15 octobre 2025
Qui veut tuer Haïti ? par Claude Carré
Actualités Société

Qui veut tuer Haïti ? par Claude Carré

Le pouvoir a l’opposition qu’il mérite et vice-versa. Les mouvements de protestation de ces dernières semaines illustrent fort bien cette équation.

Jeudi 5 octobre 2017 ((rezonodwes.com))– Jovenel Moise n’a pas perdu de temps pour perdre le peu de la fragile popularité dont il jouissait. Dans une note précédente, j’avais relevé quatorze points qui agacent et attisent la colère de la population contre son gouvernement. A part des basses manœuvres visant à amadouer les maires, de petites « concessions » sur le budget, une campagne de propagande sur les réseaux sociaux et les médias visant à discréditer le mouvement de protestation et les combines avec les syndicats jaunes et des politiciens souffreteux ; Il n’a pas fait grand-chose pour améliorer son image.




L’opposition qui s’était complètement effondrée à la faveur des dernières élections, pense se refaire une santé en profitant des erreurs de l’inexpérimenté président. Au fait, les mêmes têtes, ou presque, sont réapparues sur la scène comme par enchantement ; ceux-là même qui disaient avoir gagné les élections et dont certains d’entre eux avaient exercé leur droit de recours auprès des tribunaux électoraux.

Eh bien oui, ils se sont hissés par devant les caméras et les micros comme si de rien n’était, sans un remords, sans explication, sans une ombre d’autocritique. Et déjà ils réclament la tête de l’ex-bananerant tandis que le mouvement de protestation n’est, à la base, que l’expression d’un ras-le-bol. Elle est, comme d’habitude, fragmentée en mille morceaux incompatibles : ceux qui ne disent rien et attendent les élections, ceux qui pactisent avec le pouvoir pour essayer de tirer quelques bénéfices, ceux qui se disent « en réserve » de la patrie, ceux qui essaient de s’accaparer le leadership de la lutte, … Il y a même eu des réunions à se tenir, mais en l’absence de vision et de projet à quoi peuvent-elles aboutir ?

Pourtant, la présente conjoncture est très complexe et porteuse d’incertitudes. Il faut aller au-delà de l’évidence. Le gouvernement accuse un secteur énergétique de l’oligarchie, avec laquelle il est soi-disant en litige, à être les instigateurs des troubles politiques. Un ex-sénateur PHTK dénonce cinq familles à abattre absolument pour « libérer » le pays. Certains analystes politiques font état d’une lutte intra-oligarchie entre les arabes et les mulâtres pour le contrôle de l’économie du pays. Il est vrai qu’il est facile de se rendre compte de l’existence de plusieurs « laboratoires ».

Au niveau des raisons sociaux par exemple il y a, d’un côté, un secteur politico-financier anti-PHTK rejoints par quelques anciens alliés de Martelly déçus de Jovenel, qui mène une propagande multiforme visant à accabler le gouvernement et à soulever la population contre lui, d’un autre côté, le gouvernement n’est pas en reste, il organise la riposte et s’allie des syndicats, des parlementaires, des maires, un secteur important de l’oligarchie, des hommes de main, et rêve d’une armée de pacotille (dont certains « spécimens » étaient observés cuirassant le président des jets de pierre de l’opposition) pour remettre les pendules à l’heure.




Pourtant, après le départ de la MINHUSTA, l’international passe forcément au plan B : pas la peine de se casser la tête avec les haïtiens, ce pays n’a pas d’avenir si ce n’est à travers son intégration à la République Dominicaine (thèse de Jared Diamond). Comme de fait, la banque mondiale et des économistes dominicains dissertent de l’opportunité d’une monnaie unique pour l’île et des « fake news » d’un troisième laboratoire font état de la soi-disant volonté de Donald Trump d’intégrer Haïti à la République voisine pour ne pas avoir à y envoyer les « marines » une fois de plus. Kenneth Merten, le chargé des affaires haïtiennes ex-ambassadeur, était même dans nos murs en visite de « courtoisie ». Cependant, il n’a pas manqué de réitérer l’opposition des Etats-Unis à la recréation de l’armée d’Haiti, et pour cause… En fait Haïti ne saurait être stable s’il s’agit de montrer qu’elle n’est pas fiable et incapable de s’autoréguler. Qui veut tuer son chien ne cherche-il pas à prouver qu’il est enragé ?

Claude Carré

1 Comment

  • wilem 5 octobre 2017

    j’ai lu Jared Diamond, il n’a pas dit ce que vous dites dans votre texte cher monsieur.

    vous avez mal interprété ou vous êtes un prodominicain.

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