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PORT-AU-PRINCE / PARIS (Rezo Nòdwès) – Adopté très jeune et marqué par un parcours sportif semé d’obstacles, l’international haïtien Wilguens Paugain estime que la qualification d’Haïti pour la Coupe du monde 2026 peut contribuer à changer le regard porté sur son pays, trop souvent associé à l’instabilité et aux crises.
Dans un entretien accordé à Foot Mercato, le latéral évoluant en Belgique est revenu sur un itinéraire atypique, façonné par l’exil, une grave blessure à 18 ans, des périodes sans contrat et une succession de passages dans des championnats peu médiatisés, de Chypre à la Lettonie, avant de se relancer en Autriche puis en Belgique.
Arrivé en France sans maîtriser la langue après son adoption, Paugain explique avoir dû s’adapter rapidement à un environnement social et scolaire exigeant, avant que le football ne s’impose progressivement comme un projet de vie. Une rupture du tendon et de l’ischio, survenue alors qu’il était aux portes du monde professionnel, a failli mettre un terme définitif à sa carrière.
« Soit je me faisais opérer et je pouvais espérer rejouer, soit tout s’arrêtait là », a-t-il confié, évoquant une période de huit mois d’arrêt, aggravée par la pandémie de Covid-19, qui a freiné sa progression et compromis une saison entière.
Sans contrat à l’issue de sa formation, Paugain raconte avoir enchaîné les refus, vivant de petits boulots, notamment comme livreur, afin de subvenir à ses besoins tout en poursuivant son objectif de rester dans le football professionnel. « Le football, c’était toute ma vie », a-t-il déclaré.
Son parcours a pris un tournant décisif lors de son passage en Belgique, où une titularisation inattendue lors d’un match décisif pour la montée lui a permis de s’imposer et de changer le regard de ses dirigeants. Une passe décisive lors de cette rencontre a scellé sa place dans l’effectif.
Parallèlement, son intégration progressive en sélection haïtienne a renforcé son attachement à un pays dans lequel il n’a pas grandi mais qu’il considère comme une responsabilité et une fierté. Il estime que la qualification pour le Mondial 2026 dépasse l’enjeu sportif.
« On parle souvent d’Haïti à travers les catastrophes, l’insécurité ou les gangs. La Coupe du monde peut permettre de redonner du respect au pays et à la sélection », a-t-il affirmé, soulignant le rôle fédérateur du football dans un contexte national tendu.
Selon lui, la perspective du Mondial a déjà montré sa capacité à rassembler les Haïtiens au-delà des divisions, et pourrait contribuer à apaiser les tensions internes, tout en offrant une visibilité nouvelle à la jeunesse et au sport haïtien sur la scène internationale.