Élections américaines : Le dilemme cornélien de la diaspora haïtienne

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par Dr Jean Ford G. Figaro
Lundi 7 novembre 2016 (rezonodwes).- À l’orée de la présidentielle américaine, des dizaines de compatriotes haïtiens de la diaspora n’ont pas encore décidé sur lequel des candidats ils vont porter leur dévolu par le droit de vote que leur confère la citoyenneté américaine, pour choisir celui qui va diriger le destin du peuple américain pour les quatre prochaines années. Ils se retrouvent face à un dilemme appelé « cornélien » du nom de son inventeur Pierre Corneille, qui l’expose dans plusieurs de ses pièces, dont les plus connues sont Polyeucte et Le Cid.




Il représente celui de choisir entre la candidate du parti démocrate, Hillary Clinton ou celui du parti républicain, Donald Trump. Il est un fait irréfragable que la plus grande démocratie du monde a connu des avancées considérables quand à la particularité qu’a présentée les trois dernières joutes électorales américaines. En 2008, après les luttes ensanglantées conduites par la minorité noire sous le leadership incontesté des activistes de la taille de Malcom X, Rosa Parks et la figure emblématique, le Dr Martin Luther King et autres, un noir a connu la présidence de la république étoilée pour la première fois.
Quatre années plus tard, le peuple étasunien a ratifié leur décision de laisser à la maison blanche, construite par des esclaves noirs, le président Barak Obama. Aujourd’hui parait-il, selon la population sondée, les États-Unis seraient prêts d’élire pour la première fois une femme comme présidente, après avoir nié leur droit de vote pendant plus d’un centenaire au secteur des femmes.
Il a fallu la ratification du 19eme amendement de la constitution américaine le 19 août 1920, pour concéder le droit de vote aux femmes, connu comme le suffrage des femmes. La pièce législative signée par le président Lyndon Jhonson, The Voting Rights Act, le 6 août 1965, a évacué toutes les barrières qui empêchaient aux américains noirs d’exercer leur droit de vote que le 15eme amendement leurs avaient déjà conférés la prérogative d’y procéder. Je rappelle pour votre gouverne que la constitution américaine qui commence à être appliquée depuis le 4 mars 1789, n’a jamais été changée sinon amendée vingt sept fois (27) depuis qu’elle a été conçue.
Quelques semaines après la convention républicaine qui a officialisé la candidature du milliardaire comme le candidat républicain, Donald Trump a commencé une offensive médiatique contre la machine des Clinton à nul autre pareil. Le cas malheureux des haïtiens a été un excellent prétexte pour exhiber l’incompétence et la mauvaise gestion de madame Clinton, comme ancienne secrétaire d’état des États-Unis. Il s’est servi de la publication du best-seller de Peter Schweizer, The Clinton Cash, pour attaquer de façon virulente la candidate démocrate.




Dans cet ouvrage que j’estime important pour tous les haïtiens d’en prendre lecture, l’auteur décrit un vaste complot du couple Clinton pour détourner l’aide qui était destinée à Haiti après le tremblement de terre de 2010. Trump et ses assesseurs ont fait du peuple haïtien l’apanage de leur campagne électorale pour bombarder et discréditer l’autorité morale de la candidate du parti d’Obama.
La Fondation Bill Clinton, très engagée dans la lutte contre le VIH-SIDA dans le monde, est une escroquerie pour s’enrichir d’avantage selon le candidat rival. Haiti est une grande victime des Clinton et que l’échec haïtien serait une référence pour ne pas engager madame Clinton au timon des affaires. Beaucoup d’Haïtiens s’étaient présentés devant les locaux de la fondation pour protester et demander que des explications soient données sur l’argent de la reconstruction post/séisme.
Le 16 septembre 2016, le candidat Donald Trump a visité la communauté dans sa bastion, ‘’Little Haiti ‘’ pour dire qu’il veut être le plus grand « champion » des haïtiens malgré ses propos injurieux contre les immigrants. S’exprimant depuis la Trump Tower de New York, lors de son premier discours de campagne, il s’est lancé dans une tirade contre les mexicains. Dans son discours, il disait, « Quand le Mexique nous envoie ses gens, ils n’envoient pas les meilleurs éléments. Ils envoient ceux qui posent problèmes. Ils apportent avec eux la drogue. Ils apportent le crime. Ce sont des violeurs ». Trump a promis de construire un immense mur le long des 3000 kilomètres de frontière qui sépare le Mexique des États-Unis pour empêcher les migrants d’entrer sur le sol américain
En revanche, madame Clinton a utilisé, elle-même, les rhétoriques inflammatoires de Mr Trump contre les étrangers, les femmes, son irrespect pour les militaires en retraite pour l’attaquer. Selon Hillary, le riche homme d’affaires n’a pas la triture et l’expérience pour être le président des États-Unis. On ne saurait lui faire confiance avec l’arsenal nucléaire du pays de par son comportement et jugement. Elle n’a trouvé aucune reproche dans le cas d’Haiti à l’égard de Trump, vu qu’il ne s‘est jamais solidarisé avec la cause de ce pays même en temps de grande difficulté.




On n’a pas encore rencontré dans les archives de la république une visite de Trump ou d’un membre de sa famille malgré la proximité de ses terrains de Golf de Miami à Haiti. Il n’est pas encore porté à la connaisse de personne, aucune trace d’une donation de quoique se soit à la république pauvre de la part de l’homme des Casinos. Selon plusieurs sources, le candidat républicain se serait montré un homme raciste en faisant croire qu’il ne veut pas de noirs dans la gestion de son argent. En fait, Mister Trump serait pour les minorités et les immigrants un mauvais leader qui ne ferait que diviser au lieu de construire des relations entre les différents secteurs de la société.
Plusieurs observateurs ont demandé pourquoi c’est au moment des élections que les deux candidats ont jugé bon de visiter la communauté haïtienne de la Floride? le constat est sans équivoque, c’est la campagne électorale qui a porté le nom d’Haiti au sommet de la propagande politique aux États-Unis. Après le tremblement de terre où tous les projecteurs des grandes chaînes de télévision étaient sur Haiti, l’administration américaine ne s’est pas montrée intéresser à la cause haïtienne. Et pour preuve, pendant le mandat du président Obama, Haiti n’a pas bénéficié d’aucun projet de grande envergure.
Les haïtiens qui supportent la candidate Hillary voient une opportunité pour qu’enfin une femme dirige la république fédérale. Ils perçoivent en Trump quelqu’un qui va maltraiter les immigrants, un candidat raciste et xénophobe. Un homme qui va seulement favoriser la classe des personnes riches et qui donnera au mouvement Klu Klux Klan un prétexte de retourner aux pratiques des temps passés. Il faut vraiment que l’Amérique soit contrainte de barrer la route à une personnalité jugée vulgaire et sans préparation aucune à gouverner.
De l’autre bord, les haïtiens qui supportent Trump décrivent Hillary étant une femme qui ne dit pas la vérité et qui ment à répétition. Une secrétaire d’état qui n’a rien fait pour aider Haiti au moment des grandes douleurs. Elle a contribué à la misère haïtienne aux côtés de son mari par la mauvaise gestion de l’aide et de l’argent de la reconstruction. Auprès des électeurs républicains, Hillary Clinton passe pour une personnalité corrompue, hypocrite, tricheuse, devenue millionnaire en monétisant auprès de contributeurs privés son expérience de femme de Président, de sénatrice et le chef de la diplomatie américaine.
Face à une élection aussi passionnelle que délicate, il faut contre toute ses sensibilités naturelles prendre du recul, afin de faire une lecture exempte de toute émotion et subjectivité en suivant une neutralité axiologique. N’en déplaise au fanatisme politique dont le plus souvent se caractérisent les haïtiens, qui veut souvent par une lecture simpliste et superficielle de la politique américaine imposer leur pensée unique sans fondement objectivable. Les sondages donnent gagnante à Madame Clinton et je peux moi-même augurer une victoire non-écrasante de cette dernière en analysant la conjoncture actuelle électorale. Une question est de mise. De quoi en bénéficierait la diaspora ou le peuple haïtien de cette nouvelle gouvernance si les deux antérieures n’ont rien apportées? Au contraire sous la présidence du noir président, Haiti est devenue plus pauvres qu’elle l’était avant.
Dans la cacophonie de cette campagne hors-norme, les indécis haïtiens ne trouvent pas encore de réponse sur la vraie identité des deux candidats. Les deux protagonistes présentent des lacunes inacceptables pour occuper une position aussi importante. Les votants devront eux-mêmes décider l’orientation qu’ils veulent prendre avec le choix de l’un ou de l’autre. Certains disent que Hillary est le choix de la raison, d’autres font croire que Trump est celui du cœur et de l’honneur. Le dilemme doit prendre fin de toute façon par sélectionner une option, qui aura bien sûr ses conséquences. Cette diaspora haïtienne, obnubilée certaines fois par l’obscurantisme intellectuel politique et la pensée exclusive doit se présenter aux urnes pour voter la continuité d’Obama ou la rupture. Si pour d’autres minorités ethniques le choix est clair, il n’en demeure pas moins que le dilemme restera même après les élections pour les haïtiens.
Dr Jean Ford G. Figaro, MD, MsC-HEM.
Boston University, Massachusetts.
jeanfordfigaro@gmail.com

1 COMMENT

  1. Haïti n’ a jamais été une proche amie des US. D’ailleurs, la déclaration du trente deuxième Président des us , Delanot Roosevelt Francklin le prouve. La politique externe des US ne changera à l’égard d’Haïti. Notre cause nous concerne et nous en sommes responsable. Il ne faut pas oublier le comportement hypocrite des US dans la question de l’arrêt raciste de la république dominicaine contre les dominicains d’origine haïtienne.

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