La saisie record de plus d’une tonne de cocaïne au large de l’Île de la Tortue, en juillet 2025, a confirmé ce que les experts redoutaient : Haïti est devenue un carrefour essentiel des routes de la drogue reliant l’Amérique du Sud, les Caraïbes et les États-Unis. Dans un pays miné par l’insécurité et un État affaibli, les trafiquants ont trouvé un terrain idéal pour opérer.
Les gangs, solidement implantés dans des corridors stratégiques de Port-au-Prince jusqu’à la frontière dominicaine, contrôlent désormais routes, ports artisanaux et criques isolées. Leur influence s’étend bien au-delà du territoire : des liens documentés avec des réseaux jamaïcains et bahaméens montrent l’intégration d’Haïti dans un trafic régional structuré. Les récentes saisies en Belgique d’un conteneur en provenance d’Haïti témoignent même de l’ouverture de routes vers l’Europe.
Cette dynamique criminelle alimente directement la violence, fragilise les institutions et accélère le déplacement de populations déjà éprouvées. Face à cette crise, l’ONUDC soutient les autorités haïtiennes en renforçant les capacités de surveillance maritime, le contrôle des frontières et la lutte contre la corruption, pierre angulaire des réseaux illicites.
Mais tant que les gangs conserveront leur pouvoir territorial et financier, Haïti restera un hub convoité par les trafiquants. La bataille pour reprendre le contrôle du territoire – et de l’avenir du pays – ne fait que commencer.

