9 décembre 2025
Ukraine : un hiver sous les frappes et dans l’obscurité, la situation civile se détériore
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Ukraine : un hiver sous les frappes et dans l’obscurité, la situation civile se détériore

À l’approche de l’hiver, l’Ukraine fait face à une dégradation rapide de sa situation humanitaire, alors que les frappes russes ciblent de manière systématique les infrastructures énergétiques du pays. Dans plusieurs grandes villes — Kharkiv, Odessa, Dnipro — des coupures prolongées privent régulièrement les habitants d’électricité, de chauffage et d’eau chaude.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU, les équipes ukrainiennes chargées des réparations sont désormais submergées par l’ampleur des dégâts. Des pannes pouvant atteindre 18 heures ont été documentées. Fin novembre, une frappe a privé 600 000 personnes d’électricité dans la région de Kiev.

Les conséquences touchent en premier lieu les populations les plus vulnérables : personnes âgées isolées, familles vivant dans des bâtiments dégradés, résidents de zones enclavées. À Kherson, la mise hors service d’une centrale de chauffage a provoqué une situation d’urgence locale, mettant à risque les personnes âgées et les patients souffrant de maladies chroniques.

Les institutions internationales observent par ailleurs une hausse notable des pertes civiles. Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme fait état d’une augmentation de 24 % du nombre de victimes civiles entre janvier et novembre 2025 par rapport à l’année précédente. Depuis février 2022, au moins 14 775 civils ont été tués, un chiffre considéré comme inférieur à la réalité en raison des difficultés de vérification dans les zones de combat.

Les infrastructures éducatives et sanitaires subissent elles aussi des destructions répétées : plus de 340 établissements scolaires ont été endommagés ou détruits cette année, et l’Organisation mondiale de la santé a confirmé des centaines d’attaques contre des structures médicales.

Sur la ligne de front, plusieurs localités des régions de Donetsk, Kharkiv ou Soumy sont dépourvues de services essentiels, parfois depuis plus de deux ans. Cela contribue à une nouvelle vague de déplacements internes, les habitants des zones urbaines les plus touchées quittant leurs logements pour échapper aux coupures prolongées et au froid.

D’autres risques demeurent sous surveillance étroite. En mer Noire, la multiplication des incidents impliquant des navires commerciaux soulève des inquiétudes quant à une possible extension du conflit. À l’intérieur du pays, la sûreté des installations nucléaires reste une préoccupation majeure, notamment autour de la centrale de Zaporizhzhia, régulièrement coupée du réseau électrique.

Les violations graves des droits humains sont également documentées. Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme rapporte des cas de torture, de mauvais traitements et d’exécutions sommaires de prisonniers de guerre, tant en Russie qu’en Ukraine. Sur 187 prisonniers ukrainiens récemment libérés, 185 affirment avoir subi des violences en détention. Des abus ont aussi été relevés du côté ukrainien, concernant des détenus russes.

L’action humanitaire, déjà entravée par l’insécurité et les infrastructures endommagées, est sous-financée. Le plan hivernal manque d’environ 35 % de ses ressources, compromettant l’aide au chauffage, les évacuations ou le soutien psychologique.

Pour les agences onusiennes, la situation est claire : sans un renforcement du financement humanitaire et sans réduction des frappes visant les infrastructures vitales, une part significative de la population ukrainienne traversera l’hiver dans des conditions précaires, entre coupures prolongées, températures extrêmes et accès limité aux soins.

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