Louikencia et Roméus, deux peintres Jacméliens à Miami, par Jonel Juste

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L’Haïtien est connu pour être un peuple de poètes et de peintres. Et lorsque deux artistes peintres originaires de Jacmel—une ville où chaque coin de rue héberge une galerie d’art— se rencontrent en Floride à l’occasion de Art Basel, le fameux festival artistique de Miami, c’est la fête des couleurs.




Louikencia Jean Doriscan et Eder Roméus ont participé à l’expo Art Basel qui s’était déroulé du 1er au 6 décembre écoulés à Miami. Ces deux artistes haïtiens ont valablement représenté Haïti à ce haut lieu d’art international. Ces artistes multidimensionnels ont exposé leurs œuvres picturales, chanté et joué des instruments au cours d’un gala du Haitian Ibo Club qui s’était déroulé au Miami-Dade College (North campus) en présence notamment de Robert Labrousse, le ministre des Haïtiens vivant à l’étranger. Accompagné de Louikencia, Eder avait interprété « Lakou Trankil » de Bélo avec lequel il partage le même timbre de voix.

Quoique ne jouissant pas l’usage d’un de ses jambes, Eder Roméus ne laisse pas son handicap l’empêcher d’exploiter pleinement son potentiel. L’homme est en fait très polyvalent. Il est non seulement peintre mais aussi musicien au sein des groupes haïtiens Djazakala et Edderado, ingénieur de son producteur et président de l’Action commune pour l’encadrement des handicapés (ACCENH) en Haïti.

Quant à Louikencia Jean Doriscan (Kencie), vivant à Miami, elle est tout aussi talentueuse et compte plusieurs cordes à son arc. Cette jeune et belle artiste peintre est chanteuse, dessinatrice, poète, écrivain en herbe et promotrice. Elle est la fondatrice et directrice de KProductions Arts, une agence de promotion artistique. Elle se souvient avoir commencé la peinture toute petite en badigeonnant tout ce qui bouge. « A l’école, les autres élèves ne voulait pas s’assoir à mes côtés, car dès que j’avais une plume en main, je gribouillais partout. » C’était déjà l’artiste qui s’exprimait en elle. Kencie allait plus tard intégrer les rangs de l’école d’art jacmélienne, FOSAJ, pour y apprendre les techniques de la peinture et du dessin et devenir une artiste aguerrie. Elle a exposé ses œuvres à la FOSAJ mais surtout en Floride, à Gainsville, à Miami etc. Elle se dit inspirée par Haïti, l’amour (familial, précise-t-elle) et bien sûr la ville de Jacmel.

Les deux artistes ont effectué plusieurs activités communes en Floride durant l’expo Art Basel. Eder indique dans une interview être à son premier voyage en Floride. Il a profité de son séjour pour effectuer des échanges culturels. Il ajoutera plus loin que ses œuvres picturales l’ont devancé; elles ont voyagé dans plusieurs pays comme les États-Unis et l’Allemagne mais que c’était la première fois qu’il les accompagnait personnellement.

Arrivé le 24 novembre à Miami, Eder a rencontré des artistes et visité plusieurs galeries d’art, accompagné de Kencie. Ils se sont rendus à Wynwood, le quartier artistique de Miami. Les 5 et 6 décembre, les deux artistes ont exposé leurs œuvres—des tableaux, des peintures sur t-shirts—à Miami. Ils ont accompagné leurs expositions de performances musicales conjointes qui ont été très appréciées par le public. Les artistes ont même reçu un certificat pour leurs prestations.

Une particularité d’Eder, il utilise ses béquilles comme support pictural. « Depuis tout jeune, je voulais peindre, je rêvais d’aller à l’École Nationale des Arts (Enarts). Cependant, après la philo je ne pouvais intégrer l’école d’art notamment à cause des troubles politiques de 2004.» Ne pouvant aller à l’Enarts, Eder se tourna vers la FOSAJ. Eder se souvient qu’à l’époque il ne pouvait se procurer du matériel pour s’adonner à sa passion, ne pouvant se les payer. Alors il eut l’idée d’utiliser des béquilles dont il ne servait plus comme châssis et un vieux Jeans comme toile. Des amis lui ont donné la peinture et les pinceaux. « Pauvre artiste » était le nom de sa première œuvre, une façon de dire qu’il était riche en talent mais manquait de ressources pour exprimer son art. Constatant son grand talent et son dénuement, la FOSAJ l’a pris en charge. Il y apprit les ficelles du métier et y développa sa propre technique. Et le voilà aujourd’hui.

Eder et Kencie prévoient d’organiser plusieurs autres expositions conjointes à Miami, à Gainsville et dans d’autres villes des États-Unis.

Jonel Juste

Légende photo : Eder Roméus et Louikencia Jean Doriscan lors d’une exposition à Miami



5 COMMENTS

  1. EDER, Comme toujours, tu as deja la volonte d’agir, il te faut de l’endurance et la perseverance surtout la sagesse, Comme ca, tu decouvriras ton bien etre et ce que le Grand Architech de l’Univers te reservera. GO! GO! Eder!!!!!!!!!

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