Port-au-Prince, mercredi 22 juin 2016 (rezonodwes).- Avec les récentes prises de position des responsables du CSPJ (Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire) et de l`ANAMAH (Association Nationale des Magistrats Haïtiens), il est clair que le pouvoir judiciaire revendique une part du gâteau politique et veut exprimer sa rancœur d`avoir été écarté de la transition par la constitution amendée et les deux autres pouvoirs qui ont signé un accord sans inviter ses représentants.
Cette entrée en scène sous fond de contestation de la présidence de Privert, loin de nous permettre de déceler un nouvel arbitre, fait paraître plutôt le président du CSPJ comme un revanchard qui tire à boulets rouges sur le président parce que l`Exécutif l`avait mis sur le banc de touche lors de la prestation de serment des membres du Conseil Électoral Provisoire, en s`adressant directement à Maître Mécène Jean Louis.
Le constat est patent. Les 3 pouvoirs, Exécutif, Législatif et Judiciaire, sont soit illégitimes ou dysfonctionnels.
Du côté du président Jocelerme Privert, il est n`est un secret pour personne qu`il n`a pu accéder à la première magistrature qu`à la faveur d`un accord… inconstitutionnel. De plus, le mandat de 120 jours que lui a accordé cet accord politique est arrivé à expiration depuis le 14 juin.
Quant au pouvoir judiciaire, il n`est pas mieux loti. Le président du CSPJ n`a plus un mandat valide à la Cour de Cassation alors que plusieurs autres juges ont été illégalement nommés par l`ex-président Martelly.
Les députés et les 14 nouveaux sénateurs n`auraient même pas dû prêter serment, vu que la loi interdit toute promulgation de noms d`élus avant la fin du processus électoral qui peine jusqu`a présent a être complété. De plus, miné par les divisions, les séances deviennent presqu`impossibles à réaliser et aucune loi ou proposition de loi n`a été votée par cette institution depuis le 2ème lundi de janvier.
Avec l`incapacité de ce parlement de rétablir la stabilité de la gouvernance de l`Exécutif, une mission que lui a confié l`accord du 5 février, la nation se situe actuellement à un carrefour historique et extrêmement dangereux et une éruption de violence est à craindre dans les prochains jours.
La population se retrouve donc avec sous les bras trois pouvoirs de facto qui se livrent une guerre sans merci qui, pourtant, ne fera aucun vainqueur dans les rangs haïtiens, mais uniquement des vaincus, tant dans le camp des citoyens que dans ceux de cette élite politique et économique fragmentée et démodée.
Dieudonné J-V Loriston
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