Jonas Cofy : « CPT et Fils-Aimé, deux maladies incurables »
Port-au-Prince, 26 nov. 2025 (Rezo Nòdwès) – Trois voix influentes — la Dr Marie-Antoinette Gauthier, l’ancien ministre Jonas Kofi et l’entrepreneur artibonitien Pierre Robert Auguste — ont exprimé mercredi de vives réserves sur la gouvernance du Conseil présidentiel de transition (CPT) et sur le rôle controversé d’Alix Didier Fils-Aimé, désigné par plusieurs intervenants comme celui « qui a livré Kenskoff aux gangs ».
Sur les ondes de Radio Kiskeya, la Dr Gauthier appelle les conseillers-présidents à se rallier à Fritz Alphonse Jean afin de mettre fin à l’« incohérence interne » que constituerait le maintien de Fils-Aimé au cœur de la transition. Elle reproche à certains membres du CPT, dont Laurent Saint-Cyr, une posture « incompatible avec l’éthique de l’autorité publique », estimant que le pays ne peut continuer avec des dirigeants « absorbés par des jeux d’allégeance ». L’intervention survient moins de deux semaines après les commémorations de Vertières, soulignant un gouffre entre les discours souverainistes et les pratiques institutionnelles.
Toujours sur Kiskeya, l’ancien ministre Jonas Kofi qualifie le CPT et Alix Didier Fils-Aimé de « deux maladies incurables ». À son avis, Haïti manque de responsables aptes à incarner l’esprit de l’État. Il soutient que, sous une autorité politique véritablement structurée, l’ambassadeur des États-Unis n’aurait jamais pu se permettre des déclarations publiques sur la transition. Kofi rejette catégoriquement toute idée d’une prolongation ou d’une influence politique de Fils-Aimé après le 7 février 2026.
Depuis Gonaïves, où il s’est retiré en raison de l’insécurité persistante dans la capitale, Pierre Robert Auguste reproche à Alix Didier Fils-Aimé d’avoir choisi de déposer des plaintes contre ses supérieurs plutôt que de présenter sa démission. Il invoque l’article 42 de la Convention de Genève pour qualifier de « forte ingérence » les positions publiques des ambassadeurs américain et canadien, rappelant que leur statut diplomatique impose une neutralité stricte à l’égard des affaires internes du pays. Auguste réaffirme son opposition à un exécutif « à neuf têtes », qu’il juge intrinsèquement ingouvernable. Pour lui, l’affaire visant Fritz Alphonse Jean constitue une humiliation collective infligée à la nation.
Les critiques formulées par ces trois personnalités traduisent une dégradation accélérée du climat institutionnel, alors que le CPT peine à maintenir une cohésion minimale et que la légitimité de plusieurs de ses membres se trouve frontalement contestée.

