« Haïti dans tous ses états » : Ayiti chevillée au corps !

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par Dr Arnousse Beaulière
Economiste, Analyste politique, Essayiste

Dernière publication (dir.) : L’immigration en partage. Histoires de vie Ici et Là-Bas
(Un point c’est tout !, 2020)

Dimanche 25 octobre 2020 ((rezonodwes.com))–

L’heure est grave. La situation est plus que jamais préoccupante en Haïti. Comme dirait, Jacques Chirac, inspiré par Nicolas Hulot, au Sommet de la Terre de l’ONU, le 2 septembre 2002, à Johannesburg (Afrique du Sud), « notre maison brûle, et nous regardons ailleurs ». Oui, il y a longtemps que notre maison commune Haïti brûle, pendant que nombre de ses filles et fils préfèrent regarder ailleurs, comme si cela ne les concerne pas. 

Pour preuve, l’actuel occupant du palais national – ou ce qu’il en reste depuis le séisme du 12 janvier 2010 ! –, parvenu au pouvoir dans des conditions douteuses, s’ingénie, à embraser le pays par ses postures et décisions les unes plus délirantes, autoritaires et catastrophiques que les autres : arrêtés présidentiels de grenn gòch, création d’un CEP croupion, illégal et inconstitutionnel avec l’objectif d’organiser un referendum en vue de changer la Constitution et des élections bidon dans la foulée, élaboration d’un budget 2020-2021 complètement surréaliste, gaspillage des maigres ressources de l’Etat, tete lang ak gang k ap touye moun toupatou nan peyi a, etc. Ce, avec le soutien à peine voilé, du moins la complicité active des représentants de la « communauté internationale » (Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH), Core Group, et surtout l’Oncle Sam)– à noter néanmoins la distance prise apparemment par la France et l’Union européenne dans cette « combinazione »internationale dont est indiscutablement victime Haïti. 

Le pays est en lambeaux. Toutes ses institutions, à l’image de la Justice et de la Police, sont totalement vassalisées par le régime actuel autocratique devenu de plus en plus dictatorial. Seule la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA), le plus haut tribunal administratif du pays selon la Constitution de 1987, semble sauver l’honneur, par sa détermination à résister aux assauts répétés du pouvoir démentiel PHTK. 

Men batay la rèd anpil !

Résultat : installation de gangs partout sur le territoire national – y compris dans les endroits réputés, généralement, paisibles –, avec l’appui, dit-on, des plus hautes autorités du pays et certaines grosses pointures du monde des affaires, rarement inquiétées, sécurité des personnes et des biens inexistante, corruption et impunité généralisées, valeurs de la première République nègre au monde souillées, patrimoine historique et culturel abandonné, etc.    

Oui, « notre maison brûle, et nous regardons ailleurs » ! Oui, notre maison commune, la mère patrie, craque de partout, s’affaisse, chaque jour, sous nos yeux ! Alors, que faire ? 

Face à une telle catastrophe généralisée dont une partie de l’élite politique, économique, et intellectuelle est responsable, les dignes filles et fils d’Ayiti, « fanm agason vanyan yo », de l’intérieur comme de l’étranger, doivent s’engager dans cette lutte cruciale, pour une transformation totale de notre pays. Il en va de son avenir !

En effet, il n’est plus possible de laisser ces voyous, ces gangsters, ces « sendenden », ces criminels de grand chemin,ces « bandi legal » auto-proclamés, détruire le peu qu’il nous reste de la chère mère patrie. Il est grand temps de soutenir celles et ceux qui luttent inlassablement pour cettetransformation sociopolitique, économique et culturelle du pays de Jean-Jacques Dessalines, père fondateur de la nation haïtienne, dont on vient de commémorer le 214e anniversaire de la mort, le 17 octobre 2020. 

Bien entendu, le plus dur dans cette mère-bataille, c’est, notamment, de parvenir à être solidaires, clairvoyants et perspicaces, et faire ainsi converger les divers mouvements d’émancipation en cours depuis quelques années, et les traduire en actes in fine politiquement. C’est pourquoi, l’apport de chacun, chacune, aussi modeste soit-il, est ô combien utile, voire déterminant pour la gagner à tous les niveaux – tant sur le terrain dans les manifestations, les grèves, que dans le travail intellectuel dans les livres, articles scientifiques, articles de presse, tribunes, chroniques, dans les médias écrits, parlés, télévisés, les sites d’information en ligne, sur les réseaux sociaux, les blogs, dans les conférences, colloques, séminaires, tables rondes, rencontres littéraires, etc. 

Alors, de grâce, ne restez surtout pas les bras croisés ! Ayez Ayiti chevillée au corps ! Garder le silence, c’est se faire complice du délitement total de notre bien commun. Il faut donc plus que jamais résister. Oui, résister, s’indigner, s’engager, pour le sauver en donnant un coup d’arrêt fatal à cette machine infernale, totalitaire, destructrice. 

Yon machin lanmò k ap vale teren nan peyi a depi kèk tannan simen dèy toupatou, lakay moun (Mèt Monferrier Dorval…), nan inivèsite (Grégory Saint-Hilaire…), nan lari(Michel Saieh…), elatrye.

La rubrique « Haïti dans tous ses états » est un espace de décryptage, d’analyse et de mise en perspective de l’actualité haïtienne tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. C’est aussi un espace de rencontres avec celles et ceux qui font parler d’Haïti autrement, positivement. 

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