24 mars 2025
Des élections techniques ou démocratiques…?
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Des élections techniques ou démocratiques…?

Mardi 20 octobre 2020 ((rezonodwes.com))– « Le pays n’est ni gouverné ni administré… » Telle fut la déclaration publique du Bâtonnier de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince, avant d’être assassiné quelques heures plus tard, à l’entrée de sa demeure. Le bâtonnier selon un haut cadre de la police nationale d’Haïti habitait à moins de trois cents (300) mètres du Président de la république Jovenel Moïse. Depuis, plusieurs personnes ont été blessées, arrêtées et tuées.

Des cas de kidnapping sont signalés un peu partout sur le territoire. C’est dans ce climat délétère que des élections vont être réalisées par le pouvoir en place avec l’appui d’un OEA régionalement décrié et des États-Unis qui eux-mêmes sont confrontés à des problèmes internes de plus en plus pressants.

Toutefois, outre la position de la France exprimée par l’ambassadeur de France sur le processus électoral, des élus américains ne cessent ces derniers jours d’insister sur l’acuité de la crise politique actuelle et le risque d’embrasement si les élections sont tenues dans de telles conditions.

Ceci ramène le secrétaire d’état américain à plus de nuances pour maugréer que les élections législatives doivent se dérouler quand elles seront techniquement réalisables.
Les élections seront techniquement possibles quand elles peuvent être démocratiques !
Le techniquement réalisable n’est autre que le respect du cadre d’expression démocratique.

Plusieurs critères sont requis pour que les élections soient techniquement possibles :

1.- Un climat sécuritaire indispensable

Sans un climat sécuritaire, les élections ne peuvent avoir lieu. La sécurité des candidats, du personnel électoral et des votants est une condition sine qua non pour permettre la réalisation des compétitions électorales libres. Aucune zone de non droit ne peut être indiquée durant la période préélectorale, électorale et postelectorale. Les conditions matérielles sécuritaires des élections sont également des conditions de validité et de crédibilité desdites élections. Des grands efforts et sacrifices seront nécessaires pour ramener la sécurité. C’est à ce prix que l’on pourra garantir une ambiance d’égalité de chances de campagne, de propagandes et d’élections.

2.- Un cadre légal clair et communément accepté

Au moment de la rédaction de ce texte, personne ne peut dire avec exactitude sous l’empire de quelle loi ou quelle constitution que les prochaines élections seront organisées. L’exercice d’un pouvoir exécutif unipersonnel, autoritaire et exclusif avec prétention législative décrétale accélère la plongée dans l’incertitude légale et la confusion normative. Sans un cadre légal clair et opposable, dans un contexte politique aussi volatil, avec une constitution de fait mise en veilleuse, les éventuels élus desdites élections seront totalement dépourvus légitimité légale-rationnelle. Cela va être une complication préjudicielle pour les autres crises à venir…

3.-La mise au point de la participation optimale

Selon les données du IHSI, plus de 7 millions d’haïtiens sont en âge de voter. Ce sont des électeurs qui sans leur carte d’identification n’auront pas le privilège d’exercer leur droit démocratique de voter et d’être élu. Il s’agit là d’une condition techniquement démocratique ou démocratiquement technique au regard du fait que la légitimité des élus qui sortiront de ces élections devra nécessairement être supportée par un grand nombre d’électeurs. La participation optimale implique une liste d’électeurs sincère et juste avec des marges d’erreurs nulles et certifiée par les autorités concernées.

4.-Un conseil électoral consensuel et une machine électorale fiable.

De toute l’histoire des conseils électoraux provisoires post 1987, le conseil électoral de Jovenel est le moins consensuel et le plus problématique! Entré en fonction sans la prestation de serment, avec un mandat anticonstitutionnel, ce conseil est donc fils de l’ambiguïté et fille de la provocation. On comprend mal qu’aucun effort n’a été entrepris pour un consensus minimal sans lequel aucunes élections sérieuses ne peuvent provenir…

En somme, l’on pourrait affirmer non sans gêne et toute honte bue, que cautionner la tenue d’élections dans les conditions actuelles ne pourra être interprétée que comme une expression nouvelle d’un sous-racisme latent. De la menace à la nuance prudente, dire que les élections doivent être organisées quand elles seront techniquement possibles revient à dire, à bien des égards et si l’on est sérieux, qu’aucunes élections ne sont actuellement possibles…!

Camille ÉDOUARD, Jr.

https://youtu.be/V1Q9v2eekXo
https://youtu.be/exMaabpw9Uw

1 Comment

  • Endijèn 20 octobre 2020

    À la file indienne…

    « Dans les sociétés moribondes, l’AMBITION satisfaite a le goût amer de l’ ÉCHEC. »

    Ce sont les faits historiques qui doivent intéresser tous ceux/celles qui n’ont jamais participé de près ou de loin dans la construction du « Shithole » au cours des trois dernières décennies. Le prevaliste/phtkiste Jovenel Moise serait le dernier des imbéciles de ne pas jouer dans le cadre du Système comme tous ses prédécesseurs pour protéger sa tête et ses amis. Le temps a fait oublier son arrière central Ramoncite Accimé. Les Ricardo Fleuridor… et Wadson Sanon ont fait signe de fatigue. Le docteur Kelly C. Bastien n’a pas la résistance du patriote Tuneb Delpé.

    Le messie mort-né Jean Bertrand Aristide avait bénéficié la bonne grâce de son marasa René Preval pour ses forfaits (Rapport d’un certain Paul Denis sur ses gabegies administratives 2001-2004 et une personne d’intérêt dans l’assassinat du journaliste Jean Léopold Dommage, selon l’Ordonnance du juge Ivikel Dabrezil).

    Le Tipaskout René Preval voulait coûte que coûte passer le pouvoir à son gendre Jude Célestin pour le protéger contre toute éventuelle poursuite judiciaire par rapport à sa mauvaise gestion des fonds Petro Caribe via des programmes d’urgence, en veux-tu en voilà. Preval pat bezwen aval okèn karyeris ak moun ki manke moun nan yo ki nan enstitisyon k ap tann fin mwa pou yo touche ak fè patekwè.

    Le Blanc allait empêcher le Tipaskout, en troquant Jude Célestin pour Michel Joseph Martelly, à la pleine satisfaction de Preval. Ce dernier savait pertinemment un Martelly n’allait pas recourir à l’AUDIT de sa Gestion et de servir du pouvoir pour changer les conditions de vie de la Majorité Nationale. Martelly était la suite de Preval. Bien sur, Martelly n’était pas nan maskay pour bluffer la société moribonde et pour cacher ses lacunes.

    En venant à bout de « pays lock » des zefeyis de tous poils, Jovenel Moise joue toutes ses Cartes en vue de réussir le coup de Lavalas. Pour un vrai Patriote, un CE Provisoire de consensus n’a aucune importance. Il ne faut pas répéter, c’est le passage obligé pour des élections contestées et chaotiques.

    En s’inspirant de la Constitution (CE PERMANENT…. et la COUR CONSTITUTIONNELLE), « une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde. » Tout en marchant dans les pas de ses prédécesseurs, Jovenel Moise tente sa Chance d’une autre manière. Il veut-être Certain de trouver sur sa route un allié qui pourra le protéger comme Aristide…. ou Privert (11 février 2004). Se « Nèg Bannann Nan » nou vle pou ki egare. Il n’est pas interdit de continuer à retrousser vos manches.

    Les alliés politiques de l’auteur de l’article n’ont pas été à la hauteur des tâches historiques. Maintenant, c’est le tour de Jovenel Moise de placer ses pierres dans l’édification du « Shithole » et de servir l’oligarchie.

    Marasa Aristide/Preval…, pwezime asasen Privert fè kout kabwèt pa yo deja. Se reyalite a. La « Transition de Rupture » nan pasaj… Il n’existe pas de génération spontanée…

    Témoin historique

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