La FJKL condamne l’indifférence des autorités en place sur la grave situation des déplacés-es internes

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10 décembre 1948-10 décembre 2020 : 72ème  anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH)

La FJKL condamne  l’indifférence des autorités en place sur la grave situation des déplacés-es internes

Jeudi 10 décembre 2020 ((rezonodwes.com))– Le pouvoir en place tient un double discours : l’un officiel prônant la justice, la lutte contre la corruption et d’autres valeurs  positives  et  l’autre  souterrain  qui  mobilise  les  forces  obscures  pour  la  répression  politique,  et  qui  favorise l’accord tacite avec les gangs armés, les escadrons de la mort pour semer le deuil et le désarroi dans la famille haïtienne.

Le peuple haïtien a le droit de vivre dans la dignité, la sécurité et le droit à ce que règne sur le plan social un ordre tel que les droits et libertés énoncés dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, dont ce 10 décembre 2020 marque le 72e  anniversaire, puissent trouver leur plein effet.

La situation de terreur qui sévit dans les quartiers populaires prive un grand nombre de citoyens de leurs propriétés, de leurs biens, de leur droit à un niveau de vie suffisant et à l’intégrité physique de leur personne. Contraints de quitter leurs lieux de résidence pour échapper à la terreur des gangs supportés et financés par le pouvoir, l’Etat ne se soucie guère de leur nombre, de leur nouvelle vie et de toutes les privations dont ils sont l’objet. Les évènements qui ont forcé les citoyens–nes à quitter leurs quartiers sont nombreux :

1-   Les attaques répétées au Bel-Air

Des agressions touchant les résidents-es de plusieurs quartiers du Bel Air situés dans la zone métropolitaine se sont produites à répétition, notamment en novembre 2019 et en septembre 2020. Ainsi, les évènements du Bel-Air et de la ruelle Mayard toute proche ont poussé des citoyens et citoyennes hors de leur logis. De plus, le commerce, les effets personnels et les biens meubles et certains immeubles de gens vivant déjà dans des situations difficiles sont partis en fumée.  Faut-il  souligner  que  les  femmes,  souvent  cheffes  de  familles,  sont  particulièrement  affectées.  Celles  qui s’adonnent au petit commerce dans les marchés publics doivent aussi faire les frais de pertes subites de marchandises suite à des incendies criminels.

2-   Une vingtaine d’incendies de marchés publics

Entre 2005 et 2020, au moins 17 incendies de marchés publics ont été recensés (Marchés Gerit, An Fè, Tèt Bèf, Tabarre, Bizoton, La Coupe/Kokoye, Pèpè, Croix-des-Bouquets, Salomon, Du Port…). Ces incendies souvent criminels, ne sont guère sanctionnés. Au fait, combien de procès ont été réalisés ? Combien de présumés criminels condamnés ? Combien de marchandes victimes ont obtenu réparation ? Peut-on seulement imaginer le double drame vécu par des femmes commerçantes dans un premier temps privées brusquement de leur logement par des bandits puis dans un second temps, délogées brutalement de leur espace de vente ?

Le pouvoir, hélas, est insensible à la misère et aux souffrances du peuple. Les responsables pèchent par désinvolture, négligence coupable, cruauté et amour démesuré du pouvoir pour se servir et non pour servir.

3-   Terreur au Pont Rouge

Outre des personnes tuées, blessées par balles et des corps calcinés, le quartier du Pont Rouge à l’entrée Nord de la capitale offre le navrant spectacle de maisons incendiées les 24, 25 et 26 mai 2020. De nombreuses familles connaissent alors l’amertume des déplacements forcés. (Voir rapport FJKL : Terreur dans les quartiers populaires : Pont rouge au cœur d’une stratégie électorale macabre : La Fondasyon Je Klere (FJKL) tire la sonnette d’alarme- 22/6/2020).

4-   Attaque au camp des personnes à handicap à Delmas

Le camp des sourds-muets logé sur la piste de l’aviation au bas de Delmas a été la cible de bandits qui ont mis le feu au camp et terrorisé ses occupants le 25 mai 2020. (Voir rapport FJKL-Idem)

5-   Déplacements forcés dans l’Artibonite

Au niveau de ce département, les affrontements entre les gangs de Savien, Barrage et Jean Denis provoquent en mai

2020 la fuite de nombre d’habitants de ces localités où la culture du riz prédomine. (Voir rapport FJKL : Idem)

A souligner que les chefs de gang exercent sur les territoires qu’ils contrôlent de véritables pouvoirs étatiques. Ils font payer les impôts, l’électricité, les places dans les marchés publics, les chauffeurs des camions de transports publics, les candidats  pour  leurs  meetings  et  l’affichage  de  photos  ou  affiches  publicitaires.  En  outre,  ils  rançonnent  les commerçants/petits détaillants, les hommes d’affaires, les politiciens. De plus, ils volent, détournent des camions de marchandises et réalisent des actes de kidnapping.

6-   Des familles jetées à la rue dans le Nord

Des opérations de démolition des maisons situées dans le quartier populaire de Shada 2 dans la ville du Cap-Haitien ont eu lieu le 15 juin 2020, opérations visant à intercepter des bandits. Toutefois, les grandes victimes ont été les familles qui ont vu partir leur logement sous les coups d’une excavatrice de la mairie du Cap-Haitien. A noter qu’une semaine plus tôt, un incendie majeur avait ravagé plusieurs dizaines de maisons.

En outre, c’est non sans surprise que la population a appris que le maire titulaire du Cap-Haitien a déclaré n’être pas au courant d’une telle opération et a donc nié son implication dans cette démarche.

Entre temps, des familles en désarroi, se sont retrouvées du jour au lendemain dans la rue.

La FJKL reste persuadée que refuser d’identifier, de rechercher et de juger les auteurs de graves violations des droits humains en période de troubles politiques ne peut que perpétuer le cycle de la violence et de l’impunité. C’est un obstacle à la réconciliation à long terme, à la paix et au progrès ;

La Fondasyon Je Klere (FJKL) estime qu’il est temps de mettre un terme à ce silence assourdissant sur nos déplacés- es internes dont la vie a basculé dans l’inconnu par la faute de l’Etat qui assure, en plus, l’impunité officielle à leurs bourreaux. L’Etat se doit d’identifier, de dénombrer et d’accompagner ces déplacés-es internes condamnés à la misère abjecte, la pauvreté et l’insécurité.

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