6 octobre 2025
Haïti-Tourisme : Cap-Haïtien, se la pou’w la nan fatra! par Nancy Roc
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Haïti-Tourisme : Cap-Haïtien, se la pou’w la nan fatra! par Nancy Roc

Le Groupe de réflexion et d’action pour une Haïti nouvelle (Grahn) a mobilisé plus de 1200 personnes de la diaspora et du pays pour la Semaine de la science et du savoir à Génipailler, du 22 au 28 avril, près de Milot, dans le Nord d’Haïti.  Les visiteurs, Haïtiens comme étrangers, ont dû loger au Cap-Haïtien et ont été horrifiés par l’insalubrité de la deuxième ville du pays

Photos et texte : Nancy Roc




Cap-Haïtien, dimanche 29 avril 2018 ((rezonodwes.com)).–« Je suis venue au Cap-Haïtien en 2016, pour la première fois, dans le cadre d’une noble cause : le lancement de l’événement annuel du Grahn, le Pôle d’innovation du Grand Nord (PIGraN) », déclare Maryse Chouloute, enseignante au Québec. A l’époque, elle avait déjà constaté l’état lamentable de la ville, mais, « de retour dans cette même ville deux ans plus tard, j’ai constaté une dégradation sans pareille. J’ai commencé à me questionner sur le comportement des responsables de cette ville. On dirait que cette ville, au passé historique si important, est comme une enfant qui est devenue subitement orpheline et abandonnée par tous les autres membres de sa famille », se désole-t-elle.


Et de fait : l’ancien Cap-Français ou Cap-Henri, créé en1670, et qui fut la plus belle ville d’Haïti et la plus riche des Antilles au 19ème siècle, est passée de la richesse aux guenilles. L’entrée de la ville est un véritable dépotoir où grouille une population laissée à l’abandon et dans une misère sans nom. « En sortant de l’aéroport je suis passée par le Boulevard du Carenage », poursuit Maryse Chouloute. « En tant qu’Haïtienne d’origine, j’ai eu honte de constater les tas de déchets qui jalonnaient le bord de mer, pour ne citer que ce coin. Je me demande si la communauté de cette ville est devenue aveugle ou si elle choisit de vivre dans le déni. Car, c’est impossible de vouloir accepter une telle situation. C’est inconcevable ! », se révolte cette membre de Grahn-Monde qui investit pourtant son temps, sa compétence et ses économies pour œuvrer au progrès social en Haïti.

Sous l’administration Martelly-Lamothe, l’argent du fonds PetroCaribe coulait à flots, notamment pour entretenir les caisses du Ministère du Tourisme, dirigé par une des femmes les plus influentes du pouvoir Tèt Kalé, Stéphanie Villedrouin. Cette dernière, avec le soutien du président Martelly, s’est lancée dans une course effrénée pour replacer Haïti sur la carte mondiale du tourisme avec le slogan, ‘’ Haiti, se la pou’w la’’, dont la difficile traduction a été « Expérimentez-moi ».  Mais en amont, le travail de base n’avait pas été fait : pas de nettoyage systématique des villes touristiques, pas de services au point, pas de formation adéquate pour accueillir les touristes, pas assez de chambres d’hôtels et surtout pas de vision du type de tourisme auquel le pays serait voué.

Le Cap Haïtien qui est encore la ville avec le plus de potentiel touristique en Haïti, a vu sa population exploser ces dernières années sans que les autorités n’y accordent de l’attention. Les dernières statistiques de l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI), remontent à 2015 et font état de 274 000 habitants. Le peu de centres de services du Cap, se retrouvent dans le Centre-ville alors que toutes les zones périphériques sont constituées de bidonvilles qui ne répondent à aucune norme d’un plan d’urbanisme planifié.

La population du Cap croule sous les déchets qui ne sont gérés par aucune entité responsable. « Il y a deux grands centres de production de déchets à travers la ville qui sont les deux marchés principaux. Les canaux et les égouts sont parmi les grandes victimes de ce fléau. Dans les zones périphériques, les fatras sont surtout jetés dans la rivière du haut du cap et à Fort Saint-Michel. Parfois cela est fait dans le but de créer des polders pour la construction. Cette mauvaise organisation empêche la bonne circulation des eaux de ruissellement. Voilà pourquoi la ville ne peut pas supporter deux heures de forte pluie », explique Roll Emile, dans le quotidien Le National[i]

Les Haïtiens survivent dans un pays hors normes où rien n’est respecté. Il en est de même pour le Cap Haïtien, devenu une immense poubelle à ciel ouvert. Cette insalubrité éhontée a été évoquée lors du panel inaugural du Grahn, le mardi 24 avril, devant la sénatrice du Nord, Dieudonne Luma Étienne. Cette dernière a évoqué la nécessité que chaque citoyen s’implique pour résoudre ce problème mais Marlène Hyppolite, professeure à la retraite à Ottawa et membre du Grahn lui a opposé son désaccord : « L’État en Haïti est démissionnaire », a-t-elle rétorqué. « Il n’est pas normal que le bord de mer soit rempli de fatras, il n’est pas normal que lorsque l’on visite La Citadelle, on doive surveiller poser nos pieds pour ne pas marcher sur des excréments ; il n’est pas normal qu’il n’y ait pas de toilettes pour les visiteurs », a-t-elle dénoncé. « Les touristes payent des frais d’entrée pour pouvoir se sentir à l’aise mais le gouvernement préfère investir dans la débauche ou le carnaval plutôt que dans le bien-être de sa population ou des visiteurs », a-t-elle conclu sous les applaudissements du public.




Les Haïtiens clament leur fierté, en particulier les Capois. Mais c’est une fierté mal placée car la propreté publique est à la base de tout développement. Personne ne veut venir dans des endroits sales. Sans ce minimum, Haïti sera toujours un pays de détritus et au slogan ‘’ Haiti, se la pou’w la’’ on pourra ajouter officiellement : ‘’ nan fatra’’- Haïti, expérimentez-la dans les fatras!

Texte et photos

Nancy Roc 

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[1] La ville du Cap-Haïtien à travers sa mauvaise planification, Le National, 1er février 2018.

10 Comments

  • Paola pitti 30 avril 2018

    Et dire que vous n’avez pas vu la première ville, Port au prince! Vous observeriez que Cap Haïtien n’a rien à envier à Port au Prince dans le domaine du fatras et des odeurs de cadavres . Haïti est désormais, entre les gangsters Martelly et Jovenel, un endroit apocalyptique. Il n’existe pas vraiment des mots dans le langage moderne pour décrire le décrépit de ce pays dirigés par des cleptomanes et surtout de vrais ignorants à tous le pouvoir sa.

    • Nancy Roc 30 avril 2018

      Nous avons vu PAP Paola et croyez-moi, au Cap c pire!

  • Regard Perçant 30 avril 2018

    Le problème d’Haïti est affaire de système, quand un système ne fonctionne plus, tout y est en panne. Par contre, ces gens de l' »aristocratie nègre » d’une diaspora elle-même rétrograde et bête, sans réalisation communautaire marquante au Canada même, sinon que de se faire voir comme « ayant réussi » parmi les moins fortunés, eux qui ne produisent rien mais reproduisent les discriminations négrières au milieu d’étrangers paternalistes qui les soutiennent, sont tout autant de la racaille que ceux qui dirigent Haïti. Alors cette femme, qui a écrit, comme celle dont elle rapporte les dires, comme tous lsurs pareils et émules, peuvent aller se rhabiller.

  • Nancy Roc 30 avril 2018

    Ce sont des individus comme vous Reagrd Perçant qui transforment ce pays en poubelle géographiquement et mentalement. Nous, nous continuons à aider Haiti. La preuve: http://www.alterpresse.org/spip.php?article23014#.WucvcIjOU2w
    Nous n’avons cure d’individus tels que vous.

    • Regard Perçant 30 avril 2018

      Mais, madame Nancy, vous me prenez pour votre miroir, c’est là une crise chronique des petits-bourgeois de votre espèce, au service de secteurs bien déterminés. Vous mangez à tous les râteliers, vous fûtes avec Aristide, puis vous avez été avec Mme Pierre-Louis et vous avez contribué à lancer Martelly. Votre problème, c’est le délire d’héroïsme, tout petit-bourgeois haïtien au Canada, est un héros national, même pour avoir acheté une mangue francisque en provenance d’Haïti! Bravo, chère héroïne de caniveau! C’est votre genre de messianisme mégalomane dément de psychopathes se croyant sains d’esprit, qui détruit le pays!

  • Pierre Louis 30 avril 2018

    Madam Nanci, pa okipe’w de nèg sòt sa’a. Ou tou wè se nan bayakou li soti ak tout akolyt tèt kale. Tout moun konnen se yon gwo jounalis ak yon fanm onèt ou yé e peyi’a pedi yon leade le ou alé. Se kalite bandi legal sa yo ki
    pa gayen ayen nan tèt yo ki pou di de betiz ak mechanseté konsa. Mesi anpil po tout sa ou fè pou peyi’a e nou espere wa tounen yon jou paske peyi’A bezwen’w. Bon Dyie beni’w!

    • Kakajepalinèt 30 avril 2018

      Pierre Louis ou pa menm kalifye pou ranmase kaka chen Regard Perçant ke anpil moun renmen li sou sit saa wap fè pwojeksyonw sou li. Wap pale de moun sòt men ou se jis youn ti minab kap di obsenite kou machann kwabosal. Ou gen foli gen ran men ou se youn ranyon. Sa Regard Perçant di ya se sa, pwoblèm Ayiti se youn pwoblèm sistèm, men ti toutous analfabèt bèt kou wèw pa ka konprann bagay konsa. Epi se vre ke Nancy Roc nan tout vye sòs Regard Perçant di yo. Se pa vye diaspora sayo ki patènalis eki jis bezwen fè wè yo, ki ka fè anyen pou Ayiti, se sèl youn revolisyon ke pèp la ak bon jan lidè ta rive fè ki ka remet peyi ya sou ray. Donk Pierre Louis ti minab kou wèw kap fè ti toutous pa gen anyen poul di, se kokorat ou ye.

      Mesye Regard Perçant pa okipe ranyon, kontonye foure jew pou pèse vwal vye ipokrit ak aristokrat kokorat an Ayiti kou nan diapora kap chèche parèt gran nan mizè pèp.

  • Claudine 30 avril 2018

    C’est révoltant!!! C’est du gaspillage grave! Un si beau pays! Merci pour ce reportage qui dit tout et les photos…they speak louder than all these vicious attacks. Les autorités ne sont pas à leur place en Haiti.

  • Paola pitti 30 avril 2018

    Ces hibiscus peints sur les murs ont coûte au pays 300 millions de dollars US. Aujourd’hui Stéphanie Balmir possède enfin un vrai hôtel en dominicaine. son rêve de tourisme se réalise en république dominicaine grâce au peuple en haillons qui s’est contente des images d’hibiscus. Cette voleuse devra coûte que coûte vider ses poches . Et elle sera condemnee pour détournement et vol des deniers publics avec tous ceux qui sont indexés. C’en est trop.

  • Eric Toussaint 1 mai 2018

    Ce texte est percutant comme tous les textes ou les émissions que Mme Roc faisaient sur Metropolis, de regrettée mémoire. Je constate que la plupart des commentaires n’ont rien à voir avec le sujet Ô combien important pour tous, soulevé par son auteure. Je pense que vous devriez publier sur des sites où il n’y a pas de possibilités de commenter Mme Roc car le niveau est devenu trop bas dans ce pauvre pays. Vous l’avez constaté vous-mêmes : c’est à cause de ces gens qu’il y a tant de saleté partout en Haiti car ils sont mentalement sales et n’ont aucune- retenue dans leurs bassesses pour faire leurs sales besognes: salir les grands esprits pendant qu’ils ne font rien d’autre que cracher sur nos plus beaux cerveaux. C’est pour cela aussi que les jeunes s’en vont. Je vous salue pour votre dévouement, votre plume toujours aussi incisive. Où que vous soyez ou publier, nous vous suivrons toujours, nous les enfants dignes qui ne nous laisseront pas encrasser par l’ambiance qui règne en Haiti et encore moins sur les réseaux sociaux qui pullulent d’ignares et de vagabonds. Ce pays va de mal en pire et cela ne s’arrangera pas dans ce pays de gangsters et d’impunité.

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