Dr Bobb Rousseau : Elles ne savent pas qu’elles sont des victimes!

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Dimanche 22 novembre 2020 ((rezonodwes.com))– Celles qui subissent des actes de viols, d’abus sexuels ou de violences domestiques ne savent pas qu’elles sont des victimes, car la pratique haïtienne leur grandit en les faisant croire qu’elles doivent se courber aux exigences de l’homme en position d’autorité ou qu’elles doivent donner leur corps quand elles veulent recevoir de bonnes grâces de celui-ci. Cette pratique transforme les hommes en bourreaux guidés à comprendre qu’ils sont des ayants en droit au détriment du droit de l’enfant et de la femme. 

Cette tendance est la tradition, mais dans aucune société ne devrait-elle être normale, morale ou légale. Et pourtant, elle est tant acceptée chez nous qu’elle est publiquement vénérée dans notre hip hop sous les refrains de “Madan Papa, Fè Wanna Mache, Gra pou m Manje w.” 

Dès leur âge d’innocence, elles grandissent avec un homme qui les appellent “mennaj mwen, ti boubout mwen” pendant que leurs parents acceptent qu’elles soient proches ou fassent des ménages pour cet homme qui n’attend que l’occasion favorable pour les abuser. Hypocritement, les parents savent de l’abus et n’en disent rien si bien que ces outrances continuent de se socialiser au su et au vu de toute la communauté. Cette même pratique arrive aux filles en domesticité dont le mari de la tante en profite de leur naïveté pour leur molester sans peur et sans honte d’être poursuivi par la justice ou châtié par la société. Au lieu d’accuser son mari, la femme calomnie la petite servante de tous les noms possibles et inimaginables. Quand elle est enceinte, elle est retournée à ses parents ; une autre la remplace et le cycle continue et continue sous les yeux de la femme et ceux de la société jusqu’à qu’il devienne monnaie courante ou business as usual. 

Saviez-vous que beaucoup de garçons ont eu leur première expérience sexuelle avec les petites servantes? Saviez-vous aussi qu’il y a beaucoup de petits bambins et bambines vagabondant dans les rues dont leur père respectif est un gros césar de la place ou le petit-fils ou la petite-fille d’un grand notable de la ville ? 

La fille qui est violée ou abusée par le voisin perverti ou le mari dénaturé est une autre fois maltraitée par son professeur qui lui offre des examens pour qu’elle passe aux classes supérieures. Elle l’est encore par le patron qui lui offre un emploi ou de la promotion, moyennant qu’elle lui donne son corps. C’est parce que la société leur dit qu’elle doit être la maîtresse du patron pour recevoir quelque chose, pour être une secrétaire ou pour avoir une place autour de la table. Le plus déconcertant est que même la femme mariée se prostitue pour pouvoir obtenir ce qu’elle pense qu’elle ne mérite pas ou ce que la société lui dit que seulement son vagin peut lui donner. Tristement, la société enseigne aux garçons que les filles sont capricieuses et qu’ils doivent continuer à les attaquer jusqu’à ce qu’elles acceptent. Alerte gâchée ; elles n’acceptent pas d’avoir des relations sexuelles avec vous; elles acceptent de ne plus vous résister. Elles ne vous donnent pas leur consentement et d’ailleurs, certaines d’entre elles ne peuvent même pas donner leur consentement. « NON veut dire NON » dès la première fois. 

Quand quelqu’un frappe les ténèbres pour porter plaintes ou dénoncer les comportements de l’homme en position d’autorité, la justice ne juge pas par manque d’évidences et du fait qu’elle n’entend pas s’embarquer vers de grandes acrobaties juridiques, de grands voltiges morales et de longs trapèzes mentaux pour trouver les victimes. Ce n’est pas qu’il n’y a pas de victimes ou qu’il est impossible de les trouver, c’est plutôt que la loi ou la société n’établit pas les conditions de victimisation, sachant bien que les fillettes et les femmes sont déjà ancrées dans cette manipulation culturelle qui veut qu’elles soient des agneaux et que les hommes soient leurs prédateurs naturels.

Certaines d’entre elles sont vraiment des victimes, mais elles sont tues ou muselées par la société qui les revictimisent quand elles parlent et dénoncent ou, tout bonnement, par leur ravageur qui promet de les révoquer, tuer, ou qui menace la vie de leurs proches quand elles racontent qu’elles sont violées ou abusées. Et pire, même leurs parents les exigent à garder le silence pour qu’elles conservent les avantages que la famille ne peut jamais leur offrir. 

Les institutions encouragent ce genre de comportement du fait que tous les employés savent que cette secrétaire va être ou est la femme du patron, que la femme du patron déteste cette secrétaire et que deux secrétaires se disputent de plus d’autorités au bureau. La femme qui refuse de coucher avec son patron, quelque fois même avec plusieurs patrons, est sans emploi ou sans promotion, car l’administration haïtienne ne prône pas la valorisation intellectuelle et morale de la femme et la culture qui sanctionne l’harcèlement sexuel, le viol, l’environnement hostile et les avances indésirables. 

Le code pénal punit le viol et les abus sexuels. Il va jusqu’à parler d’âge d’innocence qu’il n’a pas efficacement défini, mais les juges et les avocats ne sont pas trop dégrossis pour mener des investigations ou des procès sans qu’ils ne se laissent influencer par cette réalité immorale, injuste, débauchée, vicieuse et arbitraire qui réduit la femme au niveau de chose qui est maltraitée, ridiculisée, humiliée ou donnée en cadeau pour le bon plaisir de l’homme. En outre, les organisations de droits humains n’ont pas de programmes d’alphabétisation sexuelle pour protéger l’identité des victimes, les permettre de parler sans représailles et de recevoir des soins médicaux et mentaux après qu’elles subissent les agressions sexuelles.  

Puisqu’elles ne savent pas qu’elles sont des victimes ; quelles stratégies leur devons-nous pour qu’elles soient prises en charge par la justice et les organisations de défense et de protection de droits humains, pour que les infracteurs soient sévèrement punis et pour que ces genres de comportements pervers ne se produisent point ?

A ce point, ne sommes-nous pas enclins d’avouer, sans disculper ces hommes, que c’est la tradition haïtienne qui handicape le travail de la justice en créant cette pratique immorale, sexiste et inhumaine qui habilite les coupables et bourgeonne les victimes. 

Dr. Bobb RJJF Rousseau

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509-204-2773

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