Prédateurs en uniforme

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Un éditorial du journal jamaïcain « The Gleaner  » sur les abus sexuels des soldats des Nations Unies en Haïti

Samedi 21 décembre 2019 ((rezonodwes.com))– Le monde a à peine cligné des yeux à l’annonce que des soldats de la paix des Nations Unies (ONU) ont engendré des centaines d’enfants en Haïti, puis ont tourné le dos aux femmes violées et aux enfants qu’elles ont portés. Il s’agit d’Haïti, un pays qui lutte pour surmonter la pauvreté profonde et le sous-développement. Pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental, Haïti a également subi les ravages d’événements climatiques extrêmes et d’une épidémie de choléra.

Peut-être que si ce scandale sexuel de l’ONU avait attiré une fraction de l’attention des médias sur les crimes sexuels présumés du magnat hollywoodien Harvey Weinstein, un tel comportement odieux aurait suscité l’indignation dans le monde entier. Malheureusement, il a échappé à la condamnation qu’il mérite vraiment.

Des allégations d’abus sexuels contre des soldats de la paix et du personnel civil des Nations Unies font la une des journaux depuis les années 90. L’ONU déploie environ 100 000 militaires et policiers en uniforme et presque autant de civils dans le monde.

Pour la période 2004-2016, il y a eu environ 1 700 plaintes officielles d’inconduite sexuelle contre les forces de maintien de la paix des Nations Unies dans le monde. Mais les estimations de l’organisation caritative mondiale contre les abus sexuels connue sous le nom de «  Hear Their Cries  » suggèrent que les soldats de la paix et le personnel civil des Nations Unies auraient pu commettre jusqu’à 60000 actes de viol, d’agression sexuelle et d’abus sexuels entre 2010 et 2018.

En Haïti, des soldats de la paix des Nations Unies qui ont établi une présence en 2004 auraient opéré un réseau sexuel d’enfants pendant plusieurs années. Par exemple, un groupe d’enfants haïtiens a identifié 134 casques bleus sri-lankais en 2007 qui, selon eux, les avaient exploités et abusés sexuellement. Un garçon a déclaré aux enquêteurs qu’il avait couché avec au moins 100 soldats, en moyenne quatre par jour. Personne n’a été emprisonné et Sri Lanka a continué de participer à des missions en Haïti et ailleurs.

Ces récits et d’autres décrivent le portrait des soldats de la paix comme des prédateurs en uniforme, opérant sous l’égide de l’immunité des Nations Unies. Il est allégué que les jeunes filles ont parfois été forcées de faire des faveurs sexuelles juste pour prendre un repas pour satisfaire leur faim. Ces filles, sans instruction et embourbées dans la pauvreté, ont ensuite été laissées avec des bébés à soigner sans l’aide des hommes qui les ont engendrées.

D’après nos recherches, seulement une cinquantaine de soldats de la paix ont été arrêtés et punis pour crimes sexuels. On est obligé de poser la question: l’ONU a-t-elle fait assez pour tenir les coupables responsables et mettre fin à cette mauvaise pratique? Un panel indépendant a constaté en 2016 que l’ONU n’avait pas agi avec la «rapidité, le soin ou la sensibilité requis» dans les circonstances.

PUNIRLES RESPONSABLES

Suite à des accusations concernant les diverses atrocités et au manque de recours et de responsabilité dans ces affaires, l’organisme international a dévoilé une multitude de propositions visant à lutter contre les abus et l’exploitation sexuels dans les rangs de ses forces de maintien de la paix. De nouvelles mesures ont également été introduites en 2017, essentiellement pour accomplir ce qui n’avait pas été réalisé en 2005.

Nous apprécions le fait que l’ONU n’ait pas compétence pour poursuivre les troupes de maintien de la paix, mais les États membres, qui fournissent ce personnel, devraient être obligés de les tenir responsables. Nous devrions, selon nous, disposer d’un mécanisme permettant d’identifier les auteurs de crimes sexuels et de veiller à ce qu’ils soient poursuivis dans leur pays d’origine et tenus de s’acquitter de leur responsabilité de paternité, une fois les preuves génétiques établies.

Plus tôt cette année, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a nommé un groupe de sept personnalités éminentes pour siéger au Conseil consultatif de la société civile sur la prévention de l’exploitation et des abus sexuels. Le conseil a notamment pour fonctions de conseiller le secrétaire général sur les moyens de renforcer les mesures préventives et la responsabilisation.

Reconnaissant l’opinion d’experts selon laquelle le fait d’être une mère célibataire sans emploi est le principal facteur de risque de pauvreté, l’avenir semble sombre pour ces mères haïtiennes et leurs enfants sans père. Ces mères haïtiennes n’étaient pas protégées par leurs Casques bleus et elles devraient être indemnisées pour leurs souffrances et leurs souffrances.

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