Flashback – Jeudi noir du 28 novembre 1985 : il y a 35 ans, Gonaïves a dit NON à la dictature et ce pour TOUJOURS

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De leur sang, le jeudi 28 novembre 1985, les Gonaiviens de par tradition, ont payé la lutte de la nouvelle libération d’Haïti des jougs de la dictature rétrograde des régimes duvaliéristes, le 7 février 1986. Des sympathisants et nostalgiques du régime dictatorial des Duvalier, peuvent toujours continuer à tergiverser car ce qu’Adolf Hitler n’est plus à l’Allemagne, Augusto Pinochet ne l’est pas au Chili ou encore Trujillo à la République Dominicaine, ce n’est pas en Haïti, pays classé le plus pauvre au monde depuis plus d’un demi-siècle, qu’un rejeton et ou un néo-duvaliériste endurci témoin d’une dictature féroce et humiliante, viendrait apporter des solutions réelles à nos maux que celle-ci a engendrés avec la fuite des cerveaux, a alimentés par la peur et laissés comme un lourd héritage à gérer depuis plus de trois décennies. Une démocratie qui se cherche encore comme une aiguille perdue dans le foin sauvage.

Jeudi 28 novembre 2019 ((rezonodwes.com))–Nous avions eu tous 20 ans un jour et avions toujours rêvé d’une Haïti où la jeunesse pourrait vraiment apporter sa quote-part dans la construction de cette nation et la consolidation des acquis du 7 février 1986. En dépit de tout, 28 novembre 1985 a eu toute sa raison d’être et est à refaire s’il fallait revenir dans le temps pour défier la mégalomanie de l’homme, parti de rien dans la nature et à son départ n’emportera rien avec lui, même après avoir accumulé toutes les richesses du pays ou cumulé de l’expérience dans le vol, la corruption et les détournements des fonds du trésor public.

Le Jeudi noir du 28 novembre 1985 à Gonaives a prouvé que seule la Divinité n’était pas négociable sur cette terre où pour les hommes, souvent le plus difficile à affronter est celui de la luxure, suivent ensuite la gourmandise, l’acédie, la colère, la vanité, la jalousie, l’avarice, la vengeance.

En novembre 1980, au soir de la présidentielle américaine, les donnes ont changé. Le glas a sonné pour les Duvalier. C’est la fin de l’ère-Carter qui préférait laisser les haitiens fuyant la misère et la dictature des Duvalier pour venir s’établir en Floride (Etats-Unis). En janvier 1981, Ronald Reagan entre à la Maison-Blanche et c’est le début de la fin pour toujours en Haïti du régime des Duvalier, qui a renforcé ses griffes pour réduire au silence le peuple somnolant et plongé dans la léthargie.

L’administration Reagan qui a mis le régime macouto-militaire en mode d’observation, à sa réélection en novembre 1985, exige que l’étau soit desserré et la parole libérée. C’est le nouvel ordre mondial avec la hantise du communisme chassée en Amérique et l’assurance qu’après Cuba, aucune autre nation communiste ne submergera pas dans la mer des Caraïbes. Donc, Duvalier diminue d’importance et au moindre soulèvement, il sera lâché, surtout qu’il n’a jamais été un bon élève à l’école des droits humains et de bonne gouvernance. Des idées de pluralisme politique germaient. Le PDCH sort de sa cachette et le pouvoir est paniqué.

Pour maintenir en vie la vaniteuse expression n’assoyant sous aucune structure politique solide et convaincante, à savoir que « la présidence à vie n’était pas négociable« , répression oblige, le pouvoir fait monter les enchères. Erreur, car il est parvenu justement au carrefour que l’administration républicaine Reagan l’attendait, malgré que le pire se soit produit tout récemment avec le régime tèt kalé traînant derrière lui des dizaines de cadavres et de déplacés. Par dessus-tout, celui-ci a reçu l’absolution de la communauté internationale, lui-disant à haute et intelligible voix et avec un signal sonore audible par tout malentendant que son heure n’est pas encore venue. Adelante !

A la suite des tristes événements du 28 novembre 1985, où nous étions témoins d’un temps qui s’en allait, le 7 février 1986, Jean-Claude Duvalier allait devenir un « président à vie« , toujours en vie sans être président. Dès lors, ayant appris beaucoup de choses dans sa cellule de prison aux portes ouvertes de l’exil, il a su que TOUT est négociable, et il y va de son retour au pays en 2011 pour y mourir dans presque l’indifférence totale au point qu’il n’ eut même pas de funérailles nationales. Qui l’aurait cru !

Gonaives, jeudi noir du 28 novembre 1985…NON à tout régime néo et pseudo-duvaliériste

Tout d’abord, il importe de signaler que c’est à Gonaives, pour la première fois depuis 29 ans qu’un cri de « Aba Duvalier« , était parti du marché communal quelques mois auparavant. Ironie de l’histoire, en 1985, l’exhibition par les manifestants gonaiviens de l’actuel bicolore Bleu et Rouge lequel avait recouvert le cercueil du défunt-dictateur Jean-Claude Duvalier en octobre 2014 dernier, avait occasionné une véritable chasse à l’homme et l’incarcération de M. Pollux Saint-Jean, libéré post-7 février 1986.

Le 28 novembre 1985, collégiens et lycéens ont boudé les salles de classe, chose rarissime depuis le mouvement de 1956 pour chasser Paul Eugène Magloire du Palis National. Le petit groupe de jeunes révoltés, qui a grossi en cours de route, ont pris la direction du Collège Immaculée Conception (CIC-Gonaives). Il est 10:00 am/28 novembre 1985, un étudiant est atteint d’une balle à l’entrée d’une salle de classe, sur la cour de l’établissement. Deux autres allaient quelques minutes plus tard, subir le même sort dans un autre établissement de la place. Gonaives a mis sur le compte du régime totalitaire des Duvalier 3 morts dont les corps arrachés manu militari à la morgue de La Providence pour être secrètement et inhumainement inhumés.

Les martyrs, dirait plus tard le prélat des Gonaives, Mgr Emmanuel Constant, allaient nous conduire au 7 février 1986.

De la date du 28 novembre 1985 à 7 février 1986, les cours n’avaient pas repris dans les salles de classe à Gonaives. Les collégiens et lycéens voulant être témoins d’un temps avec tous les changements de ton et de discours, avaient poursuivi la lutte jusqu’à la victoire finale. Toute la ville des Gonaives surchauffée, qui s’allie à leur cause, se révolta ouvertement contre la dictature des Duvalier jusqu’à enterrer symboliquement le 31 janvier 1986, Jean-Claude et Michèle Bennet…Ce jour-là, le corps des Tonton Makout était déjà aboli à Gonaives…

Jean-Claude Duvalier, lors de son exil doré en France, racontera plus tard à un journaliste étranger qu’il n’avait jamais passé l’ordre de tirer sur des écoliers, c’était une conspiration contre son gouvernement, avait-il laissé entendre. En décembre 2011, il est revenu sur les lieux du crime sans demander pardon. Il y était à l’invitation de la promotion sortante de la Faculté de Droit des Gonaives, question de se refaire une santé politique…!!!

Tant que l’haïtien persiste à regarder à l’arrière autre que pour jauger de son état d’avancement stagnant, li pap fè yon pa kita yon pa nago. Il est condamné à vivre un perpétuel recommencement avec les mêmes acteurs réincarnés pour commandeurs ne faisant que changer de nom et de place pour mieux l’étrangler en l’embrassant.

cba

photo-crédit : Gabriel Bloncourt, camarade de promotion de Jean-Robert Cius. Manifestation du 31 janvier 1986, une semaine avant la chute de la dictature.

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