Plus de trois ans après les graves incidents enregistrés entre 2020 et 2022 sur le campus de l’Université Chrétienne du Nord d’Haïti (UCNH), les zones d’ombre demeurent presque intactes.
À l’époque, plusieurs allégations d’une extrême gravité — viols présumés dans les dortoirs, tentatives d’agression, climat d’intimidation et dysfonctionnements institutionnels — avaient déclenché sit-in, marches pacifiques et mobilisations d’étudiants réclamant vérité et justice.
Malgré la médiatisation nationale et internationale, aucun rapport d’enquête complet n’a été officiellement rendu public. Ces dossiers, qui avaient secoué l’ensemble du paysage universitaire du Nord, refont surface aujourd’hui, alors que certains des acteurs cités dans les accusations ou présents au cœur de la tourmente accèdent désormais à des responsabilités majeures au sein de la Convention Baptiste d’Haïti (CBH).
Une situation qui suscite malaise et inquiétudes dans une partie de la communauté, qui estime que les faits, jamais éclaircis, méritaient un traitement transparent avant toute promotion institutionnelle. Pour les étudiants, anciens responsables d’organisations universitaires, militants et membres de la société civile, le constat demeure le même : aucune communication claire n’a été faite, aucune conclusion officielle n’a été partagée, et aucune procédure n’a été annoncée pour situer les responsabilités.
Les familles concernées, tout comme les communautés religieuses et académiques du Nord, disent toujours attendre un minimum de vérité, ne serait-ce qu’en signe de respect envers les victimes présumées et envers une institution longtemps perçue comme un pilier moral et spirituel.
Au moment où la CBH s’engage dans un nouveau cycle de leadership, ce rappel historique revient avec plus d’insistance. Non pas pour accuser, mais pour souligner les impératifs de transparence, de redevabilité et d’intégrité institutionnelle.
Les voix qui se lèvent aujourd’hui ne réclament ni vengeance ni polémique, mais simplement la lumière sur des dossiers qui ont marqué durablement l’UCNH et sa communauté. Reste à savoir si, cette fois, des réponses concrètes accompagneront l’appel persistant à la justice.
Guyno DUVERNE duverneguyno@gmail.com

