Dialogue « national » : Entre scepticisme et pessimisme

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par Cliffton SYLVAIN

Mercredi 6 novembre 2019 ((rezonodwes.com))– A la faveur des événements des 6,7 et 8 juillet 2018, beaucoup de choses se trouvent dans l’obligation d’être repensées. Ces événements étaient, bien sûr, la dernière goutte d’eau qui renversa le vase de l’inconscience, de la colère, de la frustration, de la misère et de la conscience révoltée de toute une population contre un système politique bien huilé par un ensemble de régimes politiques tous rétrogrades, réactionnaires et corrompus jusqu’á l’os.

Les institutions de défense de ce système, je veux parler des organes personnifiés et personnalisés de la Société civile, les Médias et les mercenaires politiques du statu quo ne sont pas encore aptes à lâcher prise contre les cris de révolte, le désespoir d’une jeunesse et la souffrance de tout un peuple afin que tout le pays puisse profiter, jouir aisément les richesses, les avantages que les opulents du système, les maîtres de monopole des secteurs clés de l’économie haïtienne inscrivant dans leur patrimoine familial. D’où est parti, sous le couvert de crise politique, la véritable crise de la société haïtienne.  Selon notre observation, il nous semble un peu compliqué et difficile pour ne pas dire impossible à identifier les acteurs selon leur champs d’activité respective.

À noter, dans la crise, nous distinguons deux acteurs principaux; les acteurs politiques et les acteurs économiques. Cependant, il est remarqué, depuis un certain temps, une certaine homogénéité dans les actions, les discours des uns et des autres, qui va sans doute vers un résultat qu’il ne faut pas être un devin pour comprendre que la répétition serait le refrain que nous auront à chanter dans un avenir certain. Sur ce, comprenez bien, que le politique a été et est le valet de l’économique. C’est, en effet, bien de l’avoir compris qu’une affirmation a été bel et bien claire que « la crise politique n’est pas politique» (Roody Stanley Penn).    

À vrai dire, cette crise ne dâte pas d’aujourd’hui. Car si nous nous inscrivons dans l’après Duvalier (1986) comme point de départ, ils faudrait suivre ce couloir de processus de transition continu qui doit à tout prix s’arrêter sur un projet de société. D’où, la fin des années 1980, le début tentatoire d’une conférence nationale/ dialogue national dont l’objectif serait d’engager toutes les composantes de la société haïtienne, sans exclusion, dans ce fameux processus de recherche en commun les médicaments aux véritables maux de notre pays.

C’est dans cette optique, une commission de Jeunes Responsables, dont je faisais parti, sous l’obédience de l’Observatoire de la Jeunesse Haïtienne (OJH), a été mis en branle afin de rencontrer, de discuter avec des personnalités politiques ( Présidents, parlementaires, Ministres), des partis politiques, des institutions de la société civile, des ambassadeurs (nationaux et étrangers)… et surtout des organisations de Jeunes et jeunes leaders confirmés et en gestation.

L’objectif premier de la commission de l’OJH  c’est de pouvoir comprendre les moindres détails préoccupantes des différentes acteurs afin d’inciter les jeunes (leaders) à s’impliquer eux aussi dans ce dynamique de dialogue inclusif et d’apporter leurs contributions pour un véritable projet de société. Mais, malheureusement, les événements de février 2019 et durant ont écourté voire stoppé le calendrier de la commission.

Néanmoins, si la conjoncture nous a pris au dépourvu du temps, mais de façon personnelle, les membres de la commission peuvent en témoigner que l’idée de ce fameux dialogue national dance sous le rythme de la méfiance, du doute, de mensonge et surtout sur la finalité de ce qui va être un partage de postes comme ça l’a été toujours. C’est ainsi, entre les lignes de ces différentes rencontres, qu’on pourrait toutefois constater que les personnalités les plus susceptibles à dialoguer se voient dans cette fameuse dialogue que tentative pure et simple de manipulation.

Car le pouvoir actuel ne dispose pas une politique de justice que réclame la population sur le gaspillage et les détournements de fonds de l’Etat et les Fonds petrocaribe; le pouvoir ne dispose pas du consensus populaire. Au final, à de telles questions: Quels seront l’objectif d’un tel dialogue? Sur quoi porterait-il et quels seraient les acteurs, les mécanismes et les risques? Aux éléments de réponses j’estime être noyé dans l’océan de méfiance que la plupart des acteurs peuvent laisser comprendre et être piégé dans ce train à toute allure sur les rails d’un quelconque type de manipulation politique.   

Face aux enjeux, une nouvelle génération de leadership politique pour aboutir à ce processus de dialogue, pour aider le peuple dans sa quête d’une société meilleure où l’économie va appuyer la politique pour que la politique puisse aider l’économie à se développer, se fortifier et se consolider pour l’épanouissement des uns et des autres dans leur sphère d’activité respective, il faut qu’une nouvelle classe d’hommes et de femmes puisse accéder à des postes décisionnels. Pour ce faire, une nouvelle génération politique, d’hommes et de femmes déterminés, compétents et respectés les principes régissant l’éthique de la responsabilité et celle de la conviction. Voila, un moyen, nous l’espérons, que les faiseurs de Roi et Reine n’arriveront pas à marchander pour un morceau de pain fromagé.        

Cliffton SYLVAIN
cliffton.syl@gmail.com

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