Samedi 19 septembre 2020 ((rezonodwes.com))– Ce texte didactique sur la carte scolaire se veut une proposition aux Autorités pédagogiques du Ministère pour un retour à la macro planification de l’éducation s’appuyant sur des données fiables et valides aux fins de meilleures allocations de ressource au niveau de la micro planification ou local. Aussi, je veux parler de la diminution des disparités entre milieux urbains et ruraux via des Directions Départementales d’Education (DDE).
En ce sens, on requiert l’application de l’article 17 du Décret du 5 juin 1989 qui est encore d’actualité et qui stipule que la seule structure compétente pour maintenir à jour la carte scolaire du pays, c’est l’Institution éducative via sa structure de Planification. Ajouter à cela, une bonne dose de numérique en regard de l’enquête géo- référencée (14-15) dudit ministère, réalisé par le CNIGS avec l’appui technique et financier de la BID.
Aussi ce texte est-il élaboré pour soutenir le Ministère dans ses efforts pour passer de la gestion de l’urgence à une gestion rationnelle dont le point d’orgue est la planification stratégique voire la prospective s’appuyant sur des scenarii en raison des paramètres non maitrisables.
Et pour demander aux autorités d’imprimer une nouvelle orientation à la planification de l’éducation tout en faisant respecter les attributions des entités techniques dans une conception wébérienne de l’administration et en freinant des dérives dues aux divers projets d’éducation dont ceux de carte scolaire, financés par certaines agences d’aide et contractualisés avec des firmes externes. Encore, « A chacun son métier, les bœufs seront bien gardés ».
Et comme disent les économistes de l’éducation, par caeteri paribus, toute chose restant égale par ailleurs, s’il n’y a pas une bonne administration, une bonne gestion, un bon pilotage, comment voulez-vous qu’on arrive au rendement scolaire dans les établissements, tant souhaité par les parents d’élève et pour lequel ils ont consenti d’énormes sacrifices en s’achetant des services éducatifs dans des écoles huppées de type confessionnel ou laïque à des prix faramineux?
L’implication des agences d’aide
Faut-il bien se souvenir que les agences sont venues à la rescousse de l’Etat pour l’accompagner dans sa quête d’efficacité et d’efficience mais non pour l’affaiblir voire pour se le substituer. Même si celui qui paie le flutiste peut lui imposer la musique certes, mais nous devons avoir une marge de manœuvre même pendant l’intermède pour jouer nos chansons-tubes que ce soit Choucoune d’Oswald Durand que ce soit Fleur de mai de Gérard Dupervil, notre barde national. Le virtuose peut être éclectique interprétant différents styles, du compas au reggae en passant par le zouk, si on me permet cette métaphore. En clair, nous devons requérir ce dont nous avons besoin en tant que structure étatique, gestionnaire des données. Ce, pour l’optimisation des ressources dédiées au système éducatif haïtien par l’international et la contrepartie haïtienne sans nier les couts récurrents générés par les projets.
Des requêtes pour la prise de décision.
Souvent, c’est un véritable climat d’imbroglio dans lequel s’enlise l’Institution éducative du pays depuis nombre d’années où des entités s’adonnent à la collecte des données et même produisent des statistiques ainsi que des cartes scolaires pour l’Etat sans être articulées avec des politiques éducatives, consignées dans un plan d’éducation sous forme de grands outputs comme l’accès et la qualité de l’enseignement. Sans omettre non plus aucune connexion avec la base de données du ministère, issue de l’enquête 2014-15 voire la dernière enquête scolaire 2015-2016 y compris l’extrapolation des tendances passées jusqu’au 2020 comme l’existant des données. Se demande-t-on à quoi ça rime, si on ne peut faire des requêtes statistiques sinon on peut considérer ces résultats comme des informations de plus ? Ne peut-on pas parler de gaspillage de ressources ? Je veux me référer à des données collectées lors de ces travaux ? Alors que le Ministère a sa base de données géo-référencées avec les coordonnées géographiques des écoles, désagrégées par département, par Bureau de District Scolaire (BDS) et par Bureau d’Inspection de Zone (BIZ). Et que les collègues commencent à l’exploiter. Aucun pays ne peut fonctionner dans cet état de fait. Puisque les statistiques, c’est l’affaire de l’Etat. Et pour monter de grandes politiques publiques, nous avons besoin des données valides et opportunes.
Burkina : une structure de planification dynamique
Lors de notre participation à la revue par les pairs de la CEDEAO au Burkina Faso en mai 2019 pour évaluer le système d’information pour la gestion de l’éducation de ce pays, je constate que la Direction de la planification est la cheville ouvrière des ministères de l’enseignement de base et de l’enseignement supérieur par rapport aux données éducatives. Il y a quelque chose d’importance à signaler, au pays des hommes intègres, comme on l’appelle, le Burkina de Thomas Sankara, pour qu’une ONG réalise une enquête ou une étude sur le parc scolaire, elle doit avoir l’autorisation du Ministère burkinabè de l’Intérieur.
Toujours est-il que la structure de la Planification avec entre autres ses service de statistiques et service Etude-Plan voire le service suivi et évaluation devrait être le moteur même du Ministère de l’éducation chez nous par rapport aux indicateurs à calculer sur la couverture et la participation des enfants à l’école dans le cadre de l’accès, sur la formation initiale et continue des maitres, sur le rendement externe pour le marché de l’emploi en pensant à l’INFP et à l’UEH ainsi que les Université Publiques en Région (UPR). Quitte à ce que le Ministère libère une ligne budgétaire pour la réalisation des enquêtes régulières afin d’actualiser l’existant.
Promesses non honorées
Parfois, les fruits de l’été n’ont pas tenu la promesse des fleurs du printemps pour parler des promesses faites par des agences d’aide en ce qui a trait à l’organisation des recensements en général (population et scolarisation). Et peut-on même penser à une forme de gel voilé de l’aide arguant implicitement que le contexte de la planification ne s’y prête pas en raison des crises récurrentes ou bien elles gardent un prudent mutisme.
Apres le pic de la pandémie de covid-19, le Ministère de l’éducation devra envisager à mettre de l’ordre dans la maison pour parler de nouvelles négociations avec les agences et les coopérations pour que les projets financés ne trainent pas en longueur comme entre autres celui de NECTAR de l’Agence Française de Développement (AFD) et sans omettre l’impasse du Plan décennal d’éducation et de formation, soutenu par l’UE, l’UNICEF et l’UNESCO ainsi que le Partenariat Mondial de l’Education (PME). Peut -être trop de conditionnalités mais moi, je n’en sais rien !
L’axe-gouvernance
Et que l’Institution développe des mécanismes pour le renforcement de la gouvernance, axe majeur du Plan Décennal d’Education et de Formation (2017-2027). Ainsi, nous résumons la gouvernance éducative à partir de cette trilogie savoir : le cadre légal, la base d’indicateurs scolaires et le monitoring des politiques publiques en éducation. Une fois implémenté, ce plan va être considéré comme la seule boussole pour modeler l’avenir de l’éducation en Haïti en d’autres termes, construire une vision claire du management de la filière statistique à partir des enquêtes hybrides ou numériques si besoin se fait sentir.
Selon les prescrits, la seule structure compétente pour réaliser des enquêtes sur la population scolarisée pour ainsi dire sur les écoles, les enseignants et les élèves reste et demeure la Structure de Planification du Ministère de l’Education selon le Décret du 5 juin 1989 qui est encore debout. Convient-il de mentionner que l’IHSI du Ministère de l’Economie et des Finances est la seule structure autorisée pour produire des indicateurs sur la démographie du pays dont la population scolarisable, issue d’enquête-ménage. Malheureusement, son dernier recensement remontait à 2003. Depuis lors, il calcule des indicateurs selon l’estimation des données. Ce qui est une lacune pour le développement des statistiques dans le pays en raison du cadre probabiliste, du aux aléas politiques et aux catastrophes naturelles comme le séisme et l’inondation engendrant l’exode rural et la migration.
En dépit des situations intenables, accentuées par la crise sanitaire en raison de ce fameux coronavirus, le Ministère doit se démarquer, eu égard aux distorsions aux bonnes pratiques, du marasme dans lequel il se débat encore quant au cadre pompier qui y prévaut en dépit des efforts nationaux. Il y a trop d’empiètements sur les attributions des entités administratives. Trop de structures s’autoproclament productrices de statistiques éducatives sans qu’elles ne construisent d’outils de collecte ni de matrice ou de tableau d’indicateurs pour aller sur le terrain. Comme dit ce vieil adage, trop d’informations tuent l’information. Même avec l’unicité dans les données, il y a un degré de pertinence. Toutes les données ne sont pas importantes pour les décideurs politiques comme le Ministre. Dans la même veine, la structure de planification a déjà travaillé sur une base d’indicateurs scolaires en congruence avec les grands axes du plan d’éducation, les objectifs du Plan stratégique du pays, les Objectifs de Développement Durable (ODD) ainsi que les indicateurs scolaires de la région caribéenne.
La grande question que tous les planificateurs de l’éducation doivent se poser : quelle est la mission d’un Ministère de l’éducation ? Quelle orientation doit-on imprimer au plan d’éducation ? Quel SIGE pour quel Ministère de l’éducation ? Et la carte scolaire ou mapping school dans tout cela comme outil de bonne gouvernance! Comment composer avec le secteur privé ou non public d’éducation en raison de son poids dans le marché du système éducatif (80%) en termes de la rencontre de l’offre d’éducation et de la demande accrue des familles pour une école de qualité mais non élitiste?
Le Plan d’éducation, la Carte scolaire et le SIGE : quelle articulation !
Techniquement parlant, je voulais articuler dans la mesure du possible trois outils de pilotage du système éducatif haïtien savoir : le plan d’éducation, la carte scolaire et le SIGE. C’est juste pour satisfaire trois clients par rapport aux données fiables et valides : le Ministre de l’éducation, l’élève et les usagers du secteur à partir des collectes sur le parc scolaire.
Et on peut retrouver trois grands administrateurs de l’éducation dans tout ministère de l’éducation : le Ministre, le Directeur général et le Directeur de la planification. Faut-il bien se rappeler que le Ministre qui pilote toute la politique éducative du pays selon les prescrits ne peut monter de grandes politiques publiques que ce soit en accès des enfants à l’école que ce soit en politique nationale de formation des enseignants que ce soit pour adresser les problèmes du marché de l’emploi sans avoir des statistiques fiables et valides. En provenance des enquêtes scolaires et des enquêtes- ménages issues du recensement général de la population pour le calcul des taux nets de scolarisation, des taux d’admission en 1ere année d’études et des taux de flux à partir des données sur la population scolarisable et la population scolarisée.
Le taux net c’est un indicateur qui nous permet de mesurer les efforts de l’Etat en matière de scolarisation universelle ou de l’Education pour tous. Aucune ONG, quelles que soient sa taille et ses enveloppes budgétaires, ne peut produire des données sur le parc scolaire sans l’assentiment des décideurs politiques du pays et même des études sauf si le ministre sollicite une étude dans un cadre d’éducation comparée pour mesurer la performance de son système éducatif par rapport aux autres pays de la région. Ou si les conditions sont réunies pour participer aux comparaisons internationales de style PISA en anglais (Programme International Students Assessment) avec des élèves adolescents que ce soit en math, en sciences et en lecture.
Aussi doit-il s’informer le Ministre de l’éducation en temps réel sur l’évolution de l’offre et de la demande au niveau de la micro-planification pour pouvoir faire une réallocation de ressource aux fins d’optimisation de la part du budget national ou du PIB allouée à l’éducation. En ce sens, le ministre travaille pour l’accomplissement de la mission de l’Institution, la mise en œuvre des projets- programmes du plan à travers la carte scolaire et son système d’information pour la gestion de l’éducation.
Cela s’inscrit dans une démarche de top down et de bottom-up de l’Institution éducative ayant un double rôle savoir : un rôle de pilotage de l’appareil d’éducation avec les directions technique et départementale et un autre rôle de régulation en ce qui a trait aux ordres d’enseignement entre autres le fondamental, le secondaire, le supérieur et le professionnel.
Et si les politiques s’entendent ! Et si le Gouvernement trouve un modus operandi à la crise ! Et si la lettre de mission du Ministre tient compte de la littérature du plan ! Et si les dossiers des enseignants en souffrance au Ministère de l’Economie et des Finances sont traités ! Et si les promesses du Partenariat Mondial de l’Education sont honorées ! Et si la covid-19 atteint son pic pour ainsi dire moins d’infectés et moins de décès ! Et dans la même veine, je me permets de faire mienne la pensée du sociologue franco-russe, George Gurvitch, l’approche se révèle systémique et les phénomènes sont globaux totaux.
Une mission à accomplir
Dans toutes les littératures produites sur l’Institution éducative en Haïti, il y a une constante c’est que la mission du Ministère de l’éducation est de ramener tous les enfants à l’école quels que soient leur genre, leur handicap, leurs couches sociales et leur couleur tout en leur assurant un enseignement de qualité. Pour qu’ils deviennent plus tard solution au problème de la communauté mais non l’inverse en termes de bénéfice non marchand ou immatériel. Cela répond au droit à l’éducation, figuré dans les instruments internationaux auxquels a adhéré le pays comme la convention relative au droit de l’enfant (1989), le cadre d’action de Dakar (avril 2000) et les Objectifs de Développement Durable (2015) et sans omettre la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (1948), dans son article 26 traitant le régime de gratuité et d’obligation de l’enseignement.
Pendant ces derniers temps, en dépit des tensions sociales et des soubresauts qui sévissent dans le pays, Haïti a eu un taux net de scolarisation de 88% appréciable au niveau de l’enseignement de base selon l’enquête scolaire 15-16. Paradoxalement, Haïti est l’un des pays de l’Amérique latine où la bataille de l’accès est presque gagnée par l’Etat, de Jomtien (1990) aux ODD de New York (2015). Il faut dire que c’est grâce à la participation des parents d’élève, aidés de la Diaspora déversant plus de trois (3) milliards de dollars par année dans l’économie haïtienne pour la consommation et l’éducation. Toutefois, les incidences négatives de la pandémie présageaient et même anticipaient un ralentissement dans les transferts vers Haïti en raison de la perte d’emploi aux USA selon les observateurs avisés.
De façon agrégée, nous avons dans la base de données 2015-2016 quelques 4 millions d’élèves, 122 mille enseignants et quelques 19505 écoles. Il nous reste beaucoup d’efforts à déployer pour l’amélioration de la qualité de cet ordre d’enseignement qui doit passer de toute évidence par une politique accélérée de formation des maitres et de revisitation des curricula sans omettre la dotation des écoles en matériel didactique et pédagogique dont le manuel est pour l’essentiel. Ainsi qu’en cantine et en cafeteria dans les zones reculées du pays par une discrimination inversée.
Malgré sa précarité et la crise de modèle scolaire pour parler du taux élevé de chômage chez les diplômés (60%), les familles haïtiennes perçoivent encore l’école comme une bonne chose voire une promotion sociale tout en mesurant l’efficacité du système éducatif à l’aune des résultats aux évaluations formatives ou sommatives voire du taux d’insertion professionnelle pour répéter mon prof de sociologie de l’éducation, de regrettée mémoire, Guy Alexandre de l’Ecole Normale Supérieure.
Aussi peut-on penser aux ONG sur le terrain qui contribuent au financement de l’éducation à travers les missions protestantes et les congrégations catholiques ainsi que les agences d’aide sur le terrain comme la BID, l’UNICEF et l’UNESCO, la BM en appui avec les pouvoirs publics pour de grands projets et programmes s’inscrivant dans les grands plans de développement dont celui l’éducation. Sans oublier, la relation bi et multilatérale comme Haïti-USA, Haïti-France, Haïti-Taiwan, Haïti-Sénégal, Haïti-ONU, Haïti-OEA, Haïti-UE.
Des exclus du système à ramener à l’école
En regard des dernières statistiques, nous avons quelques 320.000 enfants à ramener à l’école (Discours du Ministre Pierre J.A. CADET, mars 2018, DECAMERON, Atelier « Gestion axée sur les résultats ») et soutenu par la Représentante de l’UNICEF en Haïti qui participait en marge à ces assistes. Ces enfants-là, ce sont pour la plupart des déscolarisés, des enfants de rue, des enfants a besoins spéciaux, des enfants en domesticités et ceux en contravention avec la loi.
C’est que le rôle de l’Etat en tant que symbole de puissance publique et ayant un pouvoir régalien, c’est la recherche de l’équité. Il faut que les enfants en âge d’admission (6-7 ans) aient des places assises à l’école en regard de la démocratisation de l’enseignement en Haïti et des feuilles de route des conférences mondiales au bas desquelles a apposé sa signature la délégation du pays. .
Selon l’article 32.1 de la constitution amendée de 1987, les pouvoirs publics en Haïti ont déjà rendu effective la gratuite de l’enseignement de base au niveau des écoles publiques. Puisque les enfants n’y payent absolument rien. Il nous reste à développer des mécanismes pour l’augmentation du taux d’admission en 1ere année d’études en accroissant les structures d’accueil et en construisant un cadre solide de partenariat avec le secteur prive d’éducation. Et dans le cadre de l’analyse cout-bénéfice, là où l’Etat n’a pas d’école, il peut s’acheter des places assises. Il faut qu’il y ait une demande potentielle d’éducation dans la zone pour qu’on construise une école.
Nous devons avoir des solutions à géométrie variable dans ce genre de situation eu égard au poids du secteur prive d’éducation en termes de délocalisation des établissements se trouvant dans les marches publics et les ravins ainsi qu’à quelques 100 m de littoral. Ce sont bien des principes de la carte scolaire comme outil de pilotage.
De surcroit, toute la mission de l’Institution éducative se retrouve dans les plans d’éducation à travers la formulation des politiques et les méthodes de la planification de l’éducation sous forme de grands outputs que ce soit l’accroissement de l’accès des enfants à l’enseignement de base prolongé de neuf années et le secondaire des filières que ce soit l’amélioration de la qualité de l’éducation par la formation initiale et continue des maitres et que ce soit le rendement externe pour répondre aux exigences du marché de l’emploi ou un meilleur rééquilibrage entre l’offre de formation et la demande du marché en revisitant le cursus de la formation professionnelle et de l’enseignement supérieur.
Sans omettre le renforcement de la gouvernance du secteur, élément transversal, pour parler de l’ingénierie des capacités institutionnelles du ministère de l’éducation en termes de base de données pour un pilotage stratégique de la filière de l’éducation, tous niveaux confondus, de la petite enfance a l’enseignement supérieur en passant par l’enseignement de base voire l’éducation spéciale dédiée aux enfants ayant des déficiences et aux surdoués.
Un plan à implémenter
Le plan d’éducation qu’on aurait dû mettre sous forme d’expression juridique et qu’on le dépose au Parlement aux fins d’entérinement est en passe, malgré tout, d’être implémenté. Il est à signaler toutefois, que la planification de l’éducation est un processus à la fois technique et politique. En effet, comme je disais tantôt aux collègues de bureau que le plan doit passer par devant le Parlement pour qu’il devienne une loi de l’éducation. C‘est pour deux raisons primo, selon l’article 276.2 de la charte du pays, les accords de prêts et de dons de l’international doivent passer par devant le Parlement et secundo ce dernier est partie prenante de la stratégie de l’éducation dans une conception rousseauiste du pouvoir politique.
Ce plan a été élaboré par l’Unité d’Etudes et de Programmation (UEP) avec l’appui soutenu des grandes agences dont l’UNESCO, l’UNICEF, et l’UE. Il est conçu pour satisfaire au premier chef la demande sociale des familles par l’atteinte de l’objectif de la scolarisation universelle ou l’Education Pour Tous (EPT) tout en veillant à une éducation efficace dans la vision de l’ODD4 du Congrès de N.Y de septembre 2015 et également de la Déclaration d’Incheon en Corée du Sud de la même année.
Une stratégie qui voulait que tous les enfants qui sont en âge scolaire (6-12 ans) aient une place assise à l’école de façon obligatoire et gratuite, selon l’article 32.1 de notre loi-mère et pour lequel une loi d’application devant être votée et publiée dans le Journal Officiel le Moniteur. .
Une planification stratégique à envisager
Le plan décennal est, toutes proportions gardées, construit suivant les modèles de planification stratégique s’appuyant sur la prospective et la participation des agents de la communauté éducative. Bien qu’une frange des syndicats d’enseignants et quelques organisations de la société civile aient rejeté d’un revers de main cette réforme. C’est monnaie courante en Haïti. Il y a toujours un schisme entre les ministres de l’éducation et les associations syndicales sans oublier celui de l’Exécutif et le Législatif pour la question de vote de loi de l’éducation en particulier.
Le plus souvent, ça culmine à des manifestations de rue et des grèves au niveau de l’enseignement public pour une prétendue revendication salariale. Et comme corollaire voire des dommages collatéraux, des élèves ont sillonne des structures privées pour les fermer. Et des casses et des affrontements s’ensuivirent. Chose inédite, ces derniers temps, qu’on enregistre dans le parc scolaire du pays. La polarisation politique est pour beaucoup.
Et comme conséquence, la perturbation de l’année académique et par ricochet les 190 jours de classe prévus dans le calendrier scolaire comme norme internationale, bousillés. De plus, les enseignants dépourvus de toute forme d’éthique en ont profité pour accentuer le taux d’absentéisme dans les salles de classe et particulièrement en raison de la mise à nu du leadership du chef d’établissement eu égard à l’effritement des autorités établies aux plus hautes sphères. Et les pauvres apprenants en ont fait les frais par le redoublement et l’abandon, bref l’échec scolaire pour parler encore des années-élèves gaspillées.
Moi je pense pertinemment qu’après le passage de la colère qu’est la covid-19, le plan d’éducation doit être revu et corrige pour pouvoir rassembler un plus large suffrage autour de cette boussole pour modeler l’avenir de l’éducation en dépit d’une crise qui perdure. Un plan peut être techniquement bien élaboré si en amont de sa conception, il y a un déficit de participation, c’est difficile en aval d’envisager sa mise en œuvre. Comme dit l’autre, la plus grande difficulté d’un plan, c’est son implémentation.
Convient-il de mentionner qu’après des diagnostics accablants du système éducatif haïtien, on a pu déceler toutes les pathologies dont souffre le secteur et pour lesquelles des palliatifs sont proposés sous forme de grands objectifs comme l’augmentation de l’offre scolaire, l’amélioration de la qualité de l’enseignement et le renforcement des capacités institutionnelles ainsi que la pertinence des programmes par rapport au besoin du pays voire aux exigences du secteur moderne de production et de service en regard de la Trans nationalisation et de la traçabilité de la production pour parler de standardisation.
Tout ceci, nous amène à la problématique de la carte scolaire ou la carte éducative englobant le secteur dans toutes ses composantes pour ainsi dire entre autres l’aspect formel avec le fondamental et le secondaire et non formel avec l’éducation spéciale consacrée aux enfants ayant des déficiences et l’alphabétisation des adultes.
La carte scolaire : outil d’administration de l’éducation.
Face à la demande sociale d’éducation et l’exigence de la qualité depuis la feuille de route de Dakar 2000, les pouvoirs publics doivent développer des outils de pilotage aux fins d’une gestion rationnelle du secteur comme la carte scolaire et le SIGE. Les deux marchent de pair c’est comme le hardware et le software pour utiliser un langage informatique.
Nous pensons que si les décideurs politiques voulaient arriver à un meilleur rapport cout-efficacité à l’occasion de la mise en œuvre du plan d’éducation tout en composant avec le secteur privé, ils doivent envisager la généralisation des méthodes et procédures de la carte scolaire.
Tout en recherchant la justice distributive, la carte s’intéresse particulièrement à l’aire de recrutement des élèves et aux normes de construction et prône une école de proximité par rapport à la mairie de la zone c’est-à-dire, un élève ne peut parcourir plus de six kms à pied pour se rendre à son établissement scolaire.
Pour faire de la carte, on doit identifier une zone pilote ou unité administrative soit un district scolaire soit une commune représentative en termes d’effectifs scolaires et d’activités socio- économiques. On construit la carte et après on la généralise aux autres districts scolaires (plus de 96).
Selon Mme CAILLODS de l’IIPE-UNESCO, nombre de pays de l’Asie et de l’Afrique comme la Thaïlande, la Tunisie et le Maroc ont pu faire d’énormes progrès en matière de scolarisation universelle et du secondaire des filières grâce à l’implantation de la carte scolaire.
Quand la France a voulu vers les années 60 avec le Ministre de l’éducation Christian Fouchet prolonger la scolarisation obligatoire jusqu’au premier degré de l’enseignement secondaire correspondant au collège, il lui a fallu utiliser les normes et les procédures techniques appelées encore « carte scolaire ». Maintenant, la carte en France favorise non seulement une école de proximité mais aussi elle sert à recruter des enseignants de la zone.
Il faut souligner en outre, que l’Etat français à travers son système d’éducation qui est mi- déconcentré et mi- décentralisé construit trois cartes scolaires. Il y a une carte des écoles maternelles et primaires, déterminée par le conseil municipal, une carte des collèges par le conseil général du département et la carte scolaire des lycées par l’Etat central.
Chez nous, lors de la mise en œuvre de la reforme Bernard et de celle du PNEF, des tentatives ont été faites pour l’implantation de la carte surtout à Jacmel comme expérience pilote. Le ministère a fait venir des experts français et africains en carte scolaire comme Kassem Bensala et Jocelyne Castelli. Entretemps, des difficultés de toutes sortes ont surgi, le projet n’a pas eu de grand progrès mais les acquis de cette tentative sont là, on n’en a bénéficié pour nous servir d’expérience. Et toute expérience, comme dit Bergson, est connaissance.
Bien au contraire ! La carte scolaire n’est ni cartographie scolaire ni Atlas scolaire. C’est plutôt un ensemble de principes et de techniques utilisées au niveau local pour planifier les besoins futurs d’éducation et les moyens à mettre en place pour répondre à ces exigences. Outil de mise en œuvre des politiques éducatives au niveau départemental, la carte scolaire prône dans son essence une école de proximité.
Et son principe cardinal étant: « pas de demande potentielle d’éducation, pas d’implantation d’école dans le village ou dans la zone ». Je pense que les cadres du ministère devraient avoir un discours plus structurant sur cet outil d’aide à la planification et à la gestion de l’éducation qu’est la carte scolaire ayant fait le bonheur des pays de l’Europe et ceux de l’Afrique vers les années 60 en plein phénomène des baby-booms et de la vague de décolonisation des pays asiatiques et africains.
Les étapes de la carte scolaire
A part les facteurs d’ordre démographique, pédagogique, politique, géographique et économique à prendre en compte lors de sa préparation au niveau de la micro planification, la carte scolaire selon l’équipe de l’Institut International de Planification de l’Education de paris, comporte dans son élaboration trois (3) grandes étapes savoir : le diagnostic du système éducatif au niveau local à l’année de base du plan, la projection des effectifs scolaires et la réorganisation du parc scolaire ce que nous appelons la carte prospective de cinq ans avec toute une série de propositions dont les unes sont plus pertinentes que les autres :
1- Le diagnostic du système éducatif au niveau local à l’année de base du plan pendant cinq (5) années pour parler de la couverture et de la participation des enfants à l’école, de rendement interne et des services éducatifs offerts dans la zone en termes de taux brut et net de scolarisation, de taux d’admission en 1ere année d’études, de taux d’achèvement, de taux de transition, le nombre d’écoles ayant un seul cycle, ayant les deux et même les trois cycles du fondamental, les établissements ayant le nouveau secondaire ainsi que des taux de flux, des taux de transition d’un cycle a un autre, le pourcentage d’enseignants qualifies, le rapport écoles/inspecteur, le ratio élèves/maitre, le ratio élèves/manuel, la plage-horaire, le taux d’utilisation de l’espace, les établissements fonctionnant en double vacation, pourcentage d’écoles ayant une cantine ou une cafeteria, le budget de l’école.
Et aussi pensait-on aux différentes filières de la formation professionnelle et au taux de diplomation et ses effets d’entrainement.
2- La projection des effectifs scolaires pour parler de l’estimation de la demande en termes de démographie entre deux recensements de la population et de projection des effectifs proprement dite. La scolarisation de base s’organise tout particulièrement en lien direct avec la population. Et la préparation de la carte nécessite donc la collecte et l’analyse des données démographiques locales. Ces données serviront à faire le diagnostic de la couverture du système éducatif à l’heure actuelle. Elles serviront aussi à estimer la demande potentielle future d’éducation. C’est sur la base de données de population projetée que seront préparées les projections des effectifs. Quant aux aspects de la démographie de la planification de l’enseignement, le spécialiste Ta Ngoc Chau de l’IIPE propose la méthode d’interpolation de Sprague qui est fondée non seulement sur l’effectif des groupes d’âge considéré, mais aussi sur l’effectif des deux groupes qui le précèdent et des deux groupes qui le suivent.
3- La réorganisation du réseau scolaire ou carte prospective. Il faut revoir les normes de construction d’écoles en termes de taille minimum d’établissements du fondamental et du secondaire et de nombre de kms à parcourir par les élèves pour atteindre le site scolaire et l’aire de recrutement des élèves par rapport à leur maison d’habitation.
Les normes ne sont autres que les principes à respecter lors de la préparation de la carte prospective. Pour Haïti, la Direction du Génie Scolaire peut partager les normes des établissements en termes de normes de construction, de taille de classe et de ratio élèves-classe etc.
L’aire de recrutement d’un établissement scolaire, c’est la zone géographique desservie par une école. Si par exemple, un grand nombre d’enfants parcourent chaque jour des kms à pied, on doit étudier la possibilité de créer de nouveaux établissements ou d’organiser du transport. De surcroit, si de nombreux élèves jugent que l’école proche de leur domicile n’est pas de qualité par rapport aux écoles éloignées, l’Etat doit envisager des mesures pour égaliser les conditions d’enseignement dans la région.
Les techniques de localisation de l’offre sont très compliquées dans la mesure où ça peut varier selon la topographie de la zone surtout en Haïti. Toutefois, nous retenons quelques paliers savoir : – estimation du nombre d’élèves à scolariser – déterminer la capacité d’accueil des établissements existants et leur aire de recrutement – implantation de nouvelles écoles -estimation des besoins en locaux et en enseignants – comparaison des couts et avantages de différentes propositions.
Le SIGE à finaliser
La carte scolaire et le système d’information sont corrélés dans la mesure où ils marchent de pair c’est comme le hardware et le software comme je disais tantôt. Les enquêtes annuelles et la préparation de la rentrée scolaire sont des éléments de la carte pour alimenter en données le SIGE ou EMIS (Educational Management Information System).
A partir de ces informations présentées sous forme de tableau de bord dans un cadre de veille stratégique, on peut faire une bonne administration du secteur qui devient de jour en jour un animal géant en raison de la diversification de l’offre et de la demande d’éducation et sans nier le poids du secteur non public dans le marché éducatif et qui produit des effets d’entrainement puisque un nombre important de marchands vivant de l’école.
Le Ministère de l’éducation à travers sa structure de planification a des données de 2010 à 2016 et celles estimées jusqu’à 2019 comme l’existant par rapport à la photo du parc scolaire. Sa dernière enquête remonte à 2016 pour l’enquête- papier et 2015 pour l’enquête numérique. Et on sait que les statistiques vivent de l’extrapolation des tendances passées. Quitte à ce que le ministère réalise l’enquête prochaine afin de pouvoir actualiser ces données.
En raison d’absence de données sur la population scolarisable de l’IHSI, la planification a eu du mal à calculer les indicateurs en termes de taux d’admission en 1ere année d’études et du taux net de scolarisation à éclater au niveau régional selon le statisticien Nandy Denis (CTPEA/IIPE-UNESCO). Ainsi que du taux de survie de 5eme année comme espérance de vie scolaire pour parler de l’efficacité interne.
En regard de la fiabilité des statistiques scolaires, le Ministère de l’éducation et l’UNESCO travaillent dans un cadre de coopération pour réhabiliter un comité de pilotage du SIGE pour la validation des données avec une Equipe Technique Nationale (ETN), mise en place par la Direction Générale du Ministère. La tendance qui se dessine actuellement au ministère de l’éducation, c’est que pour les prochaines enquêtes, les décideurs voulaient passer de façon gradualiste de l’enquête- papier à l’enquête numérique avec l’utilisation des tablettes et du GPS. Et du même coup articuler la base de données géo- référencée avec celle 2016 y compris les résultats de l’enquête 2021.
Une enquête géo-référencée est déjà réalisée en 2014-15 par le Centre National d’Information Géo-Spatiale (CNIGS) avec le financement de la BID pour le compte du Ministère de l’Education. Et que la base de données avec des coordonnées géographiques existe et que nous l’exploitons au besoin. Et un monitoring doit se faire avec le CNIGS y compris la participation de l’USI.
Et nous avons démarré des formations pour les agents des DDE en SIGHAPS et en DYNMAP avec des experts français et haïtiens dans le cadre du contrat du CNIGS avec le Ministère aux fins d’exploitation de la base de données géo- référencée. Et que chaque DDE ait sa propre base interconnectée avec le SIGE piloté par l’Unité du Système d’Information (USI) et qu’elle ajuste après chaque rentrée scolaire aux fins de suivi de l’évolution de l’offre et de la demande au niveau de la micro planification. Mais malheureusement, le monitoring de cette série de formation n’a pas été poursuivi en raison des soubresauts de toutes sortes dont des grèves au niveau de l’enseignement public
Le Ministère compte adopter d’autres stratégies pour la collecte de données par exemple une application comme google forms ou Kobo, pour ainsi dire, un lien va être créé et les écoles remplissent les formulaires on line comme font les ambassades par exemple celles du Canada et des USA. Et que ça s’achemine dans une plate-forme que ce soit OpenEmis ou Go school.
Mais nous trouvons nécessaire cette application OpenEmis, développée par l’UNESCO, sans royalties, accès facile qui puisse nous permettre de sortir des tracasseries pour remonter les formulaires-papiers de la DDE à la Planification via l’Unité de Coordination des Direction Départementales d’Education (UCDDE) de la Direction Générale.
Pour les problèmes d’énergie et d’internet, les DDE et les services de planification et de technologie qui vont jouer un rôle de point focal seront équipés pour desservir les écoles ayant des difficultés pour remplir les formulaires à partir d’un poste-desktop, connecté sur une application-WEB.
Pour la mise en place de l’architecture du SIGE, l’Equipe Technique Nationale (ETN) va travailler sur deux angles savoir les statistiques éducatives et l’autoroute de l’information pour parler des instruments heuristiques à utiliser (plate-forme, software, hardware, rooter de sécurité).
En ce sens, la Planification a déjà fait l’état des lieux en matière de l’existant des données, de manuel de procédures, des travaux de diagnostic réalisés sur la production des statistiques, des textes de loi comme celui du 5 juin 1989, le décret du 11 septembre 1974 sur l’ouverture et le fonctionnement des écoles privées voire sur la définition de l’école comme unité statistique pour la collecte des données ainsi que des documentations sur le SIGE et l’inventaire du matériel informatique comme ceux de GENINOV.
Dans la même veine, une partie de ces documentations est déjà acheminée à l’IFOHSED comme firme consultante, engagée par la Banque mondiale, ces jours-ci, en vue de l’élaboration d’une méthodologie de collecte de données pour le compte du Ministère de l’Education via l’USI et la Planification en regard de l’enquête scolaire (20-21) après le pic de la covid-19.
Quant à l’identification des besoins comme l’une des étapes du SIGE, nous avons déjà une base d’indicateurs comme l’existant. Le schéma directeur proposé par l’Unité du Système d’Information (USI) du Ministère n’est pas figée, il peut être revisité au besoin dans un cadre de planification stratégique voire la prospective selon la vision du Ministre et du DG.
Le SIGE va être implémenté pour apporter une plus-value aux efforts de l’Etat haïtien pour changer les pratiques d’antan comme le lecteur optique a révolutionné la manière de saisie des notes aux évaluations officielles. Aussi va-t-il faciliter une meilleure circulation de l’information voire une unicité dans les données par rapport à l’Intranet et l’Extranet. Une informatisation est à construire en ce qui a trait au circuit de l’information dans la chaine statistique au niveau de la micro-planification pour ainsi dire de la DDE du Bureau du District Scolaire (BDS) et du Bureau d’Inspection de Zone (BIZ) y compris le bas de l’échelon : Ecole.
En dépit de nouveaux paradigmes prévalant dans le monde marqué par la révolution cybernétique, le Ministère voulait que chaque DDE s’occupe de l’enquête scolaire de type numérique ou hybride, faire le traitement, la saisie et le rapport des données et même monter l’annuaire statistique évidemment avec l’accompagnement des techniciens de la Planification et de l’USI.
Eu égard à la carte scolaire, le service de planification et de technologie, véritable point focal au niveau local, que le ministère envisage d’implanter, va faire la photo de son département respectif a l’occasion de la préparation de la rentrée scolaire (avril- mai) aux fins de meilleures allocations de ressource au niveau de la micro-planification.
Dans l’optique de l’IIPE-UNESCO, je m’inscris dans la logique de McMahon, ex-responsable de l’unité de formation comme Philip Coombs qui a parlé de l’âge d’or de la planification de l’éducation, le SIGE ou EMIS n’est autre que comme je disais déjà, la planification de l’éducation informatisée. En d’autres termes, c’est un système de management d’information créé pour la gestion des données d’un système d’éducation.
Le SIGE favorise la collecte des données, le traitement, l’analyse et le rapport des informations de l’éducation. L’information venant du SIGE est particulièrement utilisée pour calculer des indicateurs qui mesurent la performance d’un système d’éducation et pour faire une meilleure allocation de ressources. Il peut être modélisé autour de grands champs comme élèves, enseignants, école, classes, manuels et ressources, finances et à tous les niveaux d’enseignement et par département scolaire et par genre.
Un SIGE est une exigence- clé pour que le Ministre puisse évaluer son progrès vers les objectifs de développement durable notamment les objectifs de l’Education for All (EFA) ou l’ODD4 à l’horizon temporel 2030 pour se référer aux pays émergents.
Le cycle de vie du SIGE suit généralement le processus annuel: Collection des données – création des instruments d’enquête, distribution et collecte des données des écoles. Traitement des données – organisation, traitement, vérification et nettoyage des données. Analyse des données – agrégation, calcul et interprétation des données. Rapport des données – publication et diffusion des informations en termes de module, bien que les plates-formes des SIGE varient en ce qui concerne les dimensions et capacités, la majorité des systèmes incluent les modules suivants: écoles / institutions, élèves / étudiants professeurs / personnel, classes, affiliation / diplômés, édifices et infrastructure, manuels et ressources, finances.
Une plateforme du nom Open EMIS a été créée par l’UNESCO comme un système sans royalties qui peut être personnalisé facilement pour atteindre des besoins particuliers des pays membres. Aussi cela peut-il nous aider à avoir des indicateurs figurés dans la base de données de l’Institut de Statistiques de l’UNESCO (ISU).
En définitive, la carte scolaire, outil de pilotage du système éducatif au niveau local, va permettre à l’Institution éducative de faire une gestion rationnelle des ressources consacrées à l’éducation tout en minimisant les couts et maximisant les bénéfices.
Faut-t-il bien se souvenir que 70% de la carte sont techniques et quelques 30%, politiques dans nombre de pays comme le Liban par exemple. Sous la pression des politiques, l’administrateur de l’éducation peut être contraint à implanter une école dans une zone où il n’y a pas de demande potentielle d’éducation.
La généralisation de la carte peut, toutefois, nous aider à délocaliser les écoles se trouvant dans les ravins et de réduire, du même coup, la distance parcourue par les élèves pour arriver à l’école. Les agences d’aide sur le terrain doivent travailler avec les structures étatiques avant de contractualiser avec les entités externes en ce qui a trait aux recensements de la population et de l’école.
Yves ROBLIN, Spécialiste en Planification de l’éducation, Expert national en système d’éducation comparée, Auteur « Les Grands Axes en Matière d’éducation en Haïti : Des stratégies pour la réduction de la pauvreté et pour la paix sociale » La Presse évangélique, Rue Capois. roblinyves@yahoo.fr, 3170-4778.