Par Reynoldson Mompoint
Port-au-Prince, le 29 décembre 2025
L’année se termine comme elle a été gouvernée : sans courage, sans bilan, sans honte.
Pendant que le pays s’enfonce, le pouvoir s’organise. Pendant que la population survit, les dirigeants s’installent. En Haïti, 2025 ne se clôture pas sur une avancée, mais sur une confirmation : l’État ne protège plus, il se préserve.
Le peuple a encaissé. Le pouvoir a profité.
Un pays laissé à lui-même, un pouvoir jamais abandonné
Haïti n’a pas manqué de discours cette année. Elle a manqué de décisions. L’insécurité n’a pas été combattue, elle a été tolérée. La misère n’a pas été réduite, elle a été justifiée. Le chaos n’a pas surpris, il a été organisé par l’inaction.
Dans ce pays, l’État disparaît dès qu’il faut affronter le réel, mais réapparaît toujours quand il faut négocier des privilèges, signer des accords ou prolonger des mandats déguisés.
Les citoyens vivent sans protection, mais le pouvoir, lui, ne vit jamais sans avantages.
La transition : cache-misère d’un renoncement politique
La transition n’a plus rien d’une urgence nationale. Elle est devenue une rente. Un espace confortable où l’on gouverne sans trancher, où l’on parle sans agir, où l’on dure sans répondre. Chaque échec est expliqué. Chaque retard est excusé. Chaque renoncement est maquillé en sagesse. Gouverner, cette année encore, n’a pas signifié diriger, mais gagner du temps. Or en Haïti, le temps perdu se paie toujours en vies humaines.
Une insécurité administrée, jamais combattue
Les gangs ont avancé.
L’État a reculé. Quartiers abandonnés, routes coupées, populations déplacées : tout cela s’est installé comme une normalité. Non parce que c’était inévitable, mais parce que personne n’a voulu affronter le coût politique d’une vraie décision.
L’insécurité est devenue un paramètre de gestion, pas une urgence nationale. On la commente, on la déplore, mais on évite soigneusement de la régler.
La communauté internationale : complice par confort
Il faut cesser l’hypocrisie.
La communauté internationale a observé, analysé, commenté — et validé le statu quo. Sous couvert de stabilité, elle a accompagné l’immobilisme. Au nom du réalisme, elle a toléré l’irresponsabilité. Haïti n’a pas été aidée à sortir de la crise, mais à y rester sans éclat. Une crise contrôlée dérange moins qu’un peuple debout.
Un peuple fatigué, mais pas vaincu
Et pourtant, le pays tient encore. Non grâce à l’État, mais malgré lui. Il tient par les femmes qui inventent chaque jour la survie. Par les jeunes qui rêvent encore malgré l’exil forcé. Par ceux qui continuent sans protection, sans garanties, sans reconnaissance. Le peuple haïtien n’a pas échoué. Il a été trahi, ignoré, utilisé.
Fin d’année sans mensonge
À l’approche du 31 décembre, les vœux officiels sonnent creux. On ne demande plus une bonne année. On espère une année moins violente, moins méprisante, moins mensongère. Le pays n’attend plus des promesses. Il attend des comptes. Car l’histoire haïtienne est patiente, mais jamais amnésique.
Et ceux qui terminent l’année au pouvoir devront un jour répondre de ce qu’ils ont laissé faire — et de ce qu’ils ont volontairement évité.
Reynoldson MOMPOINT
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