Le ‘’Carrefour de la Résistance’’ prend forme aux frontières de Delmas et Port-au-Prince

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Dimanche 20 octobre 2019 ((rezonodwes.com))– La transformation est brutale. Au carrefour de l’Aéroport, le rendez-vous aux couleurs ternes de visages des martyrs de la contestation populaire offre une autre architecture de la résistance.

Les épaisses parures graisseuses, les revêtements poussiéreux ont disparu pour faire place aux représentations des victimes de la contestation, de la lutte pour le renversement du statu quo haïtien. Sous le viaduc, quotidiennement, le défilé de curieux, d’admirateurs de l’art du dessin rivalise avec l’immobilisation des véhicules engagés dans le transport public et les chuchotements d’amateurs opinant sur le choix des mélanges.

À l’initiative du Collectif des Artistes engagés (KATAN), l’ambiance au carrefour de l’Aéroport rebaptisé Carrefour de la Résistance prend une nouvelle allure.

‘’C’est pour rappeler qu’à nos yeux le combat de ces âmes tombées sous les balles assassines, chassées et tuées en raison de leur conviction, n’avait pas de prix. Le choix des peintures rime avec le contexte douloureux’’, a expliqué Francisco Silva, artiste.

Oxygène au printemps haïtien

Au Carrefour de la Résistance en gestation, chacun a une anecdote à rapporter, des motifs d’assassinat d’un proche à évoquer. L’exposition des clichés en papier sur les murs périphériques du viaduc sied avec l’ambiance qui s’y prêtait depuis plus d’une semaine.

Chaque passant était contraint de garder un œil sur les fresques, de contempler l’œuvre murale. La concrétisation du projet se justifie en raison de la nouvelle caricature de la mobilisation contre le pouvoir actuel dirigé par le président Jovenel Moïse, admet Gerschand Bastia, aux commandes de KATAN.

‘’C’est opportun d’envisager une telle initiative. Le combat contre cette gouvernance réactionnaire responsable du drame haïtien nécessite d’autres armes. Donc nous tenons à s’user de tous les moyens susceptibles de catalyser la lutte’’ a confié le chanteur.

Environ une centaine de figures restent à être dessinées sur les deux façades intérieures du viaduc, ont promis les initiateurs. Les artistes s’activent à finaliser la première phase du projet et de délivrer la marchandise.

Et l’idée de compléter progressivement la liste des victimes de l’atrocité policière ou encore des sbires du pouvoir redessine l’autre symbole révolutionnaire haïtien.

Hervé Noel
vevenoel@gmail.com

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