même et toujours par le faire: faits et évidences étant incontestables pour pouvoir être ignorés!
Telle est donc la situation ou de nombreux citoyens face au comportement de nos acteurs politiques en sont amenés à croire et sont convaincus qu’ il y a effectivement une » classe politique en Haïti et qu’ elle ait échoué..
Ils se basent sur les comportements d’ individus , occupant le devant de la scène politique juste pour faire comme si, et en être renumérés. Ils en sont amenés à le croire, en sont même convaincus!
La classe politique haïtienne a échoué!
Mais cette petite leçon de cet échec de la classe politique n’ est ni plus, ni moins l’ idée centrale d’ un processus de conditionnement des élites du pays à l’ endroit des couches moyennes et populaires.
Se donner une base et justification au fait que le » secteur économique n’ investit pas mais se soit » converti en » parti politique », ne se contentant plus d’ agir dans l’ombre et de tirer les ficelles de ses pantins.
La dite » Société Civile » s’ en réfère, s’ en sert, s’ y accroche même. Et ce, pour mieux occulter leur incapacité à jouer leur rôle face aux continuelles pulsions de changement d’ un système social et économique en décrépitude.
Comment une classe politique peut elle échouer, quand en fait elle n’ existe pas ou plutôt est en phase de constitution au gré et au pas d`un long processus démocratique?
Les trois dernières décennies n’ont été que prémices sur la voie de cette société démocratique…
Cette classe politique créée et montée de toutes pièces est donc devenue le paravent, l’ outil indispensable , le « chewing gum », la balle de ping pong de la Communauté Internationale alliée aux élites rétrogrades pour justifier leur échec à ce projet de transformation socio économique du pays, leur ayant servi de prétexte pour se défaire des Duvalier.
Un projet qu’ elles n’ ont jamais délivré, mais de vision ou de réels projets de développement, il n’ y en avait aucun!
La classe politique fictive qui aurait donc échoué sert z justifier leurs continuelles interventions dans le processus politique des trente dernières années et les coups d’ état et « corrections démocratiques ».
Sur le chemin de croix aux dix mille stations de ce processus démocratique, une classe politique ne peut qu’en être l`aboutissement et l’ un des aboutissants. Mais notre élite ne peut fonctionner au sein de structures! Elle en a horreur!
Cette tendance à mettre Haïti dans un canevas tout fait et de vouloir procéder comme si partis politiques et institutions appelées à garantir un système démocratique existaient, causent en partie notre mauvaise lecture de la situation du pays et notre incapacité à œuvrer en vue de ce changement « hypothétique ».
Comment même parler de classe politique en l’ absence de partis politiques et encore étrange que depuis le début de ce processus démocratique, aucun parti politique n’ ait accédé à la gouvernance du pays?
Le seul parti politique à s’ être approché de cette conception démocratique voulant que le pouvoir politique soit structure et géré par une vision politique est le RDNP avec Lesly Manigat, qui a osé faire sa « percée Louverturienne ».
Mais comme Toussaint L’ouverture, la percée n’ à été que de courte durée. On y a vite mis un terme aux prétentions louverturiennes du professeur, incompatibles avec les visées des élites, via les Forces Armées d’ Haïti.
Le RDNP et L’ OPl n’ ont été à date les seuls embryons de partis politiques accouchés par le processus démocratique.
Ils sont de loin ce qui se rapproche de cette définition classique de parti : Ce regroupement d’ individus aux mêmes intérêts et idées, visant l’ exercice du pouvoir avec un programme et projet politique comme guide.
D’ organisations politiques, de groupes politiques, d’ individus se donnant un discours politique et des allures de politiciens, le pays en regorge et surtout d’ affairistes politiques, on en a à revendre!
Mais de classe politique? On devrait même avoir peur d’ utiliser le terme comme repère ou élément d’ analyse. Elle ne sera peut être constituée qu’ au fil et à l’issue du processus de transformation globale enclenché il y a plus de trente ans.
S’ il y a des organisations politiques et des groupements politiques tout au cours de ce long processus democratique, ils n’ ont servi que de » bouche-trou » , de rampe d’ envoi de déchets d’une société traditionnellement non démocratique pour résister.
Ce n’ est donc pas innocent qu’ on entend souvent ce discours d’ » échec de la classe politique » avec l’ illustration d’individus émanant de plate-formes, groupes ou groupuscules ayant dirigé le pays. Il ne vise qu’ à justifier l’ injustifiable!
C’ est donc cet effort des élites pour tenter de ramener, de réduire la grande crise sociale avec effet politique à un » soi disant échec d’ une entité n’ ayant jamais existé, quand en fait elles détiennent les moyens d’ œuvrer à cette transformation sociale.
Mais nos élites ont peur de structures et œuvrent justement à ce processus de déstructuration contraire à toute instauration de la démocratie en tant que « système », tout en agitant cependant ce discours « démocratique trompeur et démagogique!
Cet échec de la classe politique » « chaplè yap woule » depuis plus de dix ans et fait passer à travers les médias, leur sert de justification continuelle aux nombreux coups d’ État opérés à leur instigation, et le régime d « outsiders » appelés à servir leurs intérêts, dont Michel Martelly et Jovenel Moïse sont les parfaits instruments.
Kathleen Desravines