Le fléau de la corruption au beau milieu des crises politiques en Haiti

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par Jimmy Osias

Samedi 12 octobre 2019 ((rezonodwes.com))– Depuis plusieurs années, la vie publique haïtienne est plongée dans le pétrin. La corruption et les conflits d’intérêt surgissent à travers tous ses compartiments. Comme corollaire, les gens continuent à vivre dans une situation alarmante où l’insécurité publique est ignorée par les responsables. La montée du chômage, la misère, l’inflation, la pauvreté, la violence des gangs lourdement armés, les inégalités sociales, et le désengagement de l’État semblent de plus de plus alambiqués.

Cependant, des pratiques illégales s’amplifient de tout poil au détriment de la masse, du népotisme à l’augmentation de richesses des parlementaires et en passant de manière rapide du gouvernement. Partialement, beaucoup de journalistes prennent la balle au vol pour créer des divertissements dans le but de faire leur miel de cette situation.

Les politiciens de l’opposition sont aussi complices par action ou peut être par omission de cette corruption. Par contre, ils sont auto-nominés pour mener des enquêtes contre la corruption au sein du pouvoir en place. Sans chantre de  transparence, les enquêtes semblent donc témoigner de conflits internes dans l’élite politique plutôt que d’un mécanisme disciplinaire et d’expertise.

Comme le disait Jean Napoléon V. : « En politique un excès d’audace ou de folie font de l’homme un héros ou un martyr ». Bénéficiaires de toutes ces conjonctures politiques, ils utilisent des discours creux et des procédés spécifiquement habiles pour camoufler le peuple. Stratégiquement, ce camouflage consiste à soutenir leur position contre les autres de manière artificielle de se faire passer pour des meilleurs. Car « Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute », disait Jean de la Fontaine.

Comme le renard, nos politiciens flattent et disent tout ce que le peuple veut entendre pour s’accaparer et/ou conserver le pouvoir. Alors que le peuple, ce corbeau, qui obscurcit quotidiennement dans la mouise, est prétendu « phénix des hôtes », s’entre-déchire pour un pseudo-fromage qu’il ne goûtera probablement jamais.

Très astucieux, lors des joutes électorales, ils ont profité pour promettre monts et merveilles, donc toutes sortes de possibilités à une population majoritairement misérable, affamée et analphabète. Une fois élus, toutes les promesses faites deviennent hypothétiques; et le clientélisme politique pour enrichir leur famille est mis en exercice. Supportés par des bourgeois lors des élections, en retour, ils permettent à ceux-ci d’obtenir tout ce qu’ils veulent en illustrant ainsi le proverbe russe : « Nous avons tout pour nos amis et la loi pour nos ennemis ».

En Haïti, pour faire fortune, il n’est pas forcément besoin d’être technicien ou d’être spécialiste dans un domaine précis. Fréquemment, il suffit d’avoir un support du vif-argent dans les veines au sein du gouvernement et du Parlement. Tout à coup, votre banque insignifiante est permise, par exemple, à mener des opérations avec des fonds publics.

Patrons des bandits, les dirigeants sont impliqués dans presque toutes les fraudes du pays. Sans discontinuité aucune, la corruption enfouit ses racines dans la continuité des pouvoirs politiques, de la présidence au judiciaire en passant par le législatif. Par conséquent, elle provoque un manque de confiance envers les institutions étatiques et devient un cancer en phase terminale agissant en leur sein.

Cette question de corruption est grandement répandue dans le pays. Elle ronge le moral de tous et, débouche sur des crises d’autorité échafaudées par la déréliction du langage, permettant au peuple de croire que personne n’est à la hauteur de lever des défis sociaux et politiques que le pays est en train de connaitre. Elle est vivace à un tel point que personne n’inspire confiance à personne. Du coup, elle affaiblit progressivement la confiance – de tous les haïtiens dans les forces de police, dans les tribunaux et les représentants politiques, ­délabre la justice et l’équité; elle lèse sérieusement l’économie du pays, empêche la prospérité, et bride la création d’emploi.

Outre mesure, la corruption elle-même détruit tout et relègue la population entière dans la pauvreté. Elle ravage tellement le pays que la population en est presque confortable et en détourne le regard. Comme le dit Barack Obama, la corruption « freine tous les aspects de la vie économique et civile ». La combattre « exige un engagement du pays tout entier – des dirigeants et des citoyens – afin de changer les habitudes et de changer la culture ». C’en est important d’exercer courageusement des actions ensemble pour arrêter cette bérézina.

La problématique de la corruption se trouve  effectivement  à la base de la formation intégrale de la personne humaine. Dans un pays comme Haïti, bouleversé et désagrégé par des tensions et des conflits en raison du violent affrontement entre l’individualisme et l’égoïsme de toute sorte, les enfants doivent acquérir le sens de la justice véritable – qui seule amène au respect de la dignité personnelle de chacun – et davantage encore le sens de l’amour authentique, qui est fait d’attention sincère et de service désintéressé à l’égard des autres, particulièrement les plus démunis et les plus nécessiteux.

Mal leur en a pris. Si notre pays se trouve dans cette situation précaire, c’est parce que le peuple haïtien ne connait et n’identifie pas ses vrais ennemis sapant l’image du pays. Souvent trompés et abusés par des politiciens, nous passons toujours à la trappe. De plus, nous continuons de les admettre à dominer nos pensées en nous persuadant d’être notre seul sauveur pouvant fluctuer l’image du pays. En captivant le pouvoir, ils deviennent millionnaires au détriment de la masse.

Pour faire face à ce fléau,  nous devons posséder des agences spéciales non-politisées inspirant confiance afin d’évaluer la performance de l’État, d’enquêter avec toute sincérité sur les irrégularités et d’être apte à prendre des mesures juridiques pour punir les corrompus.

C’est vrai, notre système est donc érigé dans le but de détruire les droits civils du peuple en les poussant à vivre dans la désolation, dans l’isolement et d’accepter le sens de la résignation.

Par contre, si nous anéantissons ce système sans avoir une autre façon de penser les choses, et sans accepter de vivre en harmonie, si nous continuerons à boycotter les projets collectifs des autres n’ayant pas avec nous une idéologie en commun, d’une manière ou d’une autre, la corruption régnera ad vitae aeternam dans le pays.

Jimmy Osias
osiasjimmy@yahoo.fr

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