Ils portent des costumes trop larges
pour des épaules trop étroites.
Des titres ronflants,
des voix pleines de micros,
mais des décisions sous tutelle.
Ils parlent de souveraineté
comme on récite une poésie apprise par cœur,
sans en comprendre le sens,
sans en sentir le poids.
Chaque mot doit d’abord
passer par une ambassade,
être validé, corrigé, autorisé.
Les jours de fêtes nationales,
ils brandissent le drapeau
comme un accessoire de scène.
Discours grandiloquents,
phrases héroïques,
regards solennels vers l’horizon…
Pendant que, hors caméra,
le pays attend toujours.
Un ambassadeur tousse,
et ils se taisent.
Un chargé d’affaires hausse le ton,
et ils sourient.
Humiliés en public,
ils appellent cela
« coopération internationale ».
Ils ne s’inquiètent pas.
Ils ne protestent pas.
Ils signent.
L’État, lui, se vide lentement,
comme une caisse sans cadenas.
Les maigres ressources disparaissent
en réunions inutiles,
en voyages sans résultats,
en promesses recyclées.
Ils gouvernent un pays moribond
comme on gère une succession
avant même le décès.
Sans vision.
Sans courage.
Sans honte.
Et pourtant, ils continuent de parler.
Toujours parler.
Parler fort.
Parler creux.
Pendant que la nation,
elle,
cherche encore des dirigeants
qui décident debout
et non à genoux.
Elensky Fragelus

