À l’occasion du 222e anniversaire de la bataille de Vertières, la Centrale unitaire des travailleurs des secteurs public et privé (CUTRASEPH), soutenue par d’autres organisations progressistes dont la Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (PAPDA), appelle à une mobilisation nationale et internationale contre l’ingérence de la communauté internationale dans les affaires politiques d’Haïti.
La déclaration du secrétaire exécutif de la CUTRASEPH, Josué Mérilien, ne laisse guère de place au doute. Selon le syndicaliste, les puissances impérialistes, notamment les États-Unis, jouent un rôle déterminant dans la crise chronique que traverse Haïti depuis des décennies. En soutenant des gouvernements réactionnaires et des dirigeants politiques corrompus, la communauté internationale contribuerait à l’effondrement du pays et de ses élites.
« Les décisions majeures concernant Haïti sont prises à son insu dans les grandes capitales occidentales, dans l’intérêt de puissances qui l’oppriment, confisquent sa souveraineté et son droit à l’autodétermination, souillant ainsi notre dignité nationale. Cela contribue à enfoncer chaque jour davantage le pays dans un chaos savamment entretenu pour effacer l’histoire d’un peuple rebelle ou le détruire littéralement », peut-on lire dans la pétition.
Lors du lancement, le 18 novembre dernier à Pétion-Ville, de cette pétition exigeant le respect strict de la souveraineté du peuple haïtien et faisant écho au discours récent du président Traoré sur Haïti, Josué Mérilien a dénoncé la manière dont les puissances étrangères traitent le dossier haïtien, notamment en raison de l’héritage de 1804. L’initiative vise à sensibiliser l’opinion mondiale à la réalité d’un pays miné par l’instabilité politique et une insécurité galopante.
« Face à une situation pernicieuse, intolérable mais longtemps tolérée, qui interpelle la conscience humaine, et devant l’urgence de sortir Haïti d’un chaos fabriqué ayant déjà emporté tant de vies innocentes et laissé tant de familles brisées, l’heure est venue de s’organiser ici et ailleurs pour y mettre un terme », affirment les initiateurs.
Le constat étant alarmant, une mobilisation nationale et internationale s’impose. Devant une dizaine de participants réunis au Lycée national de Pétion-Ville, le dirigeant syndical a rappelé l’ampleur de la crise : capitale dévastée, familles économiquement étranglées, communes désertées, gangs défiant continuellement les forces de sécurité publique.
« La signature massive de cette pétition, en Haïti comme à l’étranger, s’inscrit dans cette dynamique. Nous invitons nos frères et sœurs, en Haïti comme dans la diaspora, en Amérique latine, dans les Caraïbes et en Afrique, à poser ce geste de solidarité concrète. Nous en appelons également aux forces progressistes d’Amérique du Nord, d’Europe, d’Asie, et à tous ceux qui œuvrent pour un monde multipolaire juste, garantissant un certain équilibre mondial et le respect du droit des peuples à l’autodétermination », ajoutent-ils.
Pour espérer un véritable changement de paradigme, cinq objectifs prioritaires doivent être atteints : rompre la chaîne de l’ingérence, mettre fin à un État servile et corrompu, établir de nouveaux rapports avec la communauté internationale, concevoir une école adaptée à la réalité haïtienne et briser le cycle du pouvoir politique façonné par les acteurs internationaux et les ambassades.

