13 novembre 2025
Plus de 1 200 personnes assassinées en trois mois en Haïti, et le Secrétaire d’État à la Sécurité Publique toujours en poste ?
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Plus de 1 200 personnes assassinées en trois mois en Haïti, et le Secrétaire d’État à la Sécurité Publique toujours en poste ?

Le rapport trimestriel publié par le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) dresse un tableau d’une gravité exceptionnelle : 1 247 homicides et 710 blessés entre juillet et septembre 2025. Les données recueillies par le Service des droits humains du BINUH montrent que la violence ne se limite plus aux groupes criminels : 61 % des morts résultent d’opérations des forces de sécurité haïtiennes, incluant interventions au sol, frappes par drones et exécutions sommaires. La part attribuée aux gangs représente 30 %, tandis que 9 % des décès proviennent des groupes d’autodéfense. Le document constitue l’un des bilans les plus lourds de ces dernières années.

Les analystes onusiens soulignent aussi l’ampleur des violations connexes. Le recrutement forcé des enfants, phénomène structurel et durable, a connu un accroissement notable : au moins 302 mineurs ont été enrôlés par des gangs en 2024, un chiffre officiellement reconnu mais jugé très en-deçà de la réalité. Les témoignages recueillis auprès d’autorités locales, de structures humanitaires et de prestataires de services indiquent une progression rapide de ce mode d’exploitation. La réticence des victimes à signaler les faits — peur de représailles, stigmatisation, défiance envers la police et la justice — limite fortement la portée statistique de ces chiffres.

Le rapport consacre également une section entière à la violence sexuelle systémique dans les zones contrôlées par les gangs. Les viols collectifs, notamment lors d’intrusions domiciliaires, demeurent un instrument de domination territoriale. Le cas d’une jeune fille de 17 ans de Simon Pelé, agressée par quatre hommes armés en septembre, illustre l’extrême vulnérabilité de la population civile. Dans l’Artibonite, le BINUH documente des situations d’exploitation sexuelle commises par le gang Kokorat San Ras à l’encontre d’au moins 27 mineurs.

À la lumière de ces constats, une interrogation s’impose : que devient la responsabilité du Secrétaire d’État à la Sécurité face à un bilan dépassant 1 200 morts en trois mois ? La publication de rapports successifs, de plus en plus alarmants, ne semble entraîner ni réformes profondes ni réajustements institutionnels. Cette inertie ouvre une seconde question, plus fondamentale encore : comment prétendre organiser des élections viables dans un pays où les institutions chargées de protéger la population sont elles-mêmes impliquées dans la majorité des homicides documentés ? Dans un environnement où l’État peine à garantir la sûreté minimale sur le territoire, la perspective d’un scrutin crédible relève davantage de la rhétorique que d’une planification réaliste.

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