Laissons la cantique – de la banane – passons à la prière – d’un ancien matador qui a perdu sa suprême.
Quelque part, dans un hôtel de Pétion-Ville, un ancien président, sort de sa chambre, derrière ses lunettes noires. Sur la cour, une voiture noire, aux vitres teintés en noir, attend. L’ancien président y monte d’un pas décidé et la voiture démarre en trombe. Bientôt, de la voiture, l’on ne voit plus que la plaque d’immatriculation dont deux lettres frappent et atterrent l’imagination: IT pour Immatriculation Temporaire. C’est alors que l’on se dit que, finalement, c’est Graham Greene qui avait raison. Dans le pays ici, nous sommes des comédiens.
Il n’y a pas si longtemps, le Président avait de l’allure; une allure de toro bravo, conscient d’avoir été choisi pour sa combativité et sa capacité à s’adapter aux conditions difficiles. Hier encore, on célébrait son exploit. Il avait, l’espace d’un jour, réussi à faire croire qu’il pouvait tout faire croire. Puis, le voile s’est déchiré. Sans compromis. Sans route par bois. Jusqu’au bout. Le laissant lui et ses commanditaires, ceux qui ont parié sur lui, sans draps et déshonorés.
Aujourd’hui, l’homme aux multiples bureaux vivrait dans un logement provisoire et se déplacerait dans une voiture provisoire. Il est à son ancien conseil ce que la caque est au hareng. Il le traîne avec lui, comme en symbiose. Il nous reviendra, ici, ou quelque part où la race se maintient, en expert-consultant en matières électorales, fort d’avoir servi sa patrie – quelle qu’elle soit – avec une rare ferveur patriotique.
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