Le pays est en train de disparaître — sur le plan historique, économique et politique. Haïti n’existe aujourd’hui que de nom. Voilà une société déchirée, fragmentée, où chaque classe sociale semble en guerre contre elle-même : le prolétariat contre le prolétariat, la classe moyenne contre la classe moyenne, la bourgeoisie contre la bourgeoisie, les politiciens contre les politiciens, les pasteurs contre les pasteurs.
Nous n’avons même plus le temps de respirer en tant que société. Nous n’avons plus le temps de débattre de nos propres malheurs. Une grande partie des TikTokers et des blogueurs se nourrissent du malheur collectif pour faire des vues sur Facebook ou TikTok. Notre société est étouffée par des poisons qui viennent de toutes parts.
Pourtant, le problème haïtien est d’abord géopolitique. Tant que nous ne saurons pas négocier intelligemment avec les États-Unis et la République dominicaine, il n’y aura ni paix ni stabilité durable.
Un Haïti développé serait perçu comme une menace par la République dominicaine — sur le plan économique, politique et symbolique. Pour elle, Haïti doit rester une poubelle où elle peut écouler ses produits et ses immondices.
Quant aux États-Unis, le grand maître de la région, accepter la disparition d’Haïti serait pour eux à la fois une justice historique et un calcul stratégique.
Il faut apprendre à regarder les Américains droit dans les yeux et leur dire : voici ce que nous voulons comme peuple. Pas avec la force, mais avec intelligence.
Haïti pourrait tirer profit des contradictions internationales, des conflits de puissance, et des positionnements stratégiques des grands acteurs mondiaux pour établir enfin la paix et reconstruire son avenir.
Les États-Unis ne changeront jamais de position si nous ne savons pas, nous-mêmes, nous positionner dans les grandes questions internationales et en tirer parti pour nos intérêts.
Une diplomatie en ruine
Haïti est aujourd’hui un pays fermé sur le plan international.
Nous n’avons même plus de véritables diplomates capables de représenter nos intérêts, encore moins de négocier pour la nation.
Le plus grand exploit de certains diplomates haïtiens semble être de prendre une photo avec “le blanc”, comme pour se donner une valeur par procuration.
Comment pourrions-nous alors aborder les questions internationales les plus sensibles, lorsque nos représentants eux-mêmes se sentent inférieurs psychologiquement face aux autres ?
La diplomatie haïtienne, jadis fière et respectée, est devenue une simple vitrine sans stratégie, sans dignité, sans ambition.
Alceus Dilson , Communicologue ,juriste

