Dans un climat politique déjà saturé de tensions, la rivalité au sein du Conseil Présidentiel de Transition a franchi un nouveau cap. Après le point de presse expéditif de l’ancien gouverneur de la BRH, le président-conseiller Laurent Saint-Cyr rompt le silence et recadre publiquement son collègue Fritz Alphonse Jean, au cœur de critiques et de manœuvres supposées pour remplacer le Premier ministre. Entre pressions diplomatiques, calculs personnels et intérêts géopolitiques nord-américains, ce feuilleton politico-institutionnel continue d’alimenter un scénario aussi imprévisible que tragi-comique.
RÉPUBLIQUE D’HAÏTI
Conseil Présidentiel de Transition
Palais National
Villa d’Accueil, le 26 novembre 2025
Aux membres du Conseil Présidentiel de Transition
En leurs bureaux.-
Objet : Appel à l’unité, à la sagesse et à la responsabilité nationale dans l’intérêt supérieur du peuple haïtien
Chers Collègues,
En cette heure grave et décisive, je sors de ma réserve habituelle pour appeler à l’unité, à la sagesse, à un sursaut de conscience patriotique, d’abnégation et de responsabilité nationale. L’intérêt supérieur de la Nation commande que nous dépassions nos divergences et que nos ambitions restent au service du collectif, afin d’avancer ensemble vers les résultats que notre peuple attend.
Depuis quelques jours, des initiatives visant à provoquer un changement de gouvernement par la révocation du Premier Ministre Alix Didier Fils-Aimé se sont intensifiées et ont troublé la sérénité indispensable au bon fonctionnement du Conseil. Ces démarches ont, en outre, installé une inquiétude réelle au sein de l’opinion publique nationale, suscité les préoccupations légitimes de nos partenaires internationaux et font désormais peser une menace sérieuse sur la stabilité du pays.
Ce changement au sommet du Gouvernement, à près de deux mois du 7 février 2026, porterait un coup sévère aux efforts déjà engagés pour rétablir la sécurité et organiser les élections. Dans un souci d’efficacité, certains ajustements peuvent toujours être envisagés pour redynamiser l’action gouvernementale. Cependant, à ce stade, je ne peux adhérer à un bouleversement majeur de l’équilibre institutionnel qui fragiliserait davantage une institution déjà éprouvée et mettrait en péril la stabilité minimale nécessaire à l’achèvement responsable de la transition.
En tant que Coordonnateur du Conseil Présidentiel de Transition, il m’incombe de veiller à la stabilité et à la continuité de l’État et d’éviter tout choix qui pourrait porter préjudice à notre pays ou nous détourner de l’engagement premier que nous avons pris envers la population haïtienne.
C’est pourquoi, aujourd’hui, notre devoir est de rester concentrés sur les véritables urgences nationales. Toute démarche qui nous en éloigne fragilise notre avenir collectif, va à l’encontre de notre responsabilité de conduire le pays vers les urnes.
Je réitère mon appel à la sérénité, au dialogue, à la collaboration et à l’unité alors que nous entrons dans une période décisive, qui risque de déboucher sur des crises en cascade. La population attend de nous des résultats concrets. Il est de notre responsabilité collective de répondre à ces attentes et de faire preuve de leadership pour orienter le pays vers une nouvelle dynamique.
Je reste convaincu que cet appel incarne la voie de la sagesse, de la médiation et de la raison dont notre pays a besoin en ce moment. Veuillez croire en l’expression de ma considération distinguée et en ma détermination à servir, avec honneur, loyauté, intégrité, responsabilité et respect, la Nation et le peuple haïtien.
Laurent SAINT-CYR
Président du Conseil Présidentiel de Transition