Les documents adressés au Conseil Présidentiel de Transition exposent une appréciation sévère de l’administration conduite par le Premier ministre de facto, Alix Didier Fils-Aimé. Il y est indiqué que la Primature n’a pas rempli les responsabilités transférées par le CPT, notamment en matière de sécurité, de gouvernance et d’organisation électorale. L’inaction administrative, l’incapacité à accélérer le décaissement des fonds publics, l’absence de mesures correctrices face à la montée des violences, ainsi qu’une exécution chaotique du budget de « guerre » sont présentés comme éléments clés justifiant un changement à la tête du gouvernement.
Les communications diplomatiques jointes — émanant notamment de responsables canadiens et américains — soulignent la préoccupation de partenaires étrangers devant la stagnation de la transition, la persistance des réseaux de captation étatique et l’urgence d’une action gouvernementale plus responsable. Elles insistent sur la nécessité d’un Premier ministre réellement engagé dans un processus coordonné avec le CPT. Les messages mettent en avant que la continuité institutionnelle et la restauration d’un minimum de confiance interne et externe dépendent d’un réajustement immédiat à la primature.
Reproduction du texte (in extenso)
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Raisons justifiant le remplacement du Premier Ministre Alix Didier Fils-Aimé, et communications reçues de certaines ambassades
Le Gouvernement, dirigé par le Premier Ministre Alix Didier Fils-Aimé, a échoué dans l’accomplissement de sa mission et l’atteinte des responsabilités que le Conseil Présidentiel de Transition lui avait confiées dans trois (3) domaines cruciaux : sécurité, gouvernance et organisation des élections.
L’action gouvernementale à date, et sa performance future analysée à travers la prise des actions programmées, n’offrent pas les garanties suffisantes justifiant la confiance du CPT en le chef de Gouvernement.
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Le CPT a exigé l’élaboration d’un budget de guerre et en a obtenu l’adoption. Des mesures ont été également prises pour en assurer la bonne et effective exécution. Le budget a été saboté dans son exécution.
Par exemple, afin de faciliter le déblocage des ressources, le CPT a demandé au Premier Ministre de prendre des mesures auprès des institutions de contrôle (CNMP et CSC/CA) pour accélérer le processus de décaissement des fonds. Rien n’a été fait, aucune suite n’a été donnée, en dépit des initiatives de facilitation entreprises par le CPT pour une bonne coordination Gouvernement-entités de contrôle.
Dans un pays à dominance informelle et une violence rampante, avec des déplacements involontaires de millions de personnes (femmes, enfants, vieillards), la situation se dégrade et s’accroît, il est non acceptable que, jusqu’au 31 août 2025, le taux d’absorption du budget d’investissement, instrument déterminant de la politique économique du Gouvernement, n’ait atteint que 33%.
Pour des raisons majeures liées à l’État à ne pas encore firmé après les affres subies évoluent sur le terrain et dans les structures économiques, les attentes sécuritaires augmentent. Il est du devoir du Gouvernement de s’employer à les contrôler et à les mobiliser juridiquement et matériellement. Ils ont, jusqu’ici, été négligés.
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La lutte effective contre l’insécurité relève de la plus haute priorité, et aurait dû retenir la meilleure attention du Gouvernement et guider ses actions. Au registre du combat contre l’insécurité, il sied d’inscrire des contreperformances observées dans l’administration de la justice. À la faveur de celles-ci, des nationaux connus pour leurs relations avec les gangs ne sont pas inquiétés.
Cette insécurité qui gagne du terrain et qui a eu tendance à s’amplifier est la cause de bien des maux, puisque qu’elle débouche sur la détérioration des conditions sociales et économiques. Ces deux registres aussi requièrent l’attention urgente du Gouvernement.
Rien dans l’action gouvernementale réalisée ou planifiée (hier, ni aujourd’hui, ni demain) ne permet au CPT de penser que le Gouvernement saisit l’urgence de la situation conforme à la ligne budgétaire. Le CPT en veut pour preuve le budget Gouvernemental prévu pour l’année fiscale en cours 2025-2026. D’un côté 431 millions Gdes, ont été alloués pour la ligne anti-kidnapping et protection sociale, somme rapidement absorbée au 100%. De l’autre, une enveloppe de près de 600 millions Gdes pour parachever la transition dans un laps temporel qui impose une crise ? De 431 millions Gdes, l’enveloppe pourrait atteindre jusqu’à plus de 2.5 milliards.
Les sommes allouées à la PNH et au FAD’H au titre de l’investissement sont bien en-deçà des besoins réels.
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Il faut un Gouvernement plus proactif, plus responsable, et est-à-dire mieux imprégné de sa mission et de ses responsabilités. Pour cela, il est nécessaire qu’un Premier Ministre comprenne qu’il est le bras exécutif qui permet au CPT de remplir sa mission. Il ne peut se prendre comme un acteur indépendant, voire un électron libre.
Communications reçues
Ayant dressé le constat ci-dessus et s’étant rendu à l’évidence, sur la base d’expériences vécues, que le Premier Ministre n’est nullement intéressé à travailler de concert avec le CPT, les Conseillers Présidents se sont engagés dans des discussions et dans un processus visant à le remplacer.
On note en outre plusieurs crispations ou communications de la part de missions étrangères, illustrant que les partenaires internationaux en arrivent à remettre en question la capacité du Gouvernement à atteindre les objectifs qui lui sont assignés. Dans certains cas, il s’agit de pressions diplomatiques indirectes, dans d’autres cas d’une absence totale de communication entre certaines chancelleries et la Primature.
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Si insister sur la bonne gouvernance et combattre contre la pérennité d’un système chaotique qui s’assied sur la capture de l’État constitue un crime pour lequel il faut payer, je continuerai malgré tout sur ce chemin sans relâche.
Si insister sur la compétence et la reddition de compte au plus haut sommet de l’État constitue un crime pour lequel il faut payer, je serai toujours au rendez-vous.
Page 6 – Communications diplomatiques
Lettre de l’Ambassadeur du Canada
Monsieur le Conseiller-Président,
C’est Andre François Giroux, Ambassadeur du Canada. Je vous écris pour vous informer que si je suis de retour d’Ottawa où j’ai eu l’opportunité de faire le point avec l’équipe des sanctions. Mon souhait est de ne jamais avoir à activer ce mécanisme et ma volonté que votre contribution au CPT paraisse utile à une transition paisible et mettant en avant la continuité et la stabilité. Merci de me rassurer que les travaux entrepris pour ramener le Premier ministre soient abandonnés, une décision de l’avenir et que la nomination d’un nouveau PM à ce moment irait directement à démontrer des objectifs de continuité cités ci-haut.
Réponse adressée à l’ambassadeur
Monsieur l’Ambassadeur,
Je vous crois que quelqu’un a piraté votre compte WhatsApp et m’a fait parvenir une note assez inquiétante.
Vous mentionnez le Premier Ministre Alix Didier Fils-Aimé, sachant que cette fonction ne dépend pas de votre Gouvernement, encore moins du Gouvernement canadien, serait parient attentivement.
De nombreux Conseils Présidentiels sont surpris par cette note.
Vous comprendrez l’émotion du Gouvernement, des citoyens face à la faiblesse du Gouvernement, bonne marche des institutions du pays, ce que je comprends parfaitement.
Les rencontres me laissent dans l’idée que ce gouvernement ne se sent pas dans une gouvernance efficiente, et que plusieurs actions liées à la corruption pour juger la stabilité et les échéances électorales.
Message du Chargé d’affaires américain
I understand you are part of a group working to topple the head of government. That is deeply troubling. My government would welcome stability, not chaos. The execution of the agreed transition is vital. There is concern that a replacement could delay the transition and elections. That said, Washington recognizes the state of the capture it has been happening and that the process must be protected.
Chargé d’affaires américain

