16 décembre 2025
Grave recul de la liberté d’expression et de la sécurité des journalistes dans le monde
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Grave recul de la liberté d’expression et de la sécurité des journalistes dans le monde

La liberté d’expression connaît un recul historique à l’échelle mondiale, alerte l’UNESCO dans son nouveau rapport sur les tendances mondiales de la liberté d’expression et du développement des médias (2022-2025), publié le 15 décembre 2025. En treize ans, l’indicateur mondial a chuté de 10 %, un niveau inédit depuis plusieurs décennies.

Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, cette dégradation s’explique notamment par une hausse alarmante de l’autocensure chez les journalistes, en augmentation de 63 % depuis 2012, ainsi que par la multiplication des attaques physiques, numériques et judiciaires visant les professionnels de l’information.

« La liberté d’expression et d’information n’est pas une option : elle est la condition même d’une paix durable », a déclaré le Directeur général de l’UNESCO, Khaled El-Enany, appelant à une mobilisation collective pour défendre le droit d’informer et d’être informé.

Une profession de plus en plus menacée

Entre 2022 et 2025, 186 journalistes ont été tués alors qu’ils couvraient des conflits armés, soit une hausse de 67 % par rapport à la période précédente. La seule année 2025 a enregistré 93 morts, dont 60 dans des zones de guerre.

Malgré les engagements internationaux, l’impunité demeure préoccupante. Si le taux d’impunité est passé de 95 % en 2012 à 85 % en 2024, la majorité des crimes contre les journalistes restent sans poursuites judiciaires.

Le rapport souligne également l’augmentation des menaces contraignant les journalistes à l’exil. Depuis 2018, plus de 900 professionnels des médias en Amérique latine et dans les Caraïbes ont été forcés de quitter leur pays.

Les journalistes couvrant les questions environnementales sont particulièrement exposés : 749 attaques ont été recensées entre 2009 et 2023, avec une nette intensification ces dernières années.

Violence numérique et ciblage des femmes journalistes

Le harcèlement en ligne s’impose désormais comme une menace majeure, touchant plus sévèrement les femmes. En 2025, 75 % des femmes journalistes et travailleuses des médias ont déclaré avoir subi des violences numériques liées à leur activité professionnelle, contre 73 % en 2020, selon une étude conjointe de l’ICFJ, d’ONU Femmes et de l’UNESCO.

Des signaux encourageants malgré tout

Malgré ce tableau sombre, le rapport relève plusieurs évolutions positives. Entre 2020 et 2025, 1,5 milliard de personnes supplémentaires ont eu accès aux réseaux sociaux et aux plateformes de messagerie, élargissant la participation citoyenne.

Le journalisme d’investigation collaboratif s’est renforcé, favorisant les enquêtes transfrontalières, tandis que les équipes de vérification des faits se multiplient. Par ailleurs, de plus en plus de pays adoptent des lois reconnaissant les médias communautaires, essentiels à l’information locale fiable.

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