L’intervention de Fritz-Alphonse Jean, formulée lors de l’émission de Roudy Sanon, jeudi matin, viserait à recomposer rétroactivement la narration entourant les soupçons d’utilisation indue d’une carte bancaire de la Banque nationale de crédit par trois membres du Conseil présidentiel de transition (CPT). Cette tentative de réhabilitation, présentée comme une rectification tardive, s’inscrit pourtant en rupture avec les faits déjà relatés par plusieurs protagonistes.
Les éléments disponibles indiquent qu’une réunion avait été tenue au domicile de Raoul Pierre-Louis en présence, notamment, de Louise Gerald Gilles, de Smith Augustin. La carte bancaire en question avait été présentée comme un appui logistique offert par la BNC. Les trois conseillers concernés avaient par la suite – rapport ULCC – refusé d’en assumer les frais, considérant qu’il s’agissait d’un dispositif mis à disposition par l’institution pour s’assurer du maintien en place du comité de gestion. Cette version contredit l’hypothèse d’un simple malentendu.
La sortie médiatique (krab) de Fritz Alphonse Jean, après les sanctions américaines, affirmant avoir lui-même été “induit en erreur”, ne répond pas aux interrogations de fond. Seule une instance juridictionnelle, à l’issue du mandat transitoire, pourra apprécier la qualification éventuelle d’actes de corruption et préciser les responsabilités. La substitution d’un jugement personnel à l’examen judiciaire apparaît d’autant plus inadaptée que le CPT, conçu comme un instrument de stabilisation, a largement et piteusement échoué à remplir les engagements assignés.
La société haïtienne relève désormais que la manœuvre communicative n’altère pas la perception dominante d’un organe coûteux, conflictuel et politiquement improductif. La tentative de réécriture symbolique portée par M. Jean, loin de clore le débat, alimente la suspicion d’un effort mal calibré destiné à atténuer des faits déjà consignés. L’opinion ne s’y trompe pas : l’exonération improvisée ne convainc pas et ne saurait se substituer au contrôle juridictionnel à venir.
cba
