Des mesures pour redresser la barque nationale malgré la cupidité de nos dirigeants

1
1576

Ce n’est pas l’argent qui fait défaut dans notre pays, mais plutôt la gestion de cet argent. Il est inconcevable que ceux qui ont pillé et gaspillent encore les ressources de la république continent d’être traités en héros. En décidant de ne pas changer la donne c’est allumer un flambeau permanent de révoltes et de désordre dans le pays avec le risque d’une occupation fatale et définitive du sol national




Samedi 21 juillet 2018 ((rezonodwes.com))– Il n’est un secret pour personne que la situation du pays est catastrophique à tous les points de vue. Tous les indicateurs sont au rouge. Le système sanitaire, le système éducatif, l’enseignement supérieur, l’environnement pour ne citer que ceux-là sont dans un état lamentable. D’aucuns se demandent comment on en est arrivé là. Ce pays fier, jadis, qui avait conquis son indépendance par le glaive en rendant inopérant le système esclavagiste mondial ?

Pour ma part, à partir de l’observation de certains comportements de peuple, j’ai pu déceler une seule tare qui empêche notre avancement sur l’échiquier tant national qu’international.

L’analyse qui suit exposera les tares des dirigeants haïtiens en matière de gestion des ressources et montrera comment l’homme haïtien devra remodeler ses mentalités s’il veut voir s’opérer quelques changements en ce pays à la fois aimé et décrié.

Chaque fois que l’Haïtien s’est vu offrir un poste au niveau de l’administration, il prétend être animé par les désirs de servir. Chaque fois qu’il se bat pour parvenir dans la gestion des plus hautes sphères de direction du pays, il affirme, haut et fort, lutter pour changer les conditions dramatiques et infrahumaines dans lesquelles patauge la majeure partie de la population. Toutefois, une fois arrivés au pouvoir ou dans l’administration, les gens oublient vite les promesses faites et sombrent plus rapidement que leurs prédécesseurs dans les mêmes comportements malsains qui caractérisent la gestion de la chose publique à savoir la corruption et le népotisme : deux fléaux issus d’un égocentrisme démesuré.




En effet, l’esprit de sacrifice a été de tous les temps le leitmotiv de toutes les nations qui se sont développées au cours des 100 dernières années. Mais lorsque les hommes et les femmes placés au timon des affaires préfèrent se servir eux-mêmes au lieu de servir le peuple et le pays, on est justement en présence des personnes égoïstes qui méprisent les besoins de la collectivité en utilisant à leur seul profit les ressources disponibles et, pourtant, si rares.

En Haïti, malgré l’état permanent de misère, les fonctionnaires jouissent de tous les privilèges et abandonnent la majorité dans la crasse. Le budget de la république qui est censé le programme par excellence de l’Etat traduit cette mentalité de cupidité qui caractérise le fonctionnement du gouvernement. La plupart des rubriques dudit budget demeurent opaques et ne peuvent pas justifier les fonds alloués.

Comment comprendre que des parlementaires puissent recevoir chacun une voiture luxueuse alors que le parlement continue de louer d’autres véhicules luxueux qui coûtent au trésor public des millions de gourdes quotidiennement pour ces mêmes sénateurs et députés? Une rubrique, par exemple, dans l’actuel budget, dénommée « autres dépenses » comporte un montant de 17 milliards de gourdes sans faire la moindre description de ce à quoi correspond ces dépenses. Nous avons un exemple concret l’année dernière : dès le premier trimestre de l’année fiscale toute l’enveloppe consacrée à « autres dépenses » a été déjà épuisée. Dans quel secteur ? Personne ne sait. Peut-on continuer à accepter ces dérives du gouvernement ? Il n’est pas certain que la population va pouvoir continuer à subir ces vols au plus haut niveau de l’Etat pendant longtemps.

Comment comprendre la nécessité pour un si pauvre pays de pouvoir payer deux résidences pour un parlementaire, une dans sa circonscription et l’autre dans la capitale ? Et comment comprendre que des parlementaires puissent disposer des millions de gourdes du budget de la république pour exécuter à leur guise des projets de développement dans leur circonscription sans que la Cour des Comptes ait à enquêter sur la bonne utilisation des fonds alloués ?




Les centres d’impôt, les douanes et les ports du pays qui devraient être des lieux où l’Etat collecte des ressources sous formes de taxes et droits en vue de servir les plus pauvres ont été livrés à des grands manitous issus du secteur oligarchique compradore et des proches de parlementaires. Tout cela dans le but de détourner les fonds publics au profit des intérêts individuels et claniques. Ainsi, l’Etat est dépouillé des ressources vitales pour soulager la misère et la population est condamnée à survivre dans la crasse.

Et finalement, comment comprendre que chaque fois qu’un ministre doit laisser le gouvernement, il reçoit une prime de séparation ? Or, comme nous l’avons mentionné plus haut, notre pays fait face à des pénuries dans tous les secteurs ; ce qui nous devrait nous forcer à adopter un comportement civique raisonnable en vivant selon nos moyens. Or, rien qu’en considérant le système national de santé, le verdict est sans appel. C’est un échec pour l’Etat. Les hôpitaux connaissent des grèves épisodiques car ils n’ont pas de budget adéquat pour offrir des soins à la population surtout au bénéfice des plus pauvres. Beaucoup de compatriotes sont obligés de se rendre en terre étrangère pour se faire soigner car il n’y a pas de volonté politique pour doter et implanter des services de santé de qualité dans le pays qui réduiraient considérablement le taux de mortalité.

La corruption et le népotisme deviennent des sports nationaux favorisant un fossé énorme entre les pauvres et les riches (Nouveaux et anciens). Cette situation ne fait qu’engendrer la frustration parmi la grande majorité de la population incapable de manger à sa faim et pourtant témoin quotidien du gaspillage et de l’accaparement des moyens économiques par une minorité parasite. Cette frustration naturelle conduit trop souvent, hélas, à de soulèvements qui créent la peur à la fois chez des gens de bonne foi que chez ceux qui alimentent cet état de fait.

Nous sommes en présence d’une mentalité mortifère qui fait que toute notre attention se focalise sur les gains personnels et les richesses matérielles à amasser lorsque nous sommes placés dans les centres de pouvoir tout en négligeant les bienfaits à récolter si nous consacrons les ressources publiques à changer le terroir. Et tout le monde est conscient de ce fait : nous avons beaucoup à tirer d’un espace accueillant et vivable pour tous. Mais tout cela doit passer par un état de droit intégrateur. Ce n’est pas l’argent qui fait défaut dans notre pays, mais plutôt la gestion de cet argent.

Nous avons trop été souvent bernés par des fonctionnaires véreux qu’il faut coûte que coûte neutraliser et ceci par tous les moyens possibles si nous voulons continuer à exister. Il est inconcevable que ceux qui ont pillé et gaspillent encore les ressources de la république continent d’être traités en héros. C’est une honte pour l’éthique et pour l’image même de notre pays. Les exemples doivent être tracés en mettant de côté ceux et celles qui maintiennent notre communauté dans les ténèbres du sous-développement.

Les classes dominantes, classe politique et secteur des affaires compris, sont dans l’impérieuse nécessité de cesser d’entretenir ce climat d’injustice sociale en entreprenant les mesures suivantes :
– Mettre en place une structure politico-juridique capable de contraindre les entrepreneurs et tous ceux qui ont des revenus à s’acquitter de leurs devoirs fiscaux en combattant la contrebande et l’évasion fiscale sous toutes leurs formes.
– Exiger que les privilèges et les avantages superflus (les primes, les contrats les multiples résidences, les fonds opaques, etc.) accordés aux parlementaires et aux fonctionnaires de l’exécutif soient supprimés.
– Intégrer la diaspora haïtienne (véritable grenier de cadres) dans les prises de décision engageant le développement du pays
– Investir massivement dans la paysannerie et dans l’agriculture
– Promouvoir avec le système financier national des mesures incitatives quant au financement des entreprises de la classe moyenne (les prêts doivent être démocratisés).
– Concrétiser les vœux de la constitution quant à la décentralisation du pays et des décisions nationales
– Favoriser l’indépendance effective du pouvoir judiciaire en le dotant d’un budget adéquat
– Livrer à la justice les dilapidateurs des fonds de l’Etat
– Entreprendre des réformes constitutionnelles en vue de la rendre adaptée au besoin de notre temps.

Conscient que les peuples se réveillent toujours de leur torpeur, il y va même de la survie de notre pays d’appliquer des mesures sages pour favoriser le calme dans la cité. Si les gens qui nous gouvernent refusent de faire certains sacrifices en renonçant légitimement a des avantages et privilèges qu’ils jouissent indûment et compte tenu de la rareté de l’aide issue de la coopération internationale, il n’y aura pas de fonds suffisants pour entreprendre le développement.

Il est amoral que plus de 80% du budget national soit consacré à entretenir des fonctionnaires qui ne règlent pratiquement rien pour la population. Tolérer cet état de fait c’est choisir intentionnellement de maintenir des millions de femmes, des enfants et des hommes dans une pauvreté sans fin. En décidant de ne pas changer la donne c’est allumer un flambeau permanent de révoltes et de désordre dans le pays avec le risque d’une occupation fatale et définitive du sol national.

A nous de choisir !

Woiking BRUNO

1 COMMENT

  1. Felicitation a toi mon cher.
    En lisant cet article, je pense a une Revolution, on ne peut pas rester comme ça Bruno, croupis dans la misere.
    Nos dirigeants sont trop immorals.

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.