15 décembre 2025
Présidentielle au Chili : victoire de la droite radicale, José Antonio Kast annonce une politique d’expulsions massives de migrants
Actualités Élections Migrants

Présidentielle au Chili : victoire de la droite radicale, José Antonio Kast annonce une politique d’expulsions massives de migrants

Chile Elects Most Right-Wing President of Post-Pinochet Era

Santiago du Chili –
Le Chili a élu dimanche le président le plus à droite de l’ère post-Pinochet. Le conservateur radical José Antonio Kast s’est imposé largement face à Jeannette Jara, candidate du Parti communiste, à l’issue d’un scrutin marqué par les enjeux sécuritaires et migratoires.

Selon les résultats officiels portant sur plus de 80 % des bulletins dépouillés, José Antonio Kast a recueilli 58 % des suffrages, signant l’une des victoires présidentielles les plus nettes depuis le retour à la démocratie en 1990. Jeannette Jara a reconnu sa défaite dans la soirée.

Âgé de 59 ans, avocat et ancien parlementaire, José Antonio Kast effectuera son entrée en fonction en mars prochain. Il dirigera un pays stratégique sur le plan économique, premier producteur mondial de cuivre et deuxième producteur de lithium, deux ressources centrales pour les transitions énergétiques.

Sa victoire s’inscrit dans une dynamique régionale de succès électoraux de la droite dure en Amérique latine. Des analystes y voient un renforcement d’alliances idéologiques avec l’administration du président américain Donald Trump, notamment autour des politiques de contrôle migratoire. « Il s’agit d’un moment favorable à la consolidation de réseaux conservateurs à l’échelle continentale », estime Jennifer Pribble, politiste à l’Université de Richmond.

Au cœur de la campagne, la sécurité publique et l’immigration irrégulière. José Antonio Kast a promis une ligne répressive face à la criminalité, phénomène en hausse dans un pays longtemps perçu comme l’un des plus sûrs de la région. Les autorités chiliennes attribuent cette évolution à l’implantation de réseaux criminels transnationaux, dans un contexte d’augmentation rapide de l’immigration, principalement en provenance du Venezuela. Les résidents étrangers représentent désormais près de 10 % de la population, contre 2,1 % en 2010, selon l’OCDE.

Le président élu s’est engagé à détenir et expulser les migrants en situation irrégulière, à renforcer militairement les frontières nord avec le Pérou et la Bolivie, et à recourir à des dispositifs technologiques, dont des drones de surveillance. Il a également annoncé des restrictions d’accès au travail et aux services publics pour les personnes sans statut légal.

Sur le plan économique, José Antonio Kast promet une politique libérale : baisse de l’impôt sur les sociétés, réduction des réglementations, et compression de 6 milliards de dollars de dépenses publiques sur dix-huit mois. Il entend préserver l’ouverture commerciale du pays, maintenir des relations étroites avec les États-Unis tout en conservant des liens économiques étroits avec la Chine, premier partenaire commercial du Chili.

La campagne de Kast a néanmoins ravivé les débats sur son rapport à l’héritage de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990). S’il salue le modèle économique instauré sous le régime militaire, il affirme ne pas cautionner les violations des droits humains commises durant cette période.

Selon un récent sondage Ipsos, 63 % des Chiliens considèrent aujourd’hui la criminalité et la violence comme une préoccupation majeure, un facteur déterminant dans l’issue du scrutin. Reste à savoir si la promesse d’ordre et de croissance portée par José Antonio Kast parviendra à répondre aux attentes sociales sans accentuer les fractures politiques et mémorielles du pays.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.