Dans la course mondiale à l’intelligence artificielle, les États-Unis conservent un avantage stratégique grâce à leur accès privilégié aux puces de pointe de Nvidia. Pourtant, en coulisse, la Chine est en train de remporter des batailles décisives. À coups de modèles performants, souvent gratuits et largement ouverts, les acteurs chinois de l’IA séduisent de plus en plus de développeurs, y compris aux États-Unis, malgré les tensions géopolitiques persistantes entre Washington et Pékin.
Selon un rapport conjoint d’OpenRouter et du fonds Andreessen Horowitz, la part des modèles chinois utilisés dans les travaux d’IA est passée de 1,2 % fin 2024 à plus de 30 % à l’été 2025. Un basculement accéléré par l’arrivée de DeepSeek-R1, un modèle aux performances comparables aux meilleurs standards américains, mais proposé en accès libre et modifiable. Cette approche « open weight » tranche avec les solutions fermées d’OpenAI ou de Google.
Des entreprises américaines reconnaissent ouvertement les avantages économiques de ces outils. Certains affirment économiser plusieurs centaines de milliers de dollars par an en adoptant des modèles comme Qwen, développé par Alibaba, déjà utilisé par Perplexity, Nvidia ou l’université Stanford. Pour de nombreuses applications courantes, la technologie américaine la plus avancée n’est tout simplement pas indispensable.
Cette montée en puissance soulève toutefois des interrogations sur la dépendance technologique et les risques de sanctions. Si certains craignent de se retrouver « piégés » en cas de durcissement politique, d’autres soulignent que la nature ouverte de ces modèles permet un contrôle accru et une utilisation locale, sans transfert de données vers la Chine.
Pour de nombreux experts, cette diffusion massive des modèles chinois pourrait redéfinir l’accès mondial à l’IA, remodeler la gouvernance technologique et rebattre les cartes de la concurrence internationale.

