Port-au-Prince, 18 décembre 2025 — L’ambassade des États-Unis en Haïti a émis, jeudi, une alerte de sécurité faisant état d’opérations armées en cours dans plusieurs zones situées au sud de la chancellerie, notamment Pernier, Torcel et Croix-des-Bouquets. Des tirs nourris et des explosions ont été signalés, entraînant la fermeture de plusieurs axes stratégiques reliant l’ambassade à Pétion-Ville, dont la rue des Frères, sous contrôle de la Police nationale d’Haïti. La représentation diplomatique américaine indique demeurer opérationnelle uniquement pour les services d’urgence, tout en appelant ses ressortissants à éviter les zones concernées.
Cette alerte intervient dans un contexte institutionnel marqué par une forte dissonance entre la réalité sécuritaire du territoire et la trajectoire politique officiellement poursuivie par les autorités haïtiennes. Tandis que des quartiers entiers de la région métropolitaine restent exposés à des affrontements armés récurrents, l’exécutif de transition continue de projeter l’organisation d’élections générales, sans que les préalables techniques et sécuritaires ne soient publiquement établis.
Au cœur des interrogations figure l’état du fichier électoral national. Selon l’ingénieur Alex St-Gardien, spécialiste des systèmes d’identification et de gestion électorale, près de 800 000 doublons demeurent intégrés à la base de données électorale. Ces anomalies structurelles, non corrigées à ce stade, affecteraient directement les principes de sincérité du scrutin, d’égalité devant le suffrage et de fiabilité des résultats. L’absence d’audit indépendant rendu public et de mécanisme de purge vérifiable renforce les soupçons entourant l’intégrité de la machine électorale.
La persistance de ces dysfonctionnements techniques, conjuguée à un environnement sécuritaire instable au point de restreindre les déplacements diplomatiques, pose une question centrale de gouvernance : celle de la capacité effective de l’État à garantir simultanément la sécurité des citoyens et l’organisation d’élections conformes aux standards minimaux du droit électoral comparé. En l’état, la coexistence d’une alerte sécuritaire internationale et d’un dispositif électoral massivement contesté alimente un climat de défiance, tant au sein de la population que parmi les observateurs nationaux et internationaux, quant à la crédibilité du processus politique envisagé.

