« Coin de l’histoire retrouvée »: Les dernières heures de Pétion au Palais National

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« Coin de l’histoire retrouvée »

Bicentenaire de la mort du Président Alexandre Pétion 29 mars 1818  29 mars 2018

recherches : cba
ouvrages consultés: L’Abeille Haïtienne du 5 avril 1818





Le dimanche 22 mars 1818, jour de Pâques, le président Pétion ne put ni aller passer l’inspection des troupes, ni assister à la grand’ messe de cette solennité religieuse, comme il en avait l’habitude, parce que la fièvre le saisit de bonne heure, peut-être dans la nuit précédente. Son absence de la parade et de l’église fut remarquée avec une certaine inquiétude, et par l’armée et par la population : on voyait revenir trop souvent, depuis quelque temps, ces maladies persistantes. La fièvre jaune qui a disséminée l’armée française…

Vendredi-Saint, 30 mars 2018 ((rezonodwes.com)).-

Le dernier dimanche de Pétion au Palais National, c’était un dimanche de Pâques 22 mars 1818

Il y avait environ un mois que le général Borgella était au Port-au-Prince, et il avait fixé son départ au lundi 23 mars. Dans la soirée du dimanche, il se rendit au palais pour prendre congé du président, qu’il trouva couché dans sa chambre et souffrant de la fièvre. Il voulut abréger sa visite; mais Pétion le retint, causant avec lui d’un ton calme. Cependant, vers neuf heures, Borgella lui dit que, partant le lendemain matin, il était venu le saluer et qu’il lui souhaitait un prompt rétablissement :

—Comment, lui répondit Pétion, vous partez déjà ! Pourquoi vous pressez-vous de retourner chez vous? Restez donc ici encore quelques jours.




—Président, j’ai des travaux à faire exécuter sur mon habitation, et ma présence y est nécessaire. Mes aides de camp ont besoin aussi de retourner chez eux.

— Quelques jours de plus n’y feraient rien, répliqua Pétion. Mais Borgella insistant, il lui serra affectueusement la main, en lui souhaitant bon voyage.

Le président Pétion refusa d’avaler des médicaments pendant sa maladie. Il est mort le 29 mars à 04:00 am

Nous trouvons dans l‘Abeille Haïtienne, du 5 avril 1818, ce qui suit :

« Le 22 mars dernier, la fièvre le saisit. On lui prodigue les soins les plus empressés ; mais il refuse les remèdes qu’on lui présente ; il ne veut même prendre aucun aliment, malgré les instances les plus vives de sa famille, de ses amis, et le 29 du même mois, à 4 heures du matin, il expire dans ce calme de l’âme qui caractérise l’homme irréprochable ».

Boyer se positionnait déjà pour succéder à Pétion

En effet, ce ne fut que le 26 mars au soir, que son état commença à donner des inquiétudes, d’après la lettre suivante adressée par le général Jean-Pierre Boyer, au général Lys : il en écrivit deux autres, peut-être semblables, aux généraux Borgella et Francisque qui étaient sans emploi dans le Sud, de même que Lys.

Port-au-Prince, le 27 mars 1818, à 11 heures 12 du soir.
BOYER, général de division, commandant de la garde du gouvernement et l’arrondissement du Port-au-Prince,

Au général Lys, sur ses terres au Petit-Trou. 

Mon cher Lys, 

Le Président d’Haïti, atteint depuis dimanche dernier d’une fièvre ordinaire, est dans ce moment à presque toute extrémité, sa maladie ayant commencé hier au soir seulement à prendre un caractère sérieux. Nous sommes dans une situation bien douloureuse et bien pénible ; mais, quels que soient mes chagrins et mes alarmes sur l’état du Père de la Patrie, le sentiment de mon devoir m’a donné la force de m’occuper des affaires militaires et de prendre les mesures que la prudence m’a dictées, pour mettre cette frontière à l’abri de toute tentative de l’ennemi.




Votre présence ici m’est indispensable, mon cher ami, et je vous invite à ne point tarder à venir en la capitale. Le Président parle encore, pour nous prêcher l’union et la concorde, et c’est répandre dans son âme navrée un baume consolateur, que de lui jurer de faire abnégation de tout sentiment particulier, pour ne voir que la patrie et notre postérité.

Il paraît essentiel que les généraux commandants d’arrondissement restent à leurs postes, au moins jusqu’à ce que des mesures de sûreté générale y rendent leur présence moins nécessaire. Ce sont des avis que l’amitié et le désir du bien public dictent. 

Je vous attendrai avec impatience, mon cher ami; en attendant, recevez l’assurance de mon bien sincère dévouement. 

Votre ami, Signé : BOYER, 

Dans la journée du jeudi 26, écrit l’Abeille Haitienne, il paraît que Pétion lui-même ne se faisait pas illusion sur la gravité de sa maladie ; et, acceptant son sort avec cette résignation de l’homme juste dont la conscience se sent irréprochable ; se préparant à paraître devant le juge suprême qui pèse avec équité les actions des plus humbles mortels et celles des potentats les plus superbes ; lui qui n’avait gouverné son pays qu’avec les intentions les plus pures, un esprit toujours conciliant, en s’efforçant d’humaniser les cœurs, d’inspirer à ses concitoyens les sentiments de la justice, il prit la résolution de ne pas descendre dans la tombe, sans avoir fait encore une belle et bonne action, afin d’honorer la République qu’il avait fondée et son propre caractère.

Dans la nuit du 28 au 29 mars, bien des personnes y demeurèrent, beaucoup d’autres ne prirent aucun repos chez elles, comme si elles avaient des malades dans leurs propres familles. Et lorsqu’à 4 heures 5 minutes du matin, des cris de douleur retentirent dans la chambre de Pétion, annonçant son trépas, ils se répandirent du palais dans toute la ville : les pleurs, les sanglots, les gémissements devinrent universels.

…à suivre à « Coin de l’histoire retrouvée »

recherches :cba

 

 

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