Kerlens Tilus : Kita Nago ou la chronique d’une révolution annoncée en Haïti

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Kerlens Tilus (Extrait du livre Reflexions au-dela de la censure)

Jeudi 11 juillet 2019 ((rezonodwes.com))– “Comme le répète régulièrement Edgar Morin, les changements radicaux de l’humanité (l’agriculture, l’écriture, la démocratie en Grèce, les religions…) ont commencé par l’invention de pratiques, de modèles isolés, par une minorité de personnes. Puis, pour des raisons diverses et spécifiques aux lieux et aux époques, ces innovations sociales, économiques, spirituelles se sont généralisées à de larges franges de la population mondiale. Cette propagation semble liée à un phénomène de « masse critique », comme le décrit l’expérience dite « du 100ème singe » relatée dans le livre de Lyall Watson, « Lifetide ». À partir du moment où une masse significative de la population se met à penser ou à agir d’une certaine façon, l’ensemble de la société est susceptible de lui emboiter le pas. Cet emboitement de pas provient de toute évidence de la rencontre entre un changement de vision du monde et l’apport d’innovations structurelles incarnant cette conscience nouvelle dans une organisation sociétale.” (Internaute haïtien)

Kita Nago défraie la chronique depuis le 1er janvier 2013. Selon le site officiel de ce mouvement (www.kitanago.ht), Kita Nago est <<un symbole d’unité construit à partir d’un acajou, arbre venant de Métivier, un quartier de Pernier, septième section Bellevue Chardonnières, commune de Pétion-Ville en Haïti. Il mesure 3,10 m de haut 0,36 m de diamètre. Il porte le nom Kita Nago pour servir de catalyseur rassemblant la société une fois de plus pour l’atteinte d’un objectif commun : constituer une chaine de solidarité et d’amour pour un éveil de la conscience de la nation dans l’intérêt de l’humanité. Les fils et filles du pays auront pour mission de se mettre ensemble pour faire sortir Kita Nago des Irois dans le département de la Grande-Anse pour le transporter à Ouanaminthe département du Nord-est.

Les femmes adorent, se courbent devant le Bwa, les hommes portent le Bwa sur leur dos, les enfants accourent pour voir le Bwa. Les frères et sœurs catholiques se raffolent du Bwa, ils y voient la croix du Christ, les prêtres catholiques sont jaloux du Bwa, les pasteurs protestants découragent leurs fidèles à saluer le Bwa par pure jalousie, les politiciens veulent s’en accaparer, les nantis d’Haïti veulent acheter le Bwa argent comptant. Les paysans veulent brûler le Bwa pour faire du charbon. Arrivé à Ouanaminthe, le bois ne fera un pas Kita, un pas Nago. Mes amis et compatriotes, il faut discuter du Bwa, du mouvement Kita Nago, dégager son symbolisme et de voir dans quelle mesure le peuple haïtien qui souffre de l’avarice sordide des nantis d’Haïti, de l’ostracisme, et du racisme invétéré de la communauté internationale vis-à-vis des nègres d’Haïti peut profiter de ce mouvement pour chambarder le statu quo et construire une Haïti nouvelle.

Harry Nicolas alias Mèt Fèy Vèt: initiateur de Kita Nago

Harry Nicolas alias Mèt Fèy Vèt, initiateur de Kita Nago est un vodouisant qui dirige l’association Kore Pwodiksyon Lokal(KPL). Si on a un téléviseur chez soi durant ces cinq dernières années, on doit connaître, à coup sûr Mèt Fèy Vèt. Les publicités de Mèt Fèy Vèt sont des publicités de sensibilisation. Il est un citoyen engagé dans la lutte pour la conservation des valeurs et traditions haïtiennes, la lutte pour l’éradication de la misère, de la pauvreté en Haïti en misant sur nos forces, nos ressources. Smoye Noisy, un autre grand supporteur de ce mouvement se passe de présentation en Haïti. Smoye est un animateur doué, un visionnaire, un entrepreneur qui matérialise toujours ses rêves. Quand j’ai vu en novembre dernier Smoye Noisy sur un panel avec Mèt Fèy Vèt, je me suis dit que ce mouvement Kita Nago est prometteur.

Le mouvement Kita Nago: Un mouvement mystique

“L’Haïtien occidentalisé est vodouisant dans l’âme. Il faut se le rappeler. Qu’il soit président, ministre, juge, chef de section, même prêtre… Il croit à autre chose que ce qu’on lui a raconté à l’école. Il vit avec d’autres croyances, d’autres peurs, fréquente d’autres églises, se soigne dans d’autres hôpitaux, consulte d’autres détenteurs de savoirs. Le hougan, le bòkò, le papalwa, le prêtre vodou sont incontournables.”(Fridolin Saint-Louis, Le vodou haïtien: reflet d’une société bloquée. Paris, L’Harmattan, 200, p.138).

Nous avons choisi de commencer cette partie du texte avec cette citation de Fridolin Saint-Louis pour affirmer que l’Haïtien est vodou dans l’essence. Nous enchaînons avec le Pasteur Fritz Fontus:

“Le vodou est très fort numériquement et fait montre d’une assez grande stabilité à travers l’histoire malgré les persécutions qu’il a subies(…). Il est relativement facile d’influencer quelqu’un au niveau formel de sa culture. Il est un peu moins facile de l’influencer au niveau philosophique. En revanche, il est extrêmement difficile de l’influencer au niveau religieux ou mythique… Aucun Haïtien ne peut dire qu’il ne doit rien à l’Afrique.”(Fritz Fontus, Les églises protestantes en Haïti: Communication et inculturation, Paris, L’Harmattan, 2001, p. 87-88).

Le Bwa Kita Nago ressemble à la croix du Christ. Le mouvement Kita Nago est avant tout un mouvement mystique tenant compte que le mysticisme est défini comme l’ensemble des croyances et des pratiques se donnant pour union intime de l’homme et du principe de l’être; de l’ensemble des dispositions psychiques de la masse des “Haïtiens” qui recherchent cette union(Petit Robert 2013). On ne peut pas aborder le mouvement Kita Nago sans tenir compte du rôle du vodou dans les luttes de libération nationale. Bernard Diederich, dans l’article “Du vodou considéré comme une arme” publié dans Papa Doc et les tontons macoutes, pp.339-404 écrit ceci: En temps de crise, le vodou est l’articulus stantis et cadentis de la nation. Car, par lui naissent, se maintiennent et tombent des gouvernements. Que la crise vienne de l’intérieur ou de l’extérieur, on peut et l’on doit toujours compter sur le vodou pour conscientiser le peuple haïtien (Jean Fils Aime: Vodou, je me souviens, p. 123-124). À chaque fois que la culture ou l’indépendance politique du peuple haïtien est menacée, c’est encore et toujours le vodou qui servira de cri d’alarme, de point de ralliement et d’ancrage pour la nation (M.S. Laguerre, Voodoo And Politics In Haïti, New York, St-Marteen Press, 1989).

En 2004, Haïti a raté l’occasion de rassembler ses fils autour du projet commun de conserver l’indépendance et de joindre leurs flambeaux en faisceaux pour projeter une lueur nouvelle sur l’écran d’Haïti(Prof. Azemar Nefraige). En 2004, les Conzés, opportunistes de tous poils ont permis à l’étranger de fouler le sol d’Haïti et occuper le pays manu militari. Neuf ans après, c’est la désolation. L’Haïtien vit avec l’inquiétude dans la tête, dans le ventre. Kita Nago est un appel au retour à la source pour résister à l’occupation d’Haïti et retirer le pays dans ce marasme politico-socio-économique.

Le symbolisme de Kita Nago

Le professeur Jean Coulanges, dans un cours à la FASCH sur la culture, en 1996 a avancé qu’en Haïti les symboles ont non seulement une interprétation mystique, mais aussi politique. En regardant le Bwa Kita Nago, nous pouvons dire que les initiateurs de ce mouvement n’ont pas choisi l’acajou par un heureux hasard. L’acajou est un bois dur, résistant qui est facile à polir. Dans les années 80, 90 les familles haïtiennes s’enorgueillissaient d’avoir chez eux des salons, salles à manger, chambres en acajou. Le chanteur Beken idéalise ou magnifie l’acajou dans ce fameux refrain: “Fanm se kajou, pa mal pou repare”. Malgré les multiples soubresauts subis par la femme “Haïti”, elle est toujours pimpante. Ses fils et filles brillent de mille feux à l’échelle mondiale. S’il fallait écrire le livre titré: Les Haïtiens célèbres dans le monde des arts, des sciences appliquées, humaines et sociales, des lettres dans le monde; on serait étonné de voir qu’Haïti comme tout pays dans le monde est porteur de vie, d’espoir. Nous contribuons au bien être, à l’épanouissement des peuples dans le monde depuis notre indépendance jusqu’à nos jours.

Le Bwa Kita Nago ressemble à la croix de Jésus, cette croix infâme que le fils de l’homme portait sur son dos comme châtiment en vue de racheter l’humanité. Le Bwa Kita Nago représente le poids des nantis d’Haïti, de la communauté internationale, des politiciens crabes, des intellectuels et professionnels opportunistes. Le Bwa Kita Nago est le poids des grandes puissances qui pillent les ressources d’Haïti. Faisons un bref survol de l’état des lieux.

Le régime “Tèt Kale” de Michel Martelly s’est fourvoyé à travers un fouillis de mauvaises décisions impliquant certainement une vision trop étroite du développement national d’Haïti. L’agriculture haïtienne dépérit dangereusement. Le spectre de la famine est plutôt visible à l’horizon.

-L’industrialisation du pays n’est une priorité ni pour la Bourgeoisie Nationale Haïtienne”, ni pour les investisseurs internationaux. La campagne anti-haïtienne a tellement bien marché à travers le monde, à partir du slogan favori des médias internationaux “Haïti, le pays le plus pauvre de la région, du monde” comme si la pauvreté vient d’elle-même.

-La déstabilisation de l’éducation académique haïtienne est telle que l’université (UEH), financée à partir des maigres ressources nationales, forme une main d’œuvre et des cadres devant ultimement servir à l’étranger. C’est une façon très malhonnête de déstabiliser Haïti. Et, ajouter à tout cela, le fait que les Nations Unies clament à qui veut l’entendre que 85% des cadres Haïtiens sont actuellement à l’étranger. Ce cycle continue sans problème puisque tous les gouvernements étrangers qui ont besoin de cadres et de main-d’œuvre pensent à Haïti comme source fournisseuse. Imaginez-vous le nombre d’Haïtiens qui œuvrent à titre d’employés ou de cadres aux USA, ou ailleurs en Occident alors que la grande majorité de ces cadres ont été formés en tout, ou en partie, en Haïti même.

– Les Classes Moyennes qui forment l’essentiel de la classe politique est réduite à une peau de chagrin. Elles évacuent le pays pour ne pas crever de misère matérielle. Très faiblement organisée au niveau de la société civile, cette classe moyenne est obligée d’investir le champ politique, seule planche de salut. Mince en termes de poids démographique relative, cette couche moyenne mérite d’être élargie comme cela existe ailleurs en Occident.

Les initiateurs de Kita Nago ont fait la promotion du Bwa tel que Kita Nago devient une blague. Les femmes s’exclament: “Gadon bwa, anmweyyy, gad gwosè yon bwa. Banm antre anba bwa a”. Qui se souvient de cette fameuse citation de Molière: “Castigat Ridendo Mores, je corrige les mœurs en riant”. Kita Nago encourage les haïtiens à “constituer une chaîne de solidarité et d’amour pour un éveil de la conscience de la nation dans l’intérêt “d’Haïti” de l’humanité” en utilisant un symbole risible: Un Bwa Byen Bande, Byen Kale. C’est du marketing au Sweet Micky.

Kita Nago: Un parcours significatif

Kita Nago se veut rassembleur. Kita Nago touche le grand Sud, l’Ouest, le Grand Nord. On voit les Haïtiens de toutes les couleurs, de toutes dimensions. Nous avons vu des nègres, des mulâtres. Les arabes ou levantins, les juifs, les blancs sont absents. Comment les nantis d’Haïti pouvaient-ils aider le peuple à porter ce Bwa alors qu’ils sont partie prenante, les éléments du Bwa? Les nantis ont compris le message. Et, de par leur mutisme, ils nous disent clairement qu’ils ne feront un pas Kita, un pas Nago sur le dos d’Haïti. Ils continueront avec la culture de l’apartheid, la culture de la corruption, et la culture de la médiocrité. Ils continueront à prôner la philosophie de la misère. Nous avons vu la grande foule dans les villes, mais qu’en est-il des tronçons déserts? Kita Nago n’est pas toujours une ambiance de fête et de plaisir. Cinq cents kilos n’est pas une blague. Dans certains endroits, Mèt Fèy Vèt s’érige en avocat pour expliquer aux habitants, aux citoyens le bien-fondé de ce mouvement.

Critiques et Recommendations

L’une des reproches que j’adresse aux concepteurs de Kita Nago c’est qu’ils ont sous-estimé l’effet du mouvement qui a été pourtant bien planifié par deux grands spécialistes en marketing, publicité: Mèt fèy Vèt et Smoye Noisy. Je pense qu’à chaque ville, les initiateurs de Kita Nago devraient arrêter la caravane pour entamer un dialogue sur l’éducation à la citoyenneté, pour expliquer le message du projet et réaliser un projet communautaire de nettoyage ou autres pour émuler le comportement prôné. À part de cela, le Bwa est rassembleur. Dyab pa dyab, tout moun nan dyab. J’aurais aimé voir ce coquin qui va voler ou s’approprier de ce gros Bwa.

Kita Nago est un mouvement haïtien entrepris par des haïtiens pour Haïti. Sur le site de Kita Nago, on n’a pas donné la chance aux Haïtiens de la diaspora de contribuer financièrement à ce projet. Beaucoup d’Haïtiens n’ont pas accès à des centres de recharge. Un système de paiement via carte de crédit serait appréciable. J’encourage les initiateurs du mouvement Kita Nago à préparer une brochure sur le message de Kita Nago. Ce mouvement est un déclic pour le processus de dézombification de la psyché de l’Haïtien. Nous sommes sous l’emprise de la colonisation mentale depuis 1804. L’Haïtien qui embrassait le Konbit dans le temps, devient passif, égoïste. Les ONGs établies en Haïti ont prôné, crée la dépendance avec des programmes bidons du genre de “Cash for work, Cash for food”. En 1991 et1994, nous avons vu l’âme haïtienne à l’action. Durant les sept mois de présidence de Jean Bertrand Aristide en 1991, sur le quartier que j’habitais à la rue de la Réunion (P-au-P, Haïti), les jeunes organisaient à chaque fin de semaine des activités de nettoyage. Du vendredi au dimanche, les notables jouaient à la carte, dominos. Les jeunes hommes jouaient au foot, au basket. Les enfants couraient sans s’inquiéter des “piles fatras” qui jonchent les trottoirs sous le gouvernement de glands roses ou Tèt Kale. Aujourd’hui, l’état haïtien ne peut même pas s’occuper du ramassage de détritus avec efficacité au point qu’un blanc canadien(Fantino) nous dit à juste titre que nous sommes laids et sales, ce qui est bien vrai.

J’aimerais partager cette réflexion de Smoye Noisi, faite lors d’un échange sur la page face book de notre chevronné économiste haïtien, Nesmy Manigat:

« Je suis tout à fait d’accord Kita Nago c’est le plus simplement du monde pour faire tomber les lunettes qui déforment qui avilissent, et forcer l’attention sur les performances et non les apparences. C’est pour nous remettre chacun à l’école de la vie et laisser la raison prendre les décisions à notre place….. Je pense humblement que c’est nous qui devrions parler à sa place, le bwa ne connait pas nos besoins en tant qu’homme. La signification de Kita Nago, pour nous aujourd’hui, c’est d’abord de nous évaluer chacun avant d’évaluer l’autre. Comprendre qu’on peut être tout aussi bien dans la même erreur que les autres. On ne peut pas mesurer sans bâtir ensemble la mesure….. Beaucoup de gens pensent qu’il n’y a eu aucune réflexion au départ de Kita Nago, je leur réponds qu’ils se trompent, il y en a eu avant, il y en a eu pendant et il y en aura surement après. Pour argumenter par rapport àta position Harold J. Pierre, réussir Kita Nago était d’abord un défi à relever pour nous redonner confiance, convaincre le pays tout entier de ses capacités, exploiter ses ressources, son énergie et surtout son intelligence ainsi que son esprit pour aller dans la direction qu’il souhaite. C’est le même esprit qui fait bouger Kita Nago qui fera bouger tous les autres projets auxquels tu fais allusion et du même coup le pays…… Tu n’as pas fait part de tes questionnements pourtant, mais de tes doutes quant à l’intérêt de la chose, tu as partagé tes conclusions qui sont peut-être justes, car seul Dieu sait ce qu’il fait de manière certaine, nous autres hommes ne pouvons être que de bonne foi. Et de bonne foi je le suis, alors attendons les résultats….. L’esprit de Kita Nago ce n’est pas pour nous mettre dos à dos, mais côte à côte, malgré nos différences pour un objectif commun utile. Kenbe la. »

Mèt Fèy Vèt, Smoye Noisy, notaire Alphonse, etc. ont sonné le lambi de rassemblement, ils ont remis à l’honneur le Kajou (l’acajou), l’asòtò (l’assotor). Le mouvement Kita Nago aboutira surement à l’éveil de conscience de la nation haïtienne, la réhabilitation de l’identité culturelle d’Haïti. Sincèrement, les nantis d’Haïti et la communauté internationale doivent s’inquiéter, car le peuple haïtien est résilient non pas pour vivre un rêve brisé, une vie désespérée; mais pour actualiser son potentiel, s’humaniser. Je termine ce papier sur une note juste de l’économiste Nesmy Manigat:

“Le succès de KITA NAGO, c’est simplement le fait qu’on en discute, qu’on le critique, (car rien n’est au-dessus de la critique) et que ceux qui détestent ce marathon jugé trop simpliste, banal, inutile voire dangereux ont décidé de faire mieux. Je les attends pour les encourager tout comme j’applaudis et j’encourage aujourd’hui KITA NAGO. Quant au reste, j’avoue que mon quotient intellectuel (QI) est trop limité pour me hisser au niveau des projections de haut vol de nature métaphysique,magico-littéraire, politico-électoraliste, économico-environnementaliste, psycho-pathologique de ce club de bien-pensants qui seuls ont toujours les bonnes inspirations pour Haïti. Mon gros bon sens me suffit pour applaudir Kita Nago.

Kerlens Tilus
snel76_2000@yahoo.com
Tel: 631-639-0844

1 COMMENT

  1. Kerlens Tilus! Bonswa! Wen te koumanse lir post a wou a, nan « Rezo Nòdwès », wen fè yon kout je pi ba; wen wè y te long anpil. Wen te di tèt an wen, wen pa te pare pou lir tout longèr liv sa. Bon! Kanmenm, wen reziye wen ay fini lir tout; piske ònètman wen pa ta ka bay dizon an wen, san vweman vwe konnen sa wou te di yo, pouki wou te di yo. Bon! Zanmi kanmarad! Soufwi wen di wou, nou pale kreyòl, osnon Ayisyen, si wou pi pito; men twò souvan nanm, esans sa nou ta reyèlteman rele Ayisyen an pa nan nou  » Ayisyen ». Lèr yon sityasyon pa mache pou nou Ayisyen, nou rale yon makòn mo nan « natif-natal » an nou, pou nou kòm plenyen sou sa; sa pa fè:  » Yon pa kita, yon pa nago ». Sa vle di: ayen pa mache, sa pa fè wonn pòt, mouvman nil. Se nan sajès popilèr a, pou nou ay pale langay. Bònèr bònèr lekòl lakay te mete baboukèt lakoloni an nan djòl an nou. Nou pa te gen dwa pale kreyòl; atò kote se pwovèrb nou t apway apwann? Senk fòt nan dikte, senk kout igwaz! Se pou wen di finalman, wen pa wè okenn rapò  » Yon pa kita, yon pa nago » a gen ake tout gwo annaliz, a vwedur, zewo fòt wen soti lir a. Wen ta reyèlteman kontan, nou ta rive fè yon blòk pou nou ta resi yon lòt peyi; men si se sou:  » Yon pa kita, yon pa nago » pou nou ta derape; kwè wen si nou vle; n ape derape o makelpa. Kenbe la!

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