Cette mentalité est une trahison silencieuse. Aucun pays fort n’a été bâti par des citoyens qui ont fui le combat. Aucun peuple ne s’est élevé en méprisant sa propre terre. Les nations que nous idéalisons aujourd’hui ont été forgées par le travail, la discipline et le sacrifice de leurs fils et de leurs filles — pas par une fuite permanente érigée en modèle de réussite.
Haïti ne manque ni d’intelligence ni de talents.
Elle manque de courage collectif.
Nous avons fait le choix de survivre ailleurs plutôt que de lutter ici.
Nous applaudissons le départ, nous stigmatisons le retour.
Et pourtant, la vérité est brutale : tant que partir sera une religion et revenir un péché, Haïti restera à genoux.
Le vrai drame n’est pas de rentrer au pays.
Le vrai drame, c’est d’avoir abandonné la responsabilité de le reconstruire.
Parfois, la déportation d’un Haïtien vers sa terre natale est vécue comme la fin du monde. Cette perception révèle une crise profonde de l’estime nationale. Elle constitue un frein majeur au développement, car aucun pays ne se construit sans un investissement total — du corps, de l’esprit et du cœur.
Reconstruire Haïti exige de l’engagement, du sacrifice et une vision à long terme. Cela ne signifie pas rejeter la diaspora — au contraire. La diaspora est une force, à condition qu’elle ne soit pas seulement un exil confortable, mais un partenaire actif du développement national.
Haïti ne se relèvera ni par la fuite glorifiée ni par la honte du retour.
Elle se relèvera le jour où rester, revenir et investir deviendront des actes de dignité et de responsabilité.
Alceus Dilson
Communicologue, juriste
Alceusdominique@gmail.com

