24 mars 2025
Petit billet à Manzè et Lòlò de Boukman Eksperyans
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Petit billet à Manzè et Lòlò de Boukman Eksperyans

par James Marc Donald Orphée et Josué Sénat.

Vendredi 1er mars 2019 ((rezonodwes.com))– Nous vous saluons et avons l’honneur de vous écrire ce billet suite à la conférence de presse à laquelle vous avez participé hier faisant état de votre obstination pour la réalisation du carnaval national, en dépit des difficultés majeures auxquelles le pays est en proie.

Nous vous écrivons ce billet en vue de vous rappeler votre parcours et l’engagement que vous aviez l’habitude de prendre au nom du peuple haïtien. Car, il ne fait aucun doute que, chemin faisant, vous avez dérouté des principes au nom desquels vous avez combattu.

Monsieur et Madame,

Vous êtes présents sur la scène musicale haïtienne depuis plus d’une trentaine d’années. Vous vous êtes naturellement installé dans la conscience collective des haïtiens, parce que, à travers votre groupe, vous avez chanté des thèmes touchant au vécu et à la vie d’un très grand nombre d’haitiens. Vous avez pu écrire de très belles chansons portant sur des thématiques engageantes. À travers vos meringues carnavalesques, vous dénonciez, c’était cela votre engagement, au scalpel les injustices , les abus de l’ordre politique haïtien et les inégalités qu’il ne cesse d’aggraver.

Au nom du peuple haïtien, nous vous en remercions.

Votre parcours, somme toute, n’a pas un été un fleuve tranquille. Car, à travers vos chansons, vous avez bravé les pesanteurs socioculturelles haïtiennes et les réalités qui en découlent dans des contextes politiques difficiles.

Nous imaginons que c’était un choix de vie pour lequel vous avez opté pour demeurer des êtres tout à fait libres d’imaginer, de penser, mais surtout d’engagement.

Dans vos textes, le peuple haïtien a pu trouver le réconfort, l’utile, l’amour des couches sociales, l’insubordination. D’une certaine façon , vos chansons ont parlé au peuple haïtien. Chacun ressasse les titres et les paroles sonores de vos textes qui ont traversé les années. Nous espérons que vous vous souviendrez du lien que avez tissé avec le peuple.

Ne voulant pas vous enlever votre droit de vous positionner par rapport à un sujet qui fait débat, nous le jugeons important cependant de vous rafraîchir les neurones sur quelques points saillants de votre parcours qui ont permis, à juste valeur, de sonner le glas d’un système en décrépitude. Nous étions encore gamin 15 ans passés, mais nous nous souvenons de votre position contre un pouvoir qui a été décrié et ne représentait plus les aspirations du peuple haïtien. Par vos chansons, vous aviez mis en lumière les gabegies au plus haut niveau de l’Etat. les réalités que vous aviez chantées dans Move payas, Ti pa ti pa, Pawòl Tafia…demeurent.

Les inégalités sociales restent idem. Le système que vous dénonciez est encore en vie. Il est encore présent dans son ingéniosité à bloquer la régénération sociale haïtienne.

Plus d’un disent que votre attitude ainsi que de ceux qui étaient avec vous sur la table revêtaient des artistes, insouciants de la réalité socio-économique, pleurnichant pour la tenue du carnaval; comme pour parodier le titre du meringue de votre groupe en 2001 (Tèt kokolo) “Atis rechiya k ap kriye pou kanaval de ran dlo de ran larim “. Nous, de notre analyse, estimons que la scène que ces artistes (et vous) ont offert hier est une nième manifestation de l’hypocrisie et du mépris envers les plus vulnérables, les déshérités du système.

Nous étions stupéfaits à vous entendre, Manzè, tancer que l’argent de ce carnaval va vous permettre de payer la scolarité de votre (vos) enfant. Aussi scandaleux que cela en à l’air, il importe de rappeler que cet argent serait mieux utilisé s’il était investi dans le système éducatif. Ainsi, vous ne seriez pas préoccupée par la scolarité de votre enfant, car à travers la constitution haïtienne, l’éducation est gratuite et obligatoire. Ainsi, votre enfant et l’enfant de celle qui habite dans les quartiers les plus démunis auraient droit à l’éducation.

Madame, Monsieur

Sur la table hier avec vous, il y avait un artiste qui chantait l’année dernière, et dont sa meringue vibre encore les tympans, que l’on doit cesser de jeter de l’argent dans l’organisation des festivités carnavalesques quand le plus grand centre hospitalier du pays n’a pas d’équipement pour fonctionner et donner soins à ceux qui le fréquentent. Nous devons vous rappeler, ainsi qu’à cet artiste, que l’hôpital général continue de patauger dans cette triste réalité.

Lòlò et Manzè, sans vouloir vous invectiver, nous nous faisons porte voix des sans voix, porte voix de ceux qui, pour vous, portent une admiration démesurée, pour vous rappeler que votre parcours, votre histoire et votre engagement au côté du peuple haïtien ne s‘articulent pas avec cette dernière sortie médiatique.

Boukman est un patrimoine national, une parmi les fiertés haïtiennes, le symbole de la musique racine et de l’engagement social en Haïti. Il faut donc sauver ce qui reste de ce patrimoine qui appartient au peuple haïtien.

James Marc Donald Orphée et Josué Sénat.

5 Comments

  • Joe Adisson 2 mars 2019

    Tout mes compliments a vous Monsieur James Marc Donald je suis très content de lire votre billet et je suis fier de votre intégrité , encore une fois mes compliments je suis fier de vous.
    Patriotiquement Vôtre !!!!

  • Serge 2 mars 2019

    Boukman nan vin pedu experience li..c’etais juste pour plaisanter..moin toujou solidaire ak boukman moin juste ta rinmin yo resaisi yo

  • Calixte 2 mars 2019

    Antouka, mwen swete yo raganye konfyans pèp lan, paske se yon blesi brilan. Se tankou se avokaw ki temwanye kont ou

  • Chery lenz 3 mars 2019

    Pardonnez moi si je serais trop dure, mille excuses. Nous sommes Malheureusement arrivés à ce Carrefour oú le temps révèle toujours la vraie nature des hommes.

  • JEROME DOMINIQUEE 3 mars 2019

    VOILÀ UN ARTICLE QUI FAIT VRAIMENT HONNEUR À SES AUTEURS. l’EXISTENCE DE PERSONNES DE QUALITÉ AUSSI ÉLEVÉE NOUS PERMET D’AUGURER DE L’EXCELLENCE POUR L’AVENIR DE NOTRE NATION.

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