Un lundi sans soleil au lendemain du mardi-gras, se regorgeant l’espoir d’un peuple assoiffé de certitude après avoir passé un quinquennat de deux « kanaval » par année dans une ambiance de « pèdi tèt » afin d’étouffer l’envie de demander des comptes. Les comptes des dépenses de « tanbou lou » du mercredi des cendres avec des « sanba » qui ne chantent plus en chœur…
Dans un calme repenti et sur les marches d’une cathédrale, se trouvent des anciens danseurs qui viennent se convertir au protestantisme afin de justifier leur « yayade » d’hier dans un carnaval qui n’a rien apporté au menu d’un peuple affamé mais se résignant de sa faim. Une question de ne point vouloir offenser les saints – des statuettes aux corps délabrés par le temps des prières de fidèles de toutes les confessions religieuses dont leurs prières ne sont jamais exhaussées.
Ainsi, il vient le temps des carêmes pour les croyants qui ne se démordent pas dans une ambiance constante de « bon enfant » et avec des litanies de pénitence, où ils pensent purifier leur âme souillée par la laideur des homélies. Peut-on distinguer les croyants dans une foule de païens? En effet, je vois des vodouïsants qui ne font plus confiance aux loas, des pasteurs qui ne font plus allégeance au Saint Esprit et des prêtres qui ne font plus confiance à la Vierge Marie, car selon eux, ces derniers (les Loas, le Saint Esprit, la Vierge Marie) ne pourront plus consolider un lien d’unité entre les fils et les filles d’une même nation.
L’atmosphère se déforme dans une attitude de « kasé fèy kouvri sa »… un silence du mal assez découvert. Veut-on cacher quoi? – la tête ou les pieds. Une foi de misère qui, dans une attente défroquée depuis le départ (des Duvalier), fait office de rédemption pour les athées.
La politique règne en dieux – des dieux qui sont devenus politiciens, ils font des promesses tout en lapidant les offrandes de service au Palais National et ce, par un acte de confession. On assiste à la messe des dieux du diable qui ne disent plus leur nom parce qu’ils se croient être des petits-dieux qui, dans un pastorat des anges non existants, ne reçoivent plus d’ordre des mains de ces créatures qui se crèvent leurs yeux afin de ne plus regarder la lune de ces pèlerins qui sont assoiffés de délivrance.
En observant cette désillusion collective: je me sens inconfortable – je perds mon humanité – je ne suis plus humain même la mort m’aurait refusé sa vie des ténèbres. Avec cette croix de charbon sur mon front, je suis devenu plus désabusé, rien n’est plus pareil, mon pays étant né d’une épopée, est devenu un enfer de cimetière où seuls les zombies vivent leur espérance dans un paradis de décomposition des humains. Je ne me sens plus croyant? – croire en quoi me demandé-je?
L’athéisme, cette branche de la philosophie m’est collé à l’esprit, je deviens un être existentiellement questionnable… je questionne ma naissance, ma vie, mon pays, ma culture, mes croyances etc. Je suis devenu philosophe sans le vouloir. Je vis ma rhétorique sans aucune théorie à développer… En effet, j’ai vendu mon âme aux bluffers: (prêtres, pasteurs, hougans, politiciens) etc. Question ne plus penser à une quelconque citoyenneté au delà de mon quotidien terrestre.
Ma foi tue mon espérance en passant par le manque de charité des hommes et des femmes politiques de mon pays. Enfin, il faut beaucoup plus de foi pour croire en une Haïti meilleure.
NY, le 8/2/2016
Elco Saint Amand, av.